Rachid Tlemçani : "Les grandes affaires se traitent à Paris" !

Rachid Tlemçani.
Rachid Tlemçani.

Dans un entretien accordé au Soir d’Algérie, Rachid Tlemçani déroule son analyse sur les derniers couacs au sommet de l’Etat.

D'emblée, il y a une évidence soulignée par le politologue. Tout le tapage médiatique qui a entouré la sortie de Bouteflika pour "rappeler à l’ordre" Tabboune manque de précision. Comme souvent on était dans le théâtre d’ombres qu’autre chose.

“Il y a cette absence flagrante d'informations, de données. Personne n'en possède, ni les observateurs, ni les politiques, ni les intellectuels. Je pense que certains acteurs de ce conflit eux-mêmes ne détiennent pas toute l'information. Chacun a des bribes. Tout ceci fait qu'il est actuellement très difficile de décrypter d'une façon juste, scientifique ce qui se déroule au sommet de l'État", analyse très justement Rachid Tlemçani. Pour autant, pour décrypter le jeu trouble qui se pratique au sommet de l'Etat, le politologue se fie à quelques indices. Le premier est l'insignifiante participation aux dernières élections législatives. Tlemçani parle d'une "main invisible" qui se redéploie. "Je pense qu'elle est encore plus forte qu'auparavant car elle a tissé des liens, elle a des réseaux au sein de la société civile, politique et des institutions". Et de préciser de fil en aiguille que "cette dernière s'est faite à travers un média qui n'a absolument rien à voir avec les canaux officiels habituels, traditionnels et conventionnels. Le Président a rappelé à l'ordre le Premier ministre. Il lui a demandé de laisser tranquille l'oligarchie".

Si certains doutent que ce instruction révélée par Ennahar TV soit l'oeuvre de Bouteflika, pour Tlemçani en revanche, elle révèle une "lutte très féroce entre le clan présidentiel et la main invisible. C'est le fond du problème". Il conclut que "dans cette affaire, la bataille a été gagnée par le clan présidentiel. Il a pris le dessus puisqu'il a réussi à calmer le Premier ministre". Puis de supputer le dé limogeage de Tebboune d'ici à septembre. "Je vous rappelle que c'est la nomination de Tebboune qui avait été une surprise et pas uniquement pour les Algériens car tout le monde s'attendait à ce que Sellal soit reconduit", rappelle-t-il.

Rachid Tlemçani s'interroge : "A quel clan appartient-il ?". Pour lui il ne fait pas partie des favoris du clan présidentiel. "C'est la conclusion d'un calcul primaire. Mais puisqu'il a été remis à l'ordre, cela veut dire que son clan n'a pas gagné. A un autre niveau".

Un voile de mystère entoure la rencontre entre Abdelmadjid Tebboune et le Premier ministre français. "Il y a rencontré son homologue français alors qu'il se trouvait en voyage privé, il y a anguille sous roche dans tout cela. Tout le monde sait que les grandes décisions sont prises ailleurs. Il est parti expliquer la situation. Les grandes affaires se traitent là-bas". Les dossiers ouverts par Abdelmadjid Tebboune comme le coup de frein aux importations ont pas mal déstabilisé les bénéficiaires de la rente suggère le politologue qui pronostique la poursuite de la lutte au sommet avec un seul perdant à la fin : "l'économie nationale".

Rachid Tlemçani présage "une lutte féroce" entre le clan président et cet autre main invisible que le politologue n'a pas clairement explicitée. Est-ce l'armée ou une partie de celle-ci ? "Il semble que le clan présidentiel a pris le dessus". Puis de reconnaitre qu'aucun des deux n'entend voir la rue s'embraser. "Je pense, cependant, que les deux clans parviendront à délimiter le conflit. Ils savent que si ce dernier descend dans la rue, il sera ingérable, incontrôlable. Les clans savent qu'ils seront tous deux perdants à ce moment. Entre eux, il existe une sorte de consensus, une ligne rouge à ne pas dépasser, sinon ce sera le chaos".

Synthèse Yacine K.

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algerie

جزاكم الله خيرا

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