Les costards "offerts" à François Fillon seront au coeur d'une nouvelle enquête

François Fillon ne se refuse aucun privilège. Crédit photo : François Navarro
François Fillon ne se refuse aucun privilège. Crédit photo : François Navarro

L'enquête visant le candidat de la droite française à la présidentielle François Fillon sur de possibles emplois fictifs accordés à ses proches a été étendue aux conditions dans lesquelles des costumes de luxe lui ont été offerts, a affirmé jeudi à l'AFP une source judiciaire.

Le parquet national financier a élargi l'enquête des juges d'instruction à des soupçons de trafic d'influence, selon cette source. Un média français avait révélé dimanche qu'un "mécène" avait réglé en février l'achat de deux costumes chez un tailleur parisien des quartiers chics pour 13.000 euros. François Fillon avait dénoncé lundi une nouvelle tentative de le discréditer avant le premier tour du scrutin le 23 avril. Il a affirmé que ces cadeaux n'avaient "rien à voir" avec la politique.

Aux deux costumes offerts en février s'ajouteraient, selon le Journal du dimanche, près de 35.500 euros réglés en liquide chez ce même tailleur, soit près de 48.500 euros au total depuis 2012. Ce point est contesté par l'entourage de François Fillon, qui affirme que le tailleur n'aurait "jamais" accepté une telle somme en liquide.

Les enquêteurs vont tenter de déterminer qui est le mystérieux mécène et examiner ses liens avec François Fillon, ancien Premier ministre et député de Paris. Le chargé de la déontologie à l'Assemblée nationale s'est aussi saisi lundi de cette question. Les députés doivent déclarer "tout don ou avantage d'une valeur supérieure à 150 euros dont ils ont bénéficié", si ce don est "en lien avec leur mandat", à l'exception des cadeaux de proches, avait expliqué ce responsable.

François Fillon a été inculpé mardi pour détournement de fonds publics, complicité et recel de détournement de fonds publics, recel et complicité d'abus de biens sociaux et manquement aux obligations de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), dans le cadre du dossier sur de présumés emplois fictifs.

Au coeur de cette retentissante affaire, l'emploi de son épouse comme assistante parlementaire à l'Assemblée nationale, entre 1986 et 2013 avec des interruptions, pour une rémunération totale de 680.000 euros net, alors qu'elle était présumée jusque-là n'avoir aucun rôle politique à ses côtés.

Les juges soupçonnent qu'il s'agit d'un emploi fictif, comme ceux de ses deux enfants comme assistants parlementaires, de 2005 à 2007, lorsqu'il était sénateur. Son épouse Penelope, 62 ans, est pour sa part convoquée chez les juges le 28 mars. Ce feuilleton a relégué au second plan les débats politiques dans la campagne électorale. En dépit de son inculpation, M. Fillon, 63 ans, reste déterminé à mener bataille et poursuit ses meetings sur le terrain.

Un autre sondage défavorable à Fillon

Trois quarts des Français (75%) jugent que François Fillon, fragilisé par une enquête sur des emplois potentiellement fictifs de sa famille, a tort de maintenir sa candidature à la présidentielle, selon un sondage Odoxa publié vendredi.

D'après cette enquête réalisée pour franceinfo, 25% des sondés ont un avis contraire sur le vainqueur de la primaire de la droite qui n'a cessé, depuis les premières révélations parues fin janvier, de réitérer son intention d'aller au bout. En revanche, une majorité des seuls sympathisants de droite (58%) approuve la décision de François Fillon.

Cette étude a été effectuée par internet auprès d'un échantillon de 1.006 personnes, mercredi et jeudi, soit après sa mise en examen par les juges, notamment pour détournement de fonds publics et complicité et recel d'abus de biens sociaux. Selon ce même sondage, 22% des personnes interrogées déclarent avoir une bonne opinion de François Fillon, 46% le jugent courageux, 23% convaincant, et 10% honnête.

AFP/Reuters

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