Mme la ministre de l’Education : école algérienne, cataclysme et refondation

Nouria Benghebrit.
Nouria Benghebrit.

Le bonheur d’un peuple est la résultante de l'épanouissement de ses enfants et de l'intégrité de ses gouverneurs.

Il est temps de penser à l’efficacité et au rendement scolaire dans le cadre d’une école libre des enjeux politiques, d'arrêter la fabrication de diplômés produits par le système et pour le système. L’école doit revenir à ses valeurs par le respect du l’enseignant et du livre, l’amour de l’art, la maitrise des sciences, la recherche scientifique et le développement des technologies.

L’école doit rester une institution apolitique avec son savoir, ses convictions et les forces motrices qui animent son état d’âme en vue d’offrir à ses enfants le cadre, les matières et les outils pour l’acquisition du savoir, pour l’orientation de tous ses acteurs sur les chemins de la clairvoyance et de la pureté. L’école algérienne doit revenir à l’époque de l'excellence, l’époque ou nos voisins marocains et tunisiens venaient passaient leur examen de baccalauréat dans nos établissements. Pour mémoire, notre diplôme du baccalauréat était coté par l’Unesco et reconnu par l’ensemble des institutions universitaires et professionnelles du reste du monde. Une époque révolue par les acteurs de l’aventurisme, de l’ignorance, de l’improvisation, du plagiat, de la manipulation partisane et de l'expérimentation irréfléchie. L'Ecole algérienne est devenue un outil de guerre et un instrument de restriction pour écarter certaines compétences nationales et nationalistes et museler d’autres pour leurs attachements aux valeurs universelles. Notre école est convertie à un laboratoire à ciel ouvert et l’algerien un bouc émissaire devant la planification du désordre.

Aujourd’hui, l’école algérienne est sinistrée, notre système éducatif est malade, la réforme est imminente et demeure une urgence chirurgicale pour sortir du marasme actuel. Il faut avoir le courage d’abandonner totalement le désastre actuel et La remise à niveau s’impose pour mettre fin à cette mascarade et remettre la locomotive sur les rails de la sagesse afin de restituer à notre école sa place de noblesse. Des décisions courageuses et patriotiques s’imposent pour protéger cette institution des griffes de l’obscurantisme, des enjeux politiques et de l’ombre de l'incompétence.

Pour quitter cette locomotive à charbon, sortir de cet état de défaillance et rejoindre les nations civilisées, il faut:

  • Avoir le courage d’introduire les langues vivantes à la première année primaire (Français ou l’Anglais) comme langue de recherche et de développement ;

  • Laisser en paix Abou Nouas et ses vertus aphrodisiaques et rejoindre le monde de la biotechnologie, la médecine, l’informatique, la robotique, etc.

  • Offrir à tous les enfants un cadre adéquat pour la lecture par la mise en place de bibliothèque dans chaque établissement scolaire;

  • Initier l'enseignant à la lecture par la mise à sa disposition les matières nécessaires, le temps et les moyens;

  • Encourager les travaux de recherche et créer le cadre de mise en valeur ;

  • Mettre en place des politiques de valorisation de l’excellence et encourager l’initiative de la créativité ;

  • Recycler à titre permanent l’enseignant par des rencontres périodiques de remise à niveau. La compétence des enseignants passe par la maitrise des techniques pédagogiques et des disciplines à enseigner ;

  • Avoir un contrôle rigoureux sur la procédure et l'évaluation du pilotage de la réforme.

Devant cet état d'indécence, la moralité qui doit habiller le corps de nos établissements scolaires et universitaires est prise en otage par des acteurs malsains qui drainent nos enfants sur le chemin des drogues, de la violence et les sentiers périphériques. Le relâchement scolaire et l'abandon de l’école sont une conséquence biologique de l’échec, le passage mécanique d’un palier vers un autre avec des résultats scolaires au-dessous de la moyenne (voir 07/20) sert à accommoder la politique de remplissage et glorifier la politique de l'aberration de notre système scolaire.

L’école algérienne recule devant l’évolution du savoir, sa classification présente à l'échelle universelle et universitaire est alarmante et ne reflète aucunement l’image de nos attentes. Devant ce cataclysme, une décision de refondation de notre école s’impose avec la participation de l’ensemble de nos élites se trouvant sur le territoire de notre Algérie et à l'extérieur du pays.

L’Algérie dispose de tous les moyens pour être au rendez-vous avec l’histoire et affronter les défis qu’ils lui seront imposés pour retrouver sa gloire d’antan et sa place sur le podium des nations. Il y’à lieu de lâcher prise avec l’ensemble des attachements réfractaires et dogmatiques qui ne travaillent pas l'intérêt du pays, qui catalysent nos divisions et qui soldent l’avenir de nos enfants pour le compte d’autrui.

La prise en charge de l’avenir de nos enfants commence par l'institutionnalisation des centres de la petite enfance, cette période de l’enfance (3 à 6 ans) qu’est un stade de développement humain extrêmement important, Période de risque et de danger, la petite enfance est aussi riche de possibilités incommensurables, c’est le temps de l’exploration, de l’expérimentation, de la maîtrise du changement et de la culture de l’optimisme . C’est la période cruciale où l’enfant adopte progressivement un comportement favorable à l’apprentissage et cherche à aller vers le monde extérieur.

Tous les arguments en faveur du développement de la petite enfance justifient l’implantation de ce cycle d’encadrement pour une enfance réussie, épanouie et protégée. Les arguments d’ordre économique, éthique, humanitaire, politique, social, scientifique et de santé publique réconfortent le choix d’adoption de stratégies pour mobiliser toutes nos énergies en vue de construire un avenir de lumière pour notre Algérie de demain et éviter par conséquent les risques de la déperdition et de la déportation de nos enfants dans des centres d’internements.

Le monde à évoluer, la société algérienne est à l'empreinte de ce changement. Les concepts de composition, les comportements et le fonctionnement des familles au sein de la société ne sont pas identique à celles des premières années de l'indépendance. L’obligation de s’adapter à la nouvelle géométrie sociale par un organigramme de gouvernance adéquat qui répond au mieux à la demande et aux préoccupations du citoyen et à son développement dans de meilleures conditions économiques, sociales et culturelles.

Le cycle de l’école primaire en fusion avec le fondamental (faouthamental) à fait l’objet d’une mutinerie permanente, l’enseignant est meurtri par les changements inopinés et irrationnels imposés par la tutelle avec la bénédiction de la recommandation qui arrive de la biosphère du pouvoir, ces donneurs d’ordre placent leurs enfants dans des établissements parallèles à celle du public. Finalement, nos enfants sont pris dans le piège de ce cataclysme.

La formation professionnelle boite avec les tours mécaniques conventionnels devant les tours à commande numérique ou centrales d’usinages entièrement automatisées qui font la suprématie et la force de production des pays du Nord. Nos enfants crèchent dans nos établissements de la formation professionnelle avec des programmes de formation qui ne répondent plus à l’évolution des techniques et de la technologie.

L’enseignement supérieur l’héritier du cycle primaire, moyen et secondaire se soumet au niveau scolaire insatisfaisant et la fragilité d’adaptation des étudiants en milieux universitaires. La recherche scientifique doit être un moteur de créativité et de productivité reste tributaire du bon vouloir de certains acteurs politiques et économiques et condamnée au silence et aux caprices de la chute vertigineuse du niveau scolaire. La recherche scientifique se recherche et attend avec impatience l’arrivé d’une personnalité courageuse capable de lui restituer la place qui lui revient de droit. La mission de la réforme est capitale et le chantier est gigantesque.

Brahim Gater

Consultant et chercheur universitaire

Plus d'articles de : Opinion

Commentaires (12) | Réagir ?

avatar
Atala Atlale

Mohamed Djemai, président du groupe parlementaire FLN : « Benghebrit doit apprendre à parler l’arabe »

Source TSA

Mais Monsieur qu'est-ce que vous avez fait avec cette belle langue arabe ? Tout simplement des analphabètes trilingues, nos étudiants ne maîtrisent correctement ni l'arabe, ni le français, ni l'anglais.

Pourquoi envoyez-vous vos enfants à l'étranger si l'école algérienne avait fait du chemin tout simplement avec la langue arabe ; au niveau universitaire nos étudiants sont obligés de recourir à une langue étrangère pour poursuivre leurs études.

Le problème est simple pour moi, vous voulez niveler les niveaux afin de ne pas être complexé par rapport à la langue français, car cette dernière est dispensée comme il se doit, la médiocrité règne encore, il n'y a qu'à voir l'état de nos hôpitaux, notre agriculture, notre industrie, vous avez tout sinistré regardez autour de vous, regardez ce que vous avez fait du citoyen algérien, il ne raisonne pas vous lui avez inculqué le parcoeurisme comme méthode d'enseignement. Toute une génération sacrifiée. C'est honteux !

avatar
klouzazna klouzazna

Il faut commencer par dégraisser considérablement les programmes des plus petits et réduire leur enseignement à 04 heures par jour !!!

!!! Bref, effacer les bétises de l'ancien sinistre pistonné du secteur !!! qui a traité les petits comme des fonctionnaires en leur imposant du 08 heures par jeur !!! c'est de la folie !!!

visualisation: 2 / 12