Le règne des médiocres

Le chantier pharaonique de l'autoroute est l'exemple même de la médiocrité et de l'incompétence.
Le chantier pharaonique de l'autoroute est l'exemple même de la médiocrité et de l'incompétence.

L'ambition sans le mérite corrompt inévitablement le libre usage de la raison et rend à tout homme un prix pour lequel il se vend.

La perversion est en force, le talent est rare, la médiocrité abonde. Le présent moribond, le futur involutif mais seulement pour les tarés qui se prennent pour le centre du multivers, car pour les autres, les créatifs, les innovateurs et les déterministes eux, ils ont trouvé les cordes quantiques pour se hisser par leur mérite, sans rebond vers la lumière qui fait la vie.

Dans le monde des dépravés, curieusement, leur point commun est la constance dans la réinvention des chemins du destin, ils ne s'en lassent pas, ils agacent jusqu'à ce qu'ils parviennent. Pour cela, ils n'hésitent pas à montrer à volonté à qui veut voir en perspective la profondeur de l'authenticité qu'ils veulent faire dégager : modestie, droiture et humilité.

Leur marque de fabrique : marquer le sens de la période, changer de conviction et choisir des ambitions pour pouvoir peser sur le cours des choses. Quand ils touchent les temps heureux, ils ne sont plus lisses mais efficaces et faussement apaisés. Ils ne croient pas à ce qu'il leur arrive : la tête n'est plus sur les épaules, les pieds ailleurs, dans les projets. Par la force du lien, l'admiration des petits vers en dynamisme, se croise avec celle des grands dinosaures fossilisés. Le temps est subjectif et les trajectoires parallèles.

A chaque génération correspond une ponte, spontanée. A un moment donné son espace vital semble se réduire sur elle, non pas parce qu'il s'est atrophié, non elle n'est plus seule. Intervient alors, la chaine alimentaire pour mettre de l'ordre dans le désordre, la sélection naturelle est en marche, le plus apte subsiste. Les autres disparaissent ou se nanisent, leurs destins ne sont pas les mêmes.

Le complexe de l'avarié dompteur et conquérant ne s'estompe pas, bien qu'il ait atteint le cœur du pouvoir sur les êtres. Il réalise que d'autres, minus dans son esprit, mais en réalité plus grands que lui par le savoir et la culture, que lui n'a pas et ne peut pas s'acheter, se donne alors les artifices pour un recentrage cognitif. Une manufacture de production de planche à carton certifiant à distance, est créée pour juguler artificiellement la déflation cérébrale, mais surtout pour servir les ambitieux analphabètes, à faire contempler ceux qui ne les connaissent pas, de vrais faux grades encadrés et accrochés aux murs. Inutile de leur demander qui est le lauréat du Prix des cinq continents de cette année, ils n'ont jamais entendu parler de l'auteur du roman, tout simplement ils ne savent pas lire.

De l'école des sorciers qui les a façonnés, à la chambre des secrets de polichinelle, lieu de faveur des intérêts occultes, ils tissent des réseaux d'influences et de prédateurs voraces, réduisant l'intérêt général à sa plus simple expression. Tout pour eux, rien aux autres, sauf s'ils se sentent harassés, ils feignent lâcher du lest. Leur ignorance de l'organisation sociétale à laquelle ils appartiennent et le piétinement des règles qui la régissent, concourent souvent à leur perte, parce qu'ils oublient qu'ils ne sont que des éléments parmi d'autres dans la chaine. L'égo les éblouit et les rend myopes, les idées ne sont pas en phase avec le temps, les décisions ne sont de bon sens. Comme des rouleaux compresseurs, ils aplatissent tout ce qui se met sur leur chemin, aucune résistance ne les empêche d'aller jusqu'au bout de leur entreprise. Ils se hissent sans scrupule sur l'échelle sociale qu'ils instaurent, ils dominent et assujettissent le mérite. Tuent l'espoir et l'enterrent dans le cimetière des espérances comme l'a si bien dit mon ami Chalachou.

Ahmed Farrah

 

 

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Commentaires (2) | Réagir ?

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moh arwal

Ce n'est ni de la politique ni de la philosophie ni de la morale, ça ne dit rien de concret et d'utile au pays. Autant mieux ne pas écrire que de faire un shw de grands mots.

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albert smail

C'est le journalisme des salons algérois.