L'après-Belkhadem : 2. Voie libre pour aller à Paris

L’Algérie sera donc présente au sommet de lancement de l’Union pour la Méditerranée à Paris le 13 juillet prochain et pourrait même l’annoncer dès demain à partir de Tokyo ! Un tête-à-tête entre les présidents Sarkozy et Bouteflika est prévu à cet effet en marge du sommet du G8 au Japon.

Finie la fausse pudibonderie algérienne qui entourait l'événement et qui s’exprimait par de curieuses litotes : «Chaque chose en son temps» (Bouteflika le 22 juin devant François Fillon), « L’Algérie a toujours besoin de clarifications» (Medelci le 6 juin à la 15e édition de la Conférence ministérielle du forum méditerranéen tenue à Alger). L’éviction d’Abdelaziz Belkhadem a levé le principal obstacle qui bloquait la route pour Paris : le faux argument israélien.

L’ancien chef du gouvernement, dans le cadre du grand arrangement avec les islamistes (lire "La fin du deal islamite"), avait fait de la présence d’Olmert à ce même sommet un motif suffisant et indiscutable pour boycotter la rencontre de Paris. «Si l’Algérie est favorable à une union de projets à géométrie variable, il ne faut pas que ces projets soient une couverture pour une normalisation rampante avec Israël», affirmait-il, péremptoire, au quotidien Le Monde, le 18 juin dernier.

Le prétexte israélien était devenu, de fil en aiguille, l’argument de tout le gouvernement algérien. Le 6 juin, l’Algérie, pays hôte de la 15e session du Forum méditerranéen (Formed), annonçait qu’elle subordonnait son éventuelle participation au sommet des chefs d’Etat de Paris, le 13 juillet prochain, à des «clarifications», notamment sur les «conséquences» de l’entrée d’Israël dans l’UPM. «Ce n’est pas l’UPM qui doit faire la normalisation (des relations) entre Israël et les pays arabes, à laquelle n’était pas parvenu le processus de Barcelone», a notamment déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, à l’issue de la réunion. Ainsi posé, le problème était insoluble. Nicolas Sarkozy ne peut répondre favorablement aux exigences algériennes, en excluant Israël du projet ou en dotant l’Etat hébreu d’un statut particulier au sein de l’UPM. Il a déjà pris des engagements envers l’Etat hébreu concernant la participation israélienne à ce projet au même niveau que les autres pays méditerranéens et européens.
Tout cela est bien fini !

La réponse fulgurante d’Ouyahia !

La hiérarchie militaire, en quête d’appuis et de légitimité internationale, ne pouvait tolérer plus longtemps ce blocage qui allait isoler le régime algérien et qui, de surcroît, était dicté par les islamistes. Le nouveau chef de l’Exécutif a balayé les fausses pudeurs algériennes. A Belkhadem qui déclarait dans Le Monde qu’«il ne faut pas que ce projet soit une couverture pour une normalisation rampante avec Israël», Ahmed Ouyahia répliquait dans sa conférence de presse du 27 juin : «Nous ne boycotterons pas le sommet de Paris sous prétexte de la présence d’Israël. Allons nous être plus palestiniens que les Palestiniens, quand même Mahmoud Abbas est attendu au sommet de Paris ? »
C’est clair !
Et c’est vrai que le prétexte algérien est fallacieux. Comme le rappelle un confrère allemand, notre pays n’a jamais été vraiment indisposé par la présence d’Israël. «L’Algérie a été à Annapolis, le président algérien a été à l’enterrement de Hassan II où il y avait le Premier ministre israélien, l’Algérie a été partie prenante dans le processus de Barcelone, elle participe dans des manœuvres avec l’Otan où il y a Israël, en plus le protocole s’arrangera pour ne pas mettre Algériens et Israéliens, côte à côte... » La liquidation totale de la stratégie d’alliance avec les islamistes exige la disparition de Belkhadem de la scène politique. Va-t-il garder les commandes du FLN ? Rien n’est moins sûr. A peine avait-il quitté le Palais du gouvernement qu'un vent de contestation s’était mis à souffler dans les rangs d’un parti désorienté. «Ils sont comme cela au FLN, ils n’attendent que l’occasion pour en finir avec la tête du parti maintenant qu’il n’est plus chef de gouvernement !» confie un militant au quotidien La Tribune. On parle ouvertement de son éviction à l’occasion du prochain congrès.

Rafik Abdi

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Commentaires (18) | Réagir ?

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Bey Mustapha BEBBOUCHE

Mon cher jugurtha, le pur-sang arabe, comme vous le savez, est le meilleur cheval du monde. L'Algérien, qu'il soit Arabe, Kabyle, Chaoui, Mozabite, etc... est comparé à ce pur-sang: c'est une métaphore qui, je pense, colle bien à l'Algérien: un peu sauvage, un peu rebelle et qui rejette tous ceux qui veulent le monter et le dompter. Amicalement

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à l'attention d'a. dehbi... lire qu'ouyahia est le representant de l'ideologie laique me surprend... depuis quand ouyahia s'est il proclame laic... quant à son etiquette d'eradicateur on a bien vu que c'est un fervent soutien de la politique dite de reconciliation... non ouyahia est un larbin charge de mettre en application la politique de ses maitres... SINON JE REVE D'un courant laic de masse en algerie qui separerait le religieux et le politique...

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