Pétrole: plus du quart des raffineries européennes fermera d'ici 2040

L'activité de raffinage de pétrole en Europe devrait connaître une sévère restructuration
L'activité de raffinage de pétrole en Europe devrait connaître une sévère restructuration

L'activité de raffinage de pétrole en Europe devrait connaître une sévère restructuration qui se traduira par la fermeture de 25% à 30% des sites d'ici à 2040, a estimé mardi Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières.

"On estime qu'on devrait avoir une restructuration d'environ 25 voire 30% du raffinage à l'horizon 2035-2040, soit la fermeture de 20 à 30 raffineries sur les 79 actuellement en activité dans l'Union européenne", a déclaré le dirigeant de l'Ufip, lors d'une conférence de presse sur le bilan annuel de l'industrie pétrolière française.

Les raffineries européennes souffrent depuis plusieurs années de la baisse de la demande de produits pétroliers finis en Europe, en particulier d'essence. Leur taux d'utilisation est tombé à 79% en 2013, contre 89% en 2005, a rappelé M. Duseux. A ce niveau-là, vous avez du mal à être profitable, a-t-il souligné.

La marge brute des raffineries européennes s'est ainsi établie à 22 euros par tonne en 2014, et à 20 euros en moyenne entre 2009 et 2013, quand il faudrait 30 euros par tonne pour équilibrer les coûts, selon le dirigeant.

Et si, sur les deux premiers mois de 2015, cette marge est passée à 45 euros, les surcapacités sont telles que cela ne saurait durer, a-t-il estimé.

Le secteur subit aussi une concurrence accrue des autres zones géographiques: Inde et Arabie Saoudite ont augmenté leurs capacités de raffinage, tandis que les Etats-Unis, soutenus par le boom des hydrocarbures de schiste, ont fortement réduit leurs importations de produits pétroliers et commencent même à en exporter.

Le président de l'Ufip a également mis en cause la réglementation, qu'il juge extrêmement pénalisante. Il avertit que certaines compagnies préfèreront fermer des sites plutôt que d'effectuer les investissements rendus nécessaires par la directive européenne sur les émissions industrielles et déplore que des normes spécifiques à la France viennent se surajouter au cadre européen.

Il appelle aussi à un rééquilibrage de la fiscalité entre l'essence et le gazole, aujourd'hui favorable à ce dernier alors que les raffineries françaises produisent surtout de l'essence.

Interrogé sur les pertes du secteur en France, il a rappelé que Total avait accusé à lui seul 200 millions d'euros de pertes sur ses cinq raffineries françaises en 2014, et que le groupe pétrolier représentait environ 50% des capacités de raffinage du pays.

Total a annoncé en février la suppression de 30% des effectifs de sa raffinerie anglaise de Lindsey et fera des annonces au printemps concernant ses raffineries françaises. Il a toutefois affirmé qu'aucun site industriel français ne serait fermé.

La France compte quatre autres raffineries, deux détenues par Esso, filiale française du géant pétrolier américain ExxonMobil, Lavéra, propriété de Petroineos, et Berre, détenue par LyondellBasell, en cours de fermeture.

L'Union européenne comptait encore 101 raffineries en activité en 2007, un chiffre tombé à 79 l'an dernier, tandis que d'autres ont vu leur capacité réduite. Au total, la capacité de raffinage du continent a baissé de 11% depuis 2007, a précisé l'Ufip.

AFP

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