L'Algérie aux quatre vents

Contrairement aux discours officiels, le président fait prendre d'énormes risques d''explosion au pays.
Contrairement aux discours officiels, le président fait prendre d'énormes risques d''explosion au pays.

Au train où vont les choses, ceux parmi les Algériens qui ont réfuté la corruption et dont les parents ont refusé le colonialisme et ont cru en l'Algérie indépendante doivent nécessairement se poser un certain nombre de questions qui sont à première vue choquantes.

Que faire si le pouvoir en place ne négocie pas pacifiquement sa sortie avant le cataclysme? Quelle attitude faut-il adopter alors que l'Algérie se précipite inévitablement vers la catastrophe et la métamorphose ?

Sentant, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le souffle du vent de la décolonisation, les usurpateurs de l'Algérie indépendante ont commencé leurs préparatifs en procédant à une lecture pragmatique de l'histoire. Pour en arriver là, ils sont passés par cinq périodes. Pour la première période qui date d'avant la révolution, ils se sont déclarés de façon démagogique pour l'indépendance de l'Algérie et plus ou moins tardivement pour la révolution. Pour la deuxième période qui est celle de la révolution, ils ont esquivé la confrontation directe avec l'ennemi préférant surtout des rôles confus de chefs parasites laissant le soin de mourir pour l'Algérie à leurs "frères du maquis". Ils ont surtout concentré leurs efforts pour constituer et consolider un clan homogène qui ne voulait que le pouvoir et rien que le pouvoir. La troisième période est celle caractérisée par le boumediénisme où ils ont effectivement réussi à usurper le pouvoir et instaurer un régime militaire totalitaire du type socialiste.

La quatrième période est celle du chadlisme où il fallait commencer à associer le pouvoir à l'argent. Coup de chance ! Cela correspondait à l'effondrement du socialisme et la domination du modèle capitaliste à l'échelle internationale. L'infrastructure industrielle et économique construite auparavant a été démantelé au profit d'entreprises privées vivant en parasite des grandes entreprises nationales et des institutions de l'État. Bien sûr, ces entreprises ont été transféré directement et indirectement dans les mains des hommes du pouvoir. La baisse des prix des hydrocarbures en 1988 a accentué le déséquilibre dans la société algérienne conduisant à une guerre civile qui a duré une décennie.

Le pouvoir ayant toutefois survécu à cette crise, il a relancé sa cinquième période qui est celle du Bouteflikisme. Un autre coup de chance! Cette période s'est trouvée en conjonction avec une augmentation très substantielle des prix des hydrocarbures permettant de faire taire les insatisfactions populaires menaçantes. Cette période s'est caractérisée surtout par l'urgence des hommes du pouvoir de constituer des fortunes colossales permettant à leurs familles de résider à l'étranger. En 15 années de règne basé sur les recettes du pétrole, le Bouteflikisme avec sa folie du pouvoir et sa horde d'incompétents-opportunistes n'a conduit immanquablement qu'a la déchéance et à la banqueroute. Il aurait tout simplement confirmé sans honte cette chanson de Michel Sardou qui fut le slogan officiel des Français lors du choc pétrolier de 1973 "Ils ont le pétrole mais c'est tout"; la France n’a pas de pétrole mais elle a des idées".

La récente chute des prix des hydrocarbures vient de mettre à mal l'insouciance et l'arrogance du pouvoir mettant tout le pays en danger. Voici quelques éléments qui présagent d'une évolution inexorable vers la catastrophe.

- La mauvaise gestion axée sur le bradage les hydrocarbures et le recours à l'importation.
- Le monopole du pouvoir avec blocage de toute initiative hors de son parrainage.

- L'absence d'un système économique productif et opérationnel.

- La menace sécuritaire autour de tout le territoire.

- Les demandes de fédéralisme, de scission et d'autonomie régionale.

- La menace de la santé des hommes et des animaux avec les nouvelles maladies qui se propagent.

- L'insuffisance alimentaire et le risque de famine dus à une agriculture sous-développée et dépendante.

- L'inflation sociale revendicative due aux retards de la satisfaction des besoins des citoyens.

- Une société peu coopérative à cause de la perte de confiance dans ce pouvoir.

Tenant compte de tous ces éléments, il devient logiquement évident que si ce pouvoir ne négocie pas rapidement une issue pacifique, l'aggravation des problèmes intérieurs va conduire à des guerres civiles et des appels pressants au fédéralisme et à la séparation de groupes sociaux et régionaux. Cette situation pourrait faire intervenir des agents extérieurs, ce qui conduira à la destruction de ce pouvoir déstructurant en conséquence ce pays.

Dès lors, il y a une question à la fois légitime et existentielle qui s'impose d'elle-même aux citoyens. Faut-il défendre ce pays comme l'ont fait nos parents ? Les sacrifices et l'amour pour ce pays en valaient ils la peine ? Ne sera-t-il pas repris par des usurpateurs et corrompus qui le recolonisent humiliant ces citoyens et le conduisent en fin de compte de nouveau vers la catastrophe. Faut-il attendre de ceux qui ont profité de ce pays et l'on conduit là où il est, qu'ils le défendent ?
Si donc ce pouvoir ne recule pas; le sort de l'Algérie sera scellé comme celui de l'Irak, de la Libye, du Soudan,.. À titre d'exemple, en Irak, les jours où il fallait défendre le pays, les soldats sont rentrés chez eux laissant le soin a ceux qui ont profité du système de le défendre! En Libye, les Libyens mécontents du pouvoir n'avaient rien à perdre en lâchant l'irremplaçable et l'inamovible Kadhafi et sa famille.

Au risque de choquer le lecteur, voici un schéma de déstructuration de l'Algérie qui me semble plausible. Elle sera partagée en quatre départements sous un régime fédéral ou en totale autonomie. Cependant, c'est la région du Sud qui sera la plus intéressante au sens des enjeux stratégiques du moment. Elle sera donc divisée en quelques petits ilots à l'image du Qatar, des Émirats arabes unis, etc. Ces zones seront sous une influence négociée entre les pays puissants: les USA, l'URSS et la Chine. La partie la plus peuplée constituera le département d'Alger et couvrira un territoire d'environ 200 km à la ronde. Il sera plutôt sous influence Française économiquement et culturellement. Le département de l'Ouest ayant pour capitale Oran sera tourné vers l'Espagne et le Maroc et sera à vocation touristique. Le département de l'est avec Constantine comme capitale sera un département pauvre à vocation agro-pastorale.

Pour que ce genre de scénario ne se réalise pas, le pouvoir actuel doit céder sa place et aider a son remplacement pacifiquement.

Abdelouahab Zaatri

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Commentaires (2) | Réagir ?

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elvez Elbaz

Pour comprendre l algerie des borgias (des bouteflika), relisons ce que l écrivain boualem sansal écrivit dans le monde à propos de la famille "borgia" (bouteflika) , des généraux et des islamistes en kamis, en treillis et en col blanc

Boualem Sansal au quotidien Le Monde : "La pièce est écrite depuis longtemps"

Boualem Sansal

Armée, islamisme et Bouteflika : bienvenue chez les Borgia : c’est sous ce titre que l’écrivain Boualem Sansal intervient dans le débat de l’heure sur le quotidien français Le Monde.

Par Boualem Sansal (Ecrivain)

Franchement, je ne suis pas particulièrement excité à l’idée d’écrire un papier sur l’Algérie. Il ne se passe rien dans le pays, je veux dire de neuf, de piquant, quelque chose qui date de ce siècle, qui interroge l’avenir et fait vibrer les jeunes. Des articles pour dire qu’il ne se passe rien de neuf, j’en ai écrit des tas ces douze dernières années, ils n’ont jamais rien appris à personne. Toujours les mêmes vieilleries, du réchauffé, des rumeurs de harem, les sempiternels trucages, des rodomontades d’anciens combattants, des discours creux, des successions poussiéreuses entre vieux de la vieille. Pff, c’est ennuyeux à mourir.

Je voudrais pouvoir parler de choses belles et neuves, mais ça n’existe pas, ça me rend triste. Il y a trois raisons à cette misère lancinante : l’armée, l’islamisme et Bouteflika. Il faut les voir un à un et les considérer ensemble dans leur relation intime. Nocifs, ils le sont pareillement, mais leur rapprochement est atomique, c’est la réaction en chaîne, l’apothéose du "Mal", et une radioactivité installée pour des siècles. Cela, chacun le sait, depuis toujours. Je l’écrivais déjà en 2000. Je n’étais pas le premier. En 1964, deux années à peine après l’indépendance, Mohamed Boudiaf, opposant lumineux au régime noir d’Alger, réfugié au Maroc, publiait un livre, Où va l’Algérie ? (Editions Librairie de l’étoile), dans lequel précisément il s’interrogeait sur l’avenir du pays qui pourtant avait fait de la planification socialiste et de l’héroïsme au travail sa ligne de conduite. Il n’a rien vu de rassurant. Boudiaf est le premier révolutionnaire algérien : en 1954, il a créé le Front de libération nationale (FLN) et déclenché la lutte armée contre la France. A l’indépendance, écoeuré par les agissements des nouveaux dirigeants de l’Algérie, enivrés par le pouvoir, il les dénonça et dut fuir à l’étranger pour échapper à leurs tueurs. Ils le rattrapèrent trente-huit ans plus tard, l’attirèrent dans un guet-apens et l’assassinèrent d’une rafale dans le dos, sous le regard effaré du public et des caméras. C’était le 29 juin 1992, il avait 73 ans. Crime parfait, on connaît les assassins, trois généraux, on sait où ils habitent, où ils travaillent, mais aucune justice ne peut les atteindre. Même le diable a peur d’eux. Ces messieurs ont vieilli, ils ont tous le cancer et des cirrhoses carabinées, mais leurs enfants sont là, beaux, brillants, polyglottes, efficaces comme des managers de multinationale, ils trafiquent avec le monde entier ; ces dernières années ils le font avec les Chinois, les Russes, les Hindous, les Turcs, et l’incontournable Dubaï. On travaille en confiance avec eux, ils ne collaborent jamais avec la justice internationale. L’argent, ils le gagnent là mais le dépensent en Occident, où la démocratie sait protéger les riches et les voleurs. Ils y retrouvent leurs copains, les fils de dictateurs, les Kadhafi, les Moubarak, les Trabelsi, les Wade, les Bongo... avec qui ils font du business et prennent du bon temps dans les boîtes à la mode. Pour eux, le pays de papa n’est qu’une planche à billets.

Massacres aveugles

Après dix années de terrorisme et de massacres aveugles, les islamistes ont compris le sens de l’histoire, ils ont abandonné les maquis des montagnes et intégré les maquis des villes. Ils ont pignon sur rue, ils tiennent la quasi-totalité du commerce de gros et demi-gros. Voici le deal que les généraux ont conclu avec eux avant de signer la loi d’amnistie générale, appelée "réconciliation nationale" : les généraux tiennent le haut bout de la chaîne de l’argent – ils contrôlent la Sonatrach, les banques, décident la politique économique du pays, imposent les modalités budgétaires, fiscales et autres. Ainsi, ils connaissent d’avance ce qu’ils vont gagner et ce que le peuple va perdre ; les barbus tiennent l’autre bout de la chaîne, ils réceptionnent les conteneurs des généraux, répartissent la cargaison entre leurs émirs et leurs troupes. Avec les miettes, ils dotent les mosquées et aident les pauvres à survivre. En plus d’une portion de la rente, ils ont aussi leur quota de ministres, députés, sénateurs, ambassadeurs, hauts fonctionnaires. De cette façon, ils font le lien avec l’internationale islamiste pour leur compte et pour le compte des têtes pensantes de la junte militaire. Et tout là-haut, replié en son palais blockhaus, imprévisible et redoutable, il y a Bouteflika. Sa maladie mystérieuse et son air hagard ajoutent à la menace. En fait il faut dire "les Bouteflika". Abdelaziz n’est rien sans sa fratrie autour de lui. C’est un peu les Borgia, ces gens, en plus fort. Le plus efficace est le cadet, Saïd, un génie de l’intrigue. Il n’a pas de fonction officielle mais il décide tout, surveille tout. On dit qu’il est féroce. Les ministres pissent dans leur froc quand il les convoque. Les généraux le détestent, un jour ils le tueront. Dès qu’Abdelaziz rendra l’âme, Saïd le suivra dans la tombe. Les dossiers qu’il a constitués ne l’aideront pas, la justice les réfutera. Le président, qui a l’esprit dynastique, lui a confectionné un puissant parti pour le soutenir, dirigé par des apparatchiks capables de faire élire n’importe qui à n’importe quel poste ; ils feront barrage contre les généraux et les islamistes, mais au final ils trahiront, c’est la règle. Le pauvre Saïd aura du mal, voler dans l’ombre du frère président est une chose, voler de ses ailes sans bouclier ni parachute en est une autre. En attendant, tout ce beau monde amasse de l’argent par camions, c’est le carburant des guerres à venir. Grâce à Dieu, le prix du baril tient la cote, l’argent coule à flots, la réserve déborde de partout. Jusque-là, il a permis une cohabitation acceptable, personne n’est vraiment lésé, les milliards qu’on nous chaparde le matin, on les refait l’après-midi. Et voilà, nous avons tous les éléments de la pièce qui va se jouer dès l’annonce de la mort d’Abdelaziz Bouteflika : les acteurs, l’intrigue, le décor, les figurants. Il y a les parrains des uns et des autres, Français, Américains, Russes, Saoudiens, Qataris, mais on ne les voit pas, ils sont derrière le rideau.

En vérité, la pièce est écrite depuis longtemps et se joue déjà dans les coulisses, les trois coups ont été frappés à l’instant où Bouteflika a été évacué à Paris, dans son hôpital préféré du Val-de-Grâce. Ombres, murmures et courants d’air. On pourrait se poser les questions qu’on se pose depuis le premier putsch en 1962, mais cela sert-il ? Nous recevrons les mêmes fausses réponses. Bouteflika mort, l’armée fera le ménage et adoubera Tartempion VI. Le roi est mort, vive le roi et Allah est grand.

B. S.

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sarah sadim

Je vais rectifier si vous le permettez votre scénario, si l'algérie arrive à sa défragmentation dislocation en allant d 'EST en Oues, pour ne pas nous accuser anti Ouestt:

1) Constantine et le pays des Chaouis du Khroub feront leur état branché sur l'autre état en 2)

2) les chaouis des AURES et Memchas de Tebessa jusqu'à Biskra feront un état, qui sera allié objectivement du premier.

3) Annaba Tarf et skikda iront vers une entité tournée vers l'italie et la Tunisie.

Au centre du pays et c'est le plus stratégique:

1) toute la Kabylie de Boumerdes à Tizi Ouzou peuvent se fondre en un seul état.

2) Bedjaia (ancienne capitale des Hammadites) avec Bordj Bou Arrerridj et probablement Djidjel et une partie de Sétif Bougaa, sera le second état Kabyle qui doivent s'allier pour survivre aux intempéries d'autres.

3) Blida, Tipaza, Medea, Ain Defla et une grosse partie d'Alger Ouest feront une autre entité, avec un probable prolongement à Chlef et Ghardaia la commercante.

A l'Ouest trois entités :

1) Mostaganem, Mascara, Tiaret, Relizane et probablement Tissemsilt iront ensemble s'amuser à créer une autre entité.

2) Oran la cosmopolite avec une partie de Sidi Bel Abbes, une partie d'ain Temouchent et Saida seront la deuxiéme entité branché sur l'espagne et ses Catalans, c'est historique dans cette région.

3) Tlemcen, la partie de Temouchent (Beni saf) la partie ouest de sidi Bel Abbes, naama, et ain sefra avec mecheria feront la troisiéme entité pro Marocaine.

Le grand sud alors ne fera plus partie de l'algérie et rejoindra d'autres entités de Lybie et du Mali.

Amen, et, je me réveille de ce cauchemard, en me disant ce nain au pouvoir n'est pas le grand satan, mais un diablotin qui fuyera rapidement dés que la premiére fracture probable en Kabylie annoncera le désastre.

Enfin parlons d'entités non viables économiquement parlant et nulles militairement parlant, alors le risque de bandes armées et de "Barreurs des routes" sera la seule expression de ces entités, à moins qu'ils veulent guerroyer entre eux, là d'autres forces armées auront déjà assis leurs nouvelles dominations.

Autrement l'algérie incapable de s'unir ets aussi incapable à se désunir, hummm tentons la république fédérale solution ultime, à bien réflechir, moi ca me fatigue les méninges.