Algérie : "Ce que j'ai vu à Berriane" Par Hafnaoui Ghoul

Algérie : "Ce que j'ai vu à Berriane" Par Hafnaoui Ghoul

Personne ne comprend ce qui passe à Berriane. Les appels de détresse proviennent de partout et de toutes les parties. Tout le monde attend des secours, soit pour sauver sa famille, soit pour acheminer un blessé. Le bilan s'est alourdi, et on parle de 4 morts. Des rumeurs folles circulent dans les rues. Certains avancent même le chiffre de sept morts, dont un bébé égorgé, et un vieux âgé de 75 ans, qui aurait succombé à ses blessures, après avoir été poignardé. 300 habitations ont été incendiées et une cinquantaine de locaux saccagés. Les responsables sont avares concernant les informations. Le manque de coordination entre les différents services brouille les cartes et fausse les calculs. Personne ne veut admettre l'échec des autorités à circonscrire les événements qui font tache d'huile. Un décor de guerre planesur la ville de Berriane. Nous tentons de nous faufiler au milieu des flammes qui se dégagent des habitations et des véhicules calcinés.Les cris de quelques citoyens se sont mêlés aux sirènes des ambulances et des véhicules de la protection civile qui tentent de se frayer un chemin à travers la ville. Alors que tout le monde tente de savoir la position des responsables sur les événements qui vient de secouer la ville, la présence de responsables locaux sur les lieux suscite moult interrogations.

On s'interroge sur leur rôle principal dans la protection d'une ville frappée par la malédiction de la « Fitna». Alors qu'en fait ils sont tout bonnement dépassés par la tournure prise par les événements. Et il ne leur reste plus que le rôle de figurants qui accompagnent les brigades d'intervention. Le wali de Ghardaia a passé la nuit au siège de la daïra pour suivre de près l'évolution de la situation des plus inquiétantes. On ne sait pas quelle est la stratégie adoptée par la cellule de sécurité installée. Devant notre insistance le wali a piqué une crise et ne savait quoi dire, notamment quand nous déclinerons le nom de notre quotidien. Au départ il nous decalré tout de go : « je ne veux ni la presse, ni l'Algérie », avant de se rectifier, « je ne veux, ni la presse, ni Algérie news. » Avec mon compagnon le photographe nous voulions examiner les choses de près, connaître l'avis des deux communautés :Ibadite et Malékite.
Interrogeant un agent de la daîra, il nous répondra à son tourpar une question : « Et vous, vous avez compris quelque chose ? » Les avis de la rue à Berriane divergent. Certains demandent plus de sécurité, d'autres pensent au contraire que la solution sécuritaire n'est pas la meilleure. « Les services de sécurité n'arriveront pas seuls à régler la question ». Un autre groupe par contre, estime que le salut est dans l'intervention des notables et du conseil qui doit résoudre l'affaire par le dialogue. Plus fantaisistes, des jeunes pensent qu'il faut séparer provisoirement les deux communautés. Tout à coup, un groupe de la communauté Ibadite, tente de défoncer la porte de la daïra. Ils demandent à voir le wali, mais en vain. Pourtant, la genèse des affrontements n'est ni d'ordre ethnique, ni l'expression de différents courants politiques même si les jeunes qui s'affrontent appartiennent à différentes communautés.

L'étincelle s'est allumée, jeudi matin lorsqu' un groupe de jeunes encagoulés a intercepté deux bus, qui transportaient des lycéennes de la communauté «Malékite ». La voiture de police qui accompagnait le convoi, au départ a disparu en cours de route. Selon des témoins oculaires, ces lycéennes ont été passées à tabac par ce groupe d'individus et l'une d'entre elle a reçu un coup de poignard au niveau du visage. L'information s'est vite répandue, après que le chauffeur, qui s'était enfui, ait alerté les parents d'élèves. Une foule s'est amassée dans la rue principale de Berriane, attendant l'arrivée de bus. Surexcités, certains ont pris carrément à partie des Ibadites. Pendant quelques heures, les esprits se sont calmés, pour laisser place à une accalmie précaire. Après la prière du « Maghreb », les échauffourées ont repris. Un groupe de la communauté Ibadite, a pris d'assaut des maisons d'un quartier où résident les « Malékite», dans le but de leur faire uniquement peur.Mais les choses ne présageaient rien de bon. Aux environs de 2 heures de matin, le vendredi, la maison du dénommé Grine Allal, mécanicien de son état a été attaquée. Un bus et un véhicule qui se trouvaient au garage ont été incendiés. Le groupe s'est introduit à l'intérieur de son domicile, alors qu'il a appelé ses voisins pour venir à son secours. «Une quarantaine de personnes voulaient s'introduire chez moi, je suis monté sur la terrasse pour demander de l'aide », a déclaré la victime, la mine abattue. Le groupe a incendié une partie. «Justement, ajoute-t-il, ce sont la fumée et les flammes qui ont attiré l'attention des voisins », fulminet-il, difficilement extrait des décombres de sa demeure Quelques escarmouches ont été signalées entre les citoyens et les groupes qui les ont attaqués. Des groupes qui ont pris la fuite après l'arrivée des services de police.

La matinée de vendredi était calme, mais l'information faisant état d'une agression à l'arme blanche, contre Mr Chewiri el Mecheria mis le feu aux poudres. L'agressé a été intercepté dans un faux barrage dressé par un groupe de personnes encagoulées, aux environs de six heures, alors qu'il s'apprêtait, comme de coutume à ouvrir son kiosque multiservices. Touché au bras, la victime, selon des sources médicales, risque l'amputation.
Les affrontements ont repris de nouveau, malgré les renforts de police acheminés pour faire face à la situation. Les affrontements ont duré cinq heures entre différents quartiers. Des locaux appartenant aux Malékites, dans la cité Lalla Sahal ont été incendiés par des Ibadites. Ils disent que c'est une riposte à l'attaque opérée par l'autre camp. Chaque partie ne veut pas céder et estime qu'elle est touchée dans son amour propre. Toutefois, un fait important est à signaler : durant les évènements, des tracts anonymes, appelant à la révolte circulaient des deux côtés. Pour tenter de circonscrire les manifestations, un important dispositif de sécurité a quadrillé toutes les entrées dans les quartiers les plus chauds. La RN 1 est complètement assiégée par les forces de police et de la gendarmerie. Aux environs de 17 heures, des escarmouches sporadiques ont été signalées.Mais ce qui a nous a laissés perplexes, c'est cette image indescriptible : au moment où on mettait le feu dans les maisons dit « hchachna », des youyous éclatèrent depuis l'un des balcons de la cité Boutara.

Hafnaoui Ghoul - Algérie News

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Commentaires (32) | Réagir ?

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farouk bougandoura

savez vous que le PREMIER royaume berbere musulman indépendant était le royaume des ROSTEMIDES, c'est à dire des ibadites avec pour capitale tihert (c'est à dire tiaret) ? pendant plus d'un siècle régna une paix extraordinaire sur tout le territoire algérien. tout cela a été detruit et maintenant il parait qu'il y a des fetwat qui circule chez les chaamba au sud qui disent que les ibadites sont des koufars qu'il faut combattre, c'est dingue, voyez la REGRESSION dans laquelle les integristes nous ont ramené.

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mouloud

Bonjour,

Communiqué attendu et appréciable du RCD!! Mais que faire? Quelle action/réaction? Pourquoi le RCD avec d'autres n'organise pas une MARCHE Nationale pour dénoncer les violences, la psssivité des autorités locales et nationales et faire sortir le président de son mutisme complice.

Mouloud

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