Vent de discorde et jeux d'influence à l'université d'Alger 2

Pourquoi la tutelle laisse-t-elle pourrir la situation à Alger 2?
Pourquoi la tutelle laisse-t-elle pourrir la situation à Alger 2?

Depuis les révélations par la presse de la dénonciation des étudiants du département de français des fraudes du concours d’accès au doctorat, l’université d’Alger 2 vit une agitation frénétique qui peut conduire au salut ou à la perte de cette université. Des révélations successives alimentent le feuilleton.

Une décision du recteur, M. Hamidi : il a procédé le 12 janvier 204 au départ de la doyenne de la faculté de lettres et de langues, Mme Filali. Depuis, le bras de fer est engagé entre celle-ci et sa hiérarchie. Ne s’attendant pas à son départ, forte du sentiment d’avoir des soutiens hautement bien placés, elle tombe des nues et dans une agitation de désespoir elle mène une fronde d’arrière garde : elle refuse d’abdiquer, elle sollicite la presse, elle crie au scandale, elle orchestre un plébiscite au sein de l’université.

Démise de ses fonctions, compte tenu des plaintes nombreuses et de tous ordres, déposées contre elle, son staff la suit. C’est normal, ils n’étaient pas là pour tempérer son abus d’autorité mais pour lui donner un prolongement machiavélique en augmentant le cercle des contestataires. 

Croyant que les choses allaient s’arrêter logiquement à cet épisode, voilà que ses alliés, notamment les enseignants du département de français, impliqués dans l’affaire de fraude du doctorat répondent à l’appel de la doyenne pour mener la fronde contre le recteur et le nouveau doyen, M. Meribai. Ils signent une pétition pour le maintien de la doyenne et le retour du chef de département de français démissionnaire Mme Mélissa Derridj, et ils observent des journées de protestation depuis le 13 janvier jusqu’à aujourd’hui. Toute l’énergie du désespoir pour le retour aux affaires de leur protecteur afin d’étouffer l’enquête ouverte pour répondre aux accusations des candidats au concours. 

Voici comment la chef de département de français démissionnaire, informe ses collègues de sa démission le 12 janvier 2014, après une absence d’un mois (depuis le 16 décembre 2013) laissant le département vacant sous prétexte d’un séjour professionnel en France coïncidant avec les fêtes de Noël et les fêtes de jour de l’an a écrit :

Chers amis, je vous écris afin de vous annoncer que j'ai démissionné ce matin. Le travail honnête et sérieux ne plaisent pas dans notre "Université" mais sachez que malgré tout j'ai gagné une chose: votre amitié. Tous ensemble continuons à agir contre les parasites car cela va de l'avenir de notre département. Cordialement, Mélissa.

Les commentaires qui ont suivi la publication de ce mail n’ont pas été tendres : ils apprécient sévèrement la qualité du message émanant d’une chef de département de français. Ses compétences linguistiques en relevant une faute d’accord sujet-verbe, le choix hasardeux des prépositions, le choix hasardeux des connecteurs. Ses compétences rhétoriques quand elle « annonce » ce qui est déjà accompli la matinée même. Ses qualités humaines quand elle joue l’amitié sur le tapis vert des gains et des pertes, l’amitié marchande qui se paie et s’achète. Le désordre mental dont elle fait preuve : elle prend ses distances avec l’université mise entre guillemets pour revendiquer son appartenance à «SON» département, elle fantasme sur un ilot en se soustrayant de la réalité dans un déni des réalités pathétique et pathologique. Son éducation quant elle traite dans un mail officiel ses collègues de parasites. Qui dit cela et de qui ? Selon les commentateurs, une doctorante qui peine au bout de six ans à ficeler 30 pages de sa thèse et qui doit son recrutement à l’université, ceux-là mêmes qu’elle traite de parasites, qui ont ouvert des magisters pour qu’elle se retrouve en doctorat.

Voici comment un des membres du comité de formation au doctorat vient au nom des autres membres disculper le comité de toute fraude :

Grine Nadia

Université Alger2

Département de français 

Concours de doctorat LMD (décembre 2013)

Démenti

«Nous, enseignants du Département de Français, membres du Comité de formation doctorale (CFD) ayant participé à l’organisation du concours de doctorat, formulons un démenti ferme et catégorique quant aux incriminations contenues dans divers articles de journaux et courriers adressés au Rectorat d’Alger 2 et au Ministère de l’Enseignement Supérieur derrière lesquelles se profilent des manipulateurs connus. A ce propos, nous avons envoyé un courrier accompagné de toutes les pièces justificatives à la hiérarchie en date du 23 décembre 2013 dans lequel nous avons répondu point par point à toutes les allégations mensongères. Nous tenons à préciser que nous avons travaillé dans la plus grande transparence et dans le respect absolu des textes en vigueur».

Encore une enseignante du département de français et membre du comité de formation de doctorat qui a pris tout son temps pour «formuler» son message pour nous révéler, signalent ironiquement les commentateurs, toute l’étendue de ses compétences. Compétences linguistiques : la majuscule dans «Français» comme complément de nom à «département» en dit long sur le déchirement identitaire de la dame. Compétences rhétoriques : elle associe de manière absurde au «Nous» tous les enseignants du département qui sont identifiés comme étant tous membres du comité ; selon eux, le sens de la magouille lui fait perdre de vue que les articles de presse et les courriers sont signés pour qu’il devienne absurde de dire que se «profilent» «derrière» des manipulateurs ; le complexe de la «culotte» comme on dit la pousse à la redondance dans «allégations mensongères» et à la surenchère dans « respect absolu des textes en vigueur ». Et si quelqu’un peut quantifier la transparence qu’il éclaire notre lanterne, demandent-ils. Un démenti pathétique, jugent-ils, qui en dit long sur la culpabilité qui le sous-tend.

A plusieurs reprises, alors qu’elle était en fonction et maintenant qu’elle ne l’est pas, la doyenne, outrepassant le devoir de réserve, convoque des conférences de presse, publie dans la presse et intervient dans une chaîne de télévision non agréée, où elle dit être scandalisée d’être limogée parce qu’elle a travaillé à combattre la fraude. Elle dit détenir des dossiers brulants : celui d’enseignants absentéistes, résidents à l’étranger et qui perçoivent normalement leurs salaires et primes ; celui de la fraude au doctorat l’année passée au département des sciences du langage. Cependant, pourquoi n’a-t-elle pas réagi en dénonçant ces enseignants et cette fraude durant son mandat ? Par ailleurs, elle se refuse de quitter ses bureaux, ne rendant pas les clés, ne procédant pas à la passation de consignes. Rappelons seulement que c’est elle qui couvre les longues absences de Madame Henni, la femme de Monsieur Henni l’ex-recteur qui l’a nommée et de son ami, M. Djamel Zenati, enseignant du département de français, ainsi que celles de Mme Bensafi, la présidente du conseil scientifique, tous trois bénéficiant de la double nationalité et travaillant simultanément en France et en Algérie.

Ses pourfendeurs n’y vont pas de main morte. Sous couvert du Cnes, des enseignants ont appelé à une conférence de presse le mercredi 15 janvier, où ils ont dénoncé sa gestion. Ils l’accusent d’abus d’autorité, de comportements licencieux envers les enseignants et le personnel de l’université. Ils remettent en question ses compétences et reviennent sur son ascension dans la hiérarchie, due essentiellement à la fraude et des soutiens douteux.

Dans cette cacophonie, l’enquête conduite par le vice recteur Monsieur Abid, sur la fraude au concours de doctorat au département de français s’éternise et soulève des interrogations pour ne pas dire des craintes quant à la tentation de la hiérarchie (rectorat) à étouffer l’affaire. Le recteur a-t-il peur de faire aboutir l’enquête et prendre le risque de réactiver le scandale du département des sciences du langage ? Cèdera-t-il à la fronde menée par les enseignants impliqués dans le scandale du doctorat ? Subit-il des pressions externes ? En effet, le doyen de la faculté des sciences humaine et sociale, Monsieur Dahoum, et l'ex recteur de l'UFC, suspectés d'être intervenus pour influencer les délibérations en faveur de leurs filles respectives, candidates puis lauréates au concours de sociodidactique, sont tentés de pousser le rectorat à étouffer l'affaire. La chef de département démissionnaire, habituée à collaborer avec des agents du service, opérant sur le campus de Bouzaréah, notamment un certain Raouf, est aussi tentée de faire appel à eux pour intimider les étudiants contestataires. 

Les étudiants et les enseignants ayant été à l’origine de l’ouverture des enquêtes à l’université d’Alger2 estiment que la fraude au concours est le scrilège de tous les sacrilèges et ils sont déterminés à aller aussi loin que possible. Le recteur est appelé à traiter l’affaire de manière loyale et juste, s’il ne veut pas que la justice ne soit saisie.

Samir Lekhal

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Commentaires (4) | Réagir ?

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salam benzzedine

Quelle racaille !

Elle est belle notre algérie et son université. Ne vous y trompez pas c'est toute l'université qui est gangrénée ;

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Quelqun EncoreQuelqun

A f f l i g e a n t ! Université, vous avez dit? Doctorat? Concours?

Cela me rappelle étrangement le département de français de l'Université de Béjaia à ses débuts: magouilles en tous genres et clientélisme effréné pour deux visas de stage à Montpellier destinés aux heureux têtes de promotions (1ère année & 2 année licence).

Un chef de département plus proche d'un chef de chantier du bâtiment invitant certains enseignants à "bien vouloir revoir les notes" d'un certain Ouyahia après publication officielle des résultats de fin d'année. Le fils du dignitaire local était du même village que le pseudo chef de département.

Un détail de taille: tous les acteurs étaient kabyles jusqu'au bout des ongles.

Je reviendrai sur ce qu'il advient des boursiers (beaucoup de boursièrEs) une fois ici en France.

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