Bouteflika : le hold-up permanent sur les médias

Bouteflika : le hold-up permanent sur les médias

Décidément, l’année 2013 n’aura pas été, mais alors pas du tout, l’Annus Mirabilis des Bouteflika régnants. Bien plus et beaucoup s’en faudrait.

Par Mohamed Abassa

En restant modéré, on dira plutôt que l’année 2013, autant et bien plus que les précédentes, aura été, et est toujours, l’année de l’Annus Horribilis du clan gagnant, l’année de tous les cauchemars, c'est-à-dire celle de tous les malheurs pouvant s’abattre sur un autocrate HS (lire hors service), se croyant divin protégé par les saints et donc ; croit-il, intouchable. L’année de sa grandeur arrangée sera en fait celle de tous les scandales et de toutes les forfaitures et trahisons cumulées et associées à la pratique malsaine et solitaire du pouvoir bouteflikien dont tout le monde sait, maintenant, qu’il est dégénéré, dévoyé à l’excès et, pour tout dire, quasiment fini.

Comme à Canossa où si Abdelaziz 1er comme Henri IV viendra faire pénitence, à genoux, aux pieds de l’équivalent contemporain Algérien de Grégoire VII ; le général T. Pour l’impossible survie d’un régime faisandé et pourri par la tête et jusqu’à l’os. C’est cette tout dernière notoriété si peu valorisante que les Saadani ne répandront pas et ne colporteront plus.

Un régime perturbé et atteint à la Caligula par les folies et les dépassements d’un pouvoir personnel et familial où une modeste marmitonne de H’rira Oujdéenne peut être élevée au rang de ministre conseiller. Ça se passe comme ça dans la maroquinerie Bouteflika. Et comme Caligula fit de son cheval un sénateur, Bouteflika fera, lui, d’une maître queux, de Saadani, le bouffon du régime, de son frère $aïd décideur de tout, de très hauts dignitaires de l’Etat algérien avec autorité affirmée sur le destin du pays et de la nation tout entière. Du pur Caligula sans le cheval-sénateur dont le rôle est si bien joué par les hennissements appuyés du G’laïli Saadani.

Système fabriqué aussi à la Néron, surtout par la politique de la terre brûlée et du pillage sans retenue des deniers publics ; tout azimut. Chakib Khelil peut donc rentrer chez lui, les USA, en toute quiétude, s’offrant tout de même, un gros bras d’honneur, sa quenelle, à l’endroit de tous ces journalistes indigènes qui avaient osé l’insoutenable audace de l’interpeler sur les bobos monstrueux qu’il a faits à Algérie. Un viol.

Un régime tenant tout autant de Bokassa, moins ses clowneries, par ses pitreries ubuesques d’Empereur défroqué, souverain de carrosse rouillé et de rien du tout d’autres; pas même de ses bretelles. A l’image d’un Bouteflika empereur sans empire ni carrosse ni Martine.
On retiendra surtout du règne bouteflikien (34 ans de pouvoir et de pitreries diverses) que le zazou d’Oujda tenait bien plus du dictateur roumain, Nicolae Ceausescu, moins Helena, dont on connait les tristes sorts ; finis dans leurs propres vomissures de caniveau. Par magnanimité, on ne souhaitera pas cette fin dégradante aux Bouteflika. Un peu de Serkadji tout de même suffirait à réparer l’affront et les gros dommages causés à l’Algérie par ce Badinguet de parade.

Mais ces mainmises totales et souvent grossières ne se limitent pas seulement à l’économie, aux finances publiques, aux frasques des détournements, aux postes juteux, aux privilèges seigneuriaux ($ 04 milliards/an d’argent de poche) aux affaires et business underground confiés aux copains et coquins (de la haute corruption) ou aux grandes institutions publiques trop souvent et trop longtemps déroutées de leurs missions publiques originelles. Elles s’étendent aussi, selon des protocoles mafieux et un process tentaculaire à un domaine très peu ou mal évoqué, et aussi ravageur ; celui des médias, tous statuts et tous supports confondus.

Même si ce hold-up à ciel ouvert dure depuis plus de 50 ans, le phénomène malsain, durant ces tout dernières années, s’est étendu, approfondi selon des méthodes féodales dans la pure tradition du grand banditisme politique et que la simple morale républicaine réprouve et condamne. Quelques précisions cependant:

Pour l’intelligence du propos, il nous faudra au départ apporter des clarifications sur des confusions terminologiques et conceptuelles volontairement entretenues par les élites et les panseurs (bien lire panseurs, issus de la panse) du régime pour désigner et qualifier les domaines des médias que le pouvoir régnant domine et manipule à sa guise.
Presse publique, presse privée, grosse fumée sur nos yeux :
De la presse publique :

Ce type de presse publique n’a jamais existé en Algérie. Il serait plus approprié de parler plutôt d’une presse étatique ou gouvernementale entretenue avec des milliers de milliards d’argent du contribuable algérien. Cette presse qui devrait fonctionner au service de toutes les composantes sociales, culturelles et politiques de la communauté nationale fonctionne de facto au service quasi exclusif du clan régnant et, in fine, contre les intérêts matériels et moraux de la société algérienne dans ses composantes essentielles. Toutes sont exclues et discriminées à l’exception des expressions culturelles et politiques qui flattent et glorifient le génie du pouvoir régnant et ce, depuis la naissance de ces médias dits publics. Pendant toute la durée de son existence, plus de cinquante ans, cette presse dite faussement publique, détournée et dévoyée, a fonctionné comme un outil de grossière propagande au service des intérêts du clan dominant. De fait, un immense détournement national et local pour un usage privatif d’un outil public pourtant financé par l’ensemble des contribuables.

Sur le papier, cette presse représente un empire médiatique colossal dont le pouvoir de nuisance et de nocivité se trouve, fort heureusement, atténué voire annihilé par la nullité remarquée de ses offres et donc de l’extrême indigence de leur audience auprès des publics algériens. En clair, les Algériens ne regardent pas ou si peu, n’écoutent pas ou si peu, ne lisent pas ou si peu, les programmes médiatiques gouvernementaux qu’ils ont eux-mêmes financés. Ils iront chercher ailleurs les offres médiatiques qu’ils ne trouvent pas chez eux, (20 millions d’Algériens regardent tous les jours – 06heures/jour – des programmes tv diffusés de l’étranger)
Cet empire de presse étatique et gouvernemental algérien se décline ainsi:

- 03 chaînes TV hertziennes et satellitaires.
- 54 radios nationales, régionales et locales
- 06 quotidiens nationaux (El-Moudjahed, Horizon, Echaab, El-Massa, El-Djoumhouria, Ennasr)
- 01 agence de presse nationale, APServices, avec 48 bureaux locaux et régionaux, 12 bureaux internationaux.
- Une agence nationale d’édition et de publicité (ANEP) véritable banque tiroir-caisse pour financer et arroser copieusement les organes acquis à Bouteflika (plus de 40)

La télévision de papa.

Dans son essentiel, l’entreprise Télévision algérienne roule ouvertement pour le clan régnant alors qu’elle est entièrement financée par des moyens publics suivants :

- Les subventions du trésor public (c’est-à dire l’argent de tous les contribuables)
- La redevance TV que tout le monde paye, même ceux qui ne regardent jamais l’ENTV (c’est-à dire tous les contribuables)
- Les annonceurs publicitaires c'est-à-dire les consommateurs (c’est-à dire tous les contribuables)

Ces chaînes étatiques présentent un taux de pénétration dans les foyers de plus de 110% et une part d’audience de moins de 2% par rapport aux offres concurrentes étrangères. C’est la sanction naturelle et la conséquence logique du couple contre nature entre une haute modernité technologique de l’outil acheté pour émettre, au service d’un contenu archaïque, féodal et hors temps. Imaginez Haroun Errachid ou César régnant avec une télévision numérique. Cette situation loufoque, plutôt hilarante, m’avait inspiré une observation, à l’époque où l’Afrique des dictatures, Algérie en tête, découvrait la séduction de l’information par satellite «IL VAUT MIEUX DIRE LA VERITE AVEC UN TAM TAM QUE MENTIR AVEC UN SATELLITE» avais-je alors écrit non sans représailles dont je porte encore les stigmates. L’accouplement jument/âne donnera toujours un vrai mulet. De l’espèce de ceux-là même qui gouvernent et dirigent actuellement les gros médias dits publics.

Ces télés dites abusivement publiques, par leurs propres comportements cognitifs et par leurs incongruités conatives qui les apparentent aux yeux du public à des gens peu sérieuses, sont devenues, au fil du temps et des manipulations, de véritables épouvantails aussi repoussants que tout ce qui sent le faux, le sale et la vilénie. Ce qui, tout naturellement induit une défection d’audience salutaire pour les majorités qui se protègent ainsi des effets ravageurs d’une propagande grossière et malsaine. D’où ces gros déficits et ces pertes d’audience massives des publics algériens fuyant une télévision censée être la leur ! Pourquoi ces défections et ces rejets massifs d’une télévision entretenue avec leurs propres deniers ? Parce qu’aucun public ne se reconnait dans cette télévision dévoyée, détournée, fonctionnant comme un parti sectaire, intolérant, bien plus qu’une zaouïa, au service d’une seule cause et d’une seule caste ; celle du pouvoir en place.

Les Algériens n’ont pas mis beaucoup de temps pour comprendre cela et se dire enfin ; Non, l’ENTV, avec ses sous-produits clonés, n’est pas notre télévision. Elle n’est pas celle de tous les publics algériens. Elle est la télévision du pouvoir du moment, même s’il lui faut dégrader et insulter les pouvoirs précédents qu’elle a adorés et adulés la veille : Boumediene VS Benbella, Chadli VS Boumediene, Bouteflika VS Chadli. A l’image de tous les autres médias dits publics, elle se comporte à l’exacte image d’un chien de garde ; lécher, grogner, japper, glapir de plaisir, ramper et s’aplatir devant le maître du jour et, à l’opposé, aboyer, attaquer et mordre tous ceux qui dérangent ou perturbent l’ordre des saigneurs du jour. Leurs employeurs mais de fait, leurs souteneurs de carrière.
Les voyous numériques.

Pour maintenir et entretenir une télévision aussi dévoyée et aussi pervertie, l’ENTV algérienne dite publique alors qu’elle est bouteflikienne et seulement cela, recourt au plus vieux et plus éculé truc et machin du monde ; le mensonge. Travers minable et désuet qu’elle partage copieusement avec l’ensemble des autres médias dits publics et même avec de nombreux organes privés nouvellement convertis à la curée et aux zerdate présidentielles que propose $aïd, le conseiller touche à tout. On verra cela.

Le mensonge en 3D

La télévision nationale, à l’instar des autres médias gouvernementaux, développe un mensonge structurel et biologique en trois dimensions complémentaires et/ou concomitantes. Ces mensonges sont les condiments et l’assaisonnement basiques de toutes les productions de l’ENTV et de tous les organes cousins médiatiques gouvernementaux et les nouveaux organes privés, bâtards nouvellement convertis à la cause.

1) le mensonge par le silence : en occultant et en taisant l’essentiel du discours politique de l’opposition. En interdisant d’antenne toutes les voix et toutes les expressions (littéraires, culturelles, artistiques et scientifiques, politiques et philosophiques) qui critiquent ou contestent la légitimité ou les manquements répétitifs du pouvoir en place. Silence et black out total sur les revendications populaires, les manifestations de contestation de rue et de marches populaires, silence sur les scandales impliquant des hauts responsables et leurs familles. Silence total sur les harragas, sur les suicides et les immolations par le feu, sur les humains algériens hommes, femmes et enfants, errants sans secours dans les rues, silence sur ces milliers de clandestins de nuit disputant aux chiens leurs pitances dans la fouille alimentaire des poubelles. Silence total sur ces gamines de 15 ans livrées à la prostitution et à la drogue par les mafias locales de Tizi-Ouzou, d’Oran, d’Alger, Annaba et de toutes les villes et villages d’Algérie. Silence total sur ces milliers de bordels clandestins, de véritables bombes à maladies transmissibles (MST) disséminés sur l’ensemble du territoire national, du plus petit douar jusqu’à la capitale, en remplacement des bordels légaux que chaque wali a fermé dans «sa» wilaya. Silence sur ces quintaux et tonnes de drogues impliquant ouvertement des enfants de ministres et de généraux.

Silence, silence, silence… Pour l’essentiel, l’ENTV en soi, est un gros silence ; un trou noir et une occultation organisée de tout ce qui peut gêner le pouvoir aux entournures. Parce que du cadavre que nous sommes devenus, elle ne montre que le sourire hilare et doré d’un pouvoir finissant. Pour la seule ENTV et ses cousins et cousines des médias dits publics, rejoints en cela par les baltaguis privés, l’organisation militante de ces silences dévots est une simple obligation routinière pour chauffer et enrichir la marmite, pour plaire aux souteneurs et, en définitive, attendre quelques gros plus si nouvelles affinités d’allégeance.

2) Le mensonge par le mensonge ou la culture du faux

L’ENTV, tout autant que ses cousins et cousines des autres organes dits publics mais tout aussi dévoyés, ne se contente pas de mentir par le silence. Il lui faut ajouter à ses infamies quotidiennes, des surcharges d’informations, de bilans, de discours, de motions, de résolutions et que sais-je d’autres encore et encore et encore pour dire et décrire les grandes réussites auxquelles l’Algérie est arrivée. Et si l’on devait ajouter un à un, tous les bilans de réussites quotidienne, mensuelle, annuelle et pluriannuelle, c'est-à-dire les bilans cumulés de 50 ans de victoires et de triomphes, l’Algérie de 2013 serait bien plus et bien mieux développée que la Suède, la Corée du Sud et le japon réunis.

L’ENTV, tout autant que ses cousins et cousines des autres organes dits publics mais tout aussi dévoyés, ne se suffit pas de diffuser et promouvoir des discours et des projets politiques qu’elle sait au départ faux, incohérents et mensongers. Elle va plus loin. Elle crée des productions périphériques de soutien (reportages, tables rondes, analyses, commentaires, etc.. ) pour tenter de renforcer, crédibiliser et promouvoir le discours politique originel dont elle connait parfaitement la nature indigente et mensongère. En cela, l’ENTV, comme ses cousins et cousines de biberons, agit en partie prenante et militante pour venir au secours d’un pouvoir usé et fatigué, contraint à la dernière extrémité du mensonge pour survivre et sévir à l’excès.

3) Le mensonge par le bricolage numérique

Tous les Algériens ou presque (sauf le ministre concerné) ont vu comment l’ENTV triture, falsifie, bricole et s’arrange pour montrer, par l’image truquée et arrangée, un Président de la République vigoureux, vif, agile, pétillant de santé alors que la même image, la même prise de vues, sans truquage, sans manipulations, montre, au contraire, un président fatigué, éteint, sans regard et sans voix. Un grand malade. Sur ce registre, faut-il le rappeler, l’ENTV, par ses truquages et montages numériques, par ses déclaratifs intempestifs et répétitifs, par les tribunes logorrhéiques qu’elle a offertes aux laudateurs de Bouteflika, par ses silences organisés sur l’état de santé réel du Président, elle a largement contribué à tromper et à désinformer les Algériens sur l’état réel du premier responsable qui les gouverne et sur l’état réel du pays. C’est un comportement criminel puni par la loi. Il n’est pas seulement une faute d’allégeance alimentaire. Il est, au regard des injonctions de la loi, une forfaiture et bien plus ; une haute trahison. Mais à l’ENTV on n’est pas à une déviance ou à une trahison près ; l’allégeance et la soumission au chef, à la tribu et au clan payant est bien plus importante, bien plus rentable que tous les chahuts de gamins qui les entourent ; croient-ils. Ils en répondront un jour.

Bouteflika et ses 54 radios

Nous parlons ici de 54 radios techniquement différenciées mais, en fait et en vrai, il s’agit plutôt, dans leurs mensurations réelles et formats éditoriaux, d’une seule et même radio, tout autant dévoyée et bricolée que sa grande sœur l’ENTV. Ces 54 radios, agissant en une seule entité et à ciel ouvert, travaillent toutes à la glorification totale et permanente du seul grand chef : Bouteflika. Donc rien à ajouter à cette dévotion aplaventriste qu’elle duplique et hérite de sa grande sœur l’ENTV. Sauf qu’il faudra, tout de même, ajouter aux missions de ces radios locales, toutes clonées à la « VOIX DE SON MAITRE » ce bémol correctif qui fait de ces radios dites locales des supplétifs aboyeurs des walis et des barons des mafias locales. Ces 44 radios locales dites publiques sont donc, toutes, au service exclusif et à la merci quotidienne de tout ce qui compte comme pouvoirs locaux : les lobbys affairistes locaux, les caprices des walis soutenants, les Mouhafedhs des partis régnants et hurlants leurs soutiens inconditionnels au chef, les affidés du clan et les mafias locales inspirant le discours dominant. Au final, on constatera que ces 44 radios travaillent toutes, battant travées et trottoirs, aux services exclusifs des seuls barons qui les dirigent : L’aura de Bouteflika, les désidératas du Wali et/ou du chef de Daïra, du muscle, du fric et du flingue des mafias locales. Mais il restera toujours à ces radios vendues et dévoyées quelques petits grammes de liberté d’innovations et de créativité ou d’animation de souk pour faire accroire à leurs publics abusés et trompés qu’ils écoutent une radio libre et indépendante. Ce qui est stupidement faux.
La presse écrite dite publique ; la grosse arnaque

Ils sont six titres nationaux dont la pénétration effective d’audience et de lecture représente moins de 2% alors qu’au même moment, six titres de la presse privée réalisent 69% d’audience et de pénétration avec des taux de 78% dans les milieux populaires.

Pourquoi cette décadence et ces gros échecs de la presse étatique ? Parce qu’ils reproduisent, sur injonction devinée, et à chacun sa manière de brosser, les mêmes travers, les mêmes perversités, les mêmes mensonges, les mêmes harangues et les mêmes flatteries sur le régime régnant qu’ils servent. On ne peut pas, en même temps, flatter et encenser un régime sale et corrompu et s’attendre à des réussites commerciales ou à des hommages et reconnaissances populaires. La moindre des conséquences serait, de toute évidence, de ne point lire ces journaux aussi dévergondés. C’est le seul destin de ces journaux dits publics que presque plus personne ne lit mais qui survivent, hélas, grâce à l’argent et aux moyens de l’Etat, c'est-à-dire du contribuable. A cela s’ajoutent les frais d’impression et de distribution qui, bien souvent, restent en ardoise.

L’APServices

Je ne m’étalerai pas trop sur le sujet. Disons simplement que pour l’essentiel, l’agence de presse algérienne fonctionne avec les mêmes réflexes et les mêmes travers que les autres organes de presse dits publics. Sauf qu’elle présente l’originalité d’être reprise essentiellement par les organes de la même maison gouvernementale c'est-à-dire H’na fi H’na avec les mêmes ronrons que la « voie de son maître » Son taux de reprise par les grands titres de la presse commerciale est quasi nul. Cela s’explique par la non diffusion ou plutôt la diffusion très restreinte de certaines dépêches dites sensibles. Il s’agit de ces fameuses dépêches dites confidentielles et codées HS portées à la seule connaissance des dirigeants de l’entreprise qui en font une rediffusion très sélective et très calculée. Ce type d’informations spéciales contraint parfois certains le journaliste localier (en poste à l’étranger surtout) à des comportements et à des productions para journalistiques qui l’apparentent bien plus à un travail de RG qu’à celui de journaliste. C’est pourquoi certains journalistes de la centrale, non sans ironie, en parlant d’APS prononcent plutôt APServices.

L’ANEP ou le gaspillage de l’argent de la vieille

Une instruction d’un chef de gouvernement oblige les entreprises et les institutions publiques, ministérielles incluses, à passer par l’ANEP pour l’exécution de tous leurs programmes publicitaires, soit un chiffre d’affaires global cumulé de près de trente milliards de Dinars. Cette manne publicitaire est dispatchée par l’ANEP à sa guise et selon ses propres critères ; en apparence du moins. Parce qu’en réalité il existe des donneurs d’ordres pour choisir les heureux éligibles à cette cagnotte publique. Ces donneurs d’ordre sont le DRS, la présidence de la République et plus spécialement $aïd Bouteflika, le ministère de la communication, quelques généraux, des membres et/ou proches de Bouteflika. Qui en profite à coups de dizaines de milliards par an ? Tous les nouveaux titres privés (42) créés pour la circonstance, ainsi que tous les titres de presse dits publics. Qui sont-ils ces gros mangeurs à la louche de l’argent public de l’ANEP ? On y trouve de tout : hommes politiques du pouvoir cachés derrière des prête-noms familiaux, des proches de $aïd le Touche-à-tout, des trafiquants notoires, des anciens officiers supérieurs, des maîtresses de généraux, une veuve joyeuse ne sachant pas lire un journal, toute une basse-cour à longues plumes qui partagent la particularité très spéciale de tremper dans les encriers glauques et sale du soutien total et inconditionnel au clan payeur.

L’autre particularité de ces journaux privés entièrement financés et imprimés avec l’argent public c’est qu’ils ne sont pas lus. Certains titres sans lecteurs ne sont même pas enlevés de l’imprimerie publique. Le seul bonheur connu qu’ils rendent est celui qu’ils donnent aux marchands de sardines, aux laveurs de carreaux et aux recycleurs de papier tunisiens. Du gâchis de papier journal importé pour imprimer des journaux privés que personne ne lit. Ça se passe comme ça dans la maroquinerie! Un seul député à nom prêté, a empoché la bagatelle de 49 milliards de centimes pour un journal illisible, invisible et introuvable parce qu’absent des kiosques. La veuve joyeuse qui ne sait lire un journal mais en fabrique perçoit, par la grâce du canapé, 08 milliards de centimes/mois.

On comprend mieux maintenant pourquoi ces gens-là ne veulent pas que ça change et qu’ils s’agitent bec et ongles, de vrais enragés, pour un quatrième mandat ! Les roches tarpéiennes ne sont jamais loin, camarades voleurs !

Heureusement qu’ils sont nuls

Les moyens médiatiques étatiques installés et les 26 000 salariés (y compris les personnels d’appoint des institutions publiques) permettent théoriquement une production de 12 millions/heure d’ODV (Occasion De Voir) tous genres et tous supports confondus. Ce qui représente théoriquement une force d’influence et de persuasion considérable. Mais comme les discours médiatiques produits par ces supports gouvernementaux sont, à la source, altérés, dégradés et peu crédibles, leur audience s’en trouve fortement pénalisée donc à nocivité et nuisance atténuées par leurs propres nullités. Mais ils restent fondamentalement nuisibles pour les masses populaires endormies et trompées.

Cette situation de régression générale des médias étatiques s’explique aussi par un mode de recrutement des cadres dirigeants aussi pervers et dévoyé que les contenus produits. En gros, pour faire tourner ses unités médiatiques selon ses caprices, ses désidératas et ses intérêts, le pouvoir a besoin de personnels allégeants, fidèles, serviles, obéissants et devançant les attentes du chef. Il s’en trouve que les critères de qualification professionnelle, d’expérience ou de compétence entrent très peu ou rarement dans le choix des dirigeants d’entreprises de presse publiques. Ces exigences professionnelles en vigueur dans les pays normaux, sont remplacées en Algérie par des profils d’inspirations féodales et tribales. On devient directeur ou directeur général d’un organe public de presse selon la loterie et les générosités du canapé, la bonne wilaya de naissance, les faveurs de Saïd, le parrainage d’un gros général, l’allégeance et la soumission totale au clan. Sorti de ce canevas tribal, il n’y a aucune chance de devenir DG d’une entreprise publique de presse malgré les hautes compétences dont on peut faire preuve. Le diplôme de la tribu est supérieur à tous les autres. Il n’y a que celui du canapé qui le concurrence assez. Ce sont les belles mœurs de la maroquinerie bouteflikienne.

Et comme chaque système produit et reproduit par bouture ses propres bouffons, il se trouvera toujours des crétins journalistes d’occasions, des panseurs, en plus des laudateurs institutionnels, Sellal en tête, pour dire et écrire que l’année 2013 aura été la plus belle des Bouteflika. Oui, assurément, c’est vrai; ils auraient dû finir en prison ; ils sont encore et toujours dans les palais du pouvoir. Du pur bonheur pour ces malfrats associés par le ventre et protégés par des solidarités et des immunités de clan. Donc, et pour faire court, à chaque régime ses bouffons. Et à Bouteflika les siens ; petits, piteux et pitoyables à la manière des vendeurs de réclame des Sawaris d’Alger.

Parce que le pouvoir de Bouteflika est naturellement porté à fonctionner avec toutes les mafias connues: locales, régionales, nationales et internationales. Rappelons-nous le tout dernier scandale du limogeage du chef de sûreté de Wilaya de Tizi-Ouzou. La mafia locale (rabatteurs électoraux du clan) dont il dérangeait les intérêts a exigé et obtenu sa tête ! Quel organe dit public en a parlé ? Et ces rappeurs et blogueurs jetés en prison, quel organe dit public en a parlé ? Aucun. Etc.. Etc..

Bouteflika a bien fait siéger dans son gouvernement des bandits de hauts vols (Pierre Falcone, gros trafiquant d’armes, inscrit au banditisme international ) C’est bien Pierre Falcone, bandit international et ami de Mohamed et Farid Bedjaoui, qui a fait passer au bénéfice des Chinois le marché de l’autoroute Est/Ouest. Bouteflika pouvait-il l’ignorer ? Non, jamais. Quel organe dit public en a parlé ? Aucun.

2013 aura été l’année des confirmations des hautes corruptions impliquant la famille Bouteflika, les amis Bouteflika et le clan dans son ensemble, c'est-à-dire les servants Bouteflika ; une association très peu qualifiée pour proposer un paysage médiatique sain, épanoui et aimé de tous les Algériens.

Faut-il rappeler par ailleurs que les meilleures télévisions et radios du monde restent des chaînes publiques comme La BBC britannique, la NHK japonaise, ARD allemande, les SVT suédoises, FR3 et ARTE France et bien d’autres. Ceci pour dire qu’un secteur audiovisuel public algérien, attractif et performant, est parfaitement possible et viable en Algérie pour peu que le cadre politique qui l’autorise soit assaini et apte à la mission. Ce n’est pas en faisant main basse et en opérant des hold-up permanents sur les médias publics en en faisant un usage privatif et personnel qu’on répondra aux vieilles attentes médiatiques des Algériens. Plus que le cygne, Bouteflika n’a dit la vérité que deux fois : Pour dire qu’il a échoué et, aussi, TAB DJNANOU.

A. M.

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Commentaires (4) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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Amchoum Amghar

Parlons bilan puisque c'est la fin de l'exercice 2013. Mais pas le bilan que voulais faire dorer Mr Sellal. OK? Allons-y. Bouteflika a tenu durant toute l'année 2013 2 conseils des ministres d'environ 2 heures chacun (au maximum) soit 4 heures au total du 1er janvier au 31 décembre 2013. 4 heures x 60 X 60 = 14 400 secondes. 14 400 : 365 = 39. Bouteflika a donc travaillé en moyenne 39 secondes par jour. Pour calculer à combien reviennent ces 39 secondes à l'état algérien il faudra connaitre son salaire, celui de son frère et de tous les autres conseillers qui ne sont finalement là à longueur d'année que pour ces 39 secondes. Il vous dira avec cela qu'il est là pour servir le pays. Bien sûr Bien sûr grand patriote!

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