Egypte : l'opposition pose ses conditions pour le référendum

Le président Morsi veut passer en force.
Le président Morsi veut passer en force.

A deux jours du début du référendum sur l'adoption d'une nouvelle constitution en Egypte, l'opposition au président Mohamed Morsi a présenté plusieurs conditions sur sa participation au scrutin.

Les opposants au chef de l'Etat islamiste, issu des Frères musulmans, hésitent entre deux stratégies: le boycott pur et simple de cette consultation convoquée, selon eux, à la hâte ou une mobilisation pour tenter de repousser un texte qui risque de placer la vie politique dans un corset religieux, estiment-ils.

Partisans et adversaires de Morsi se sont affrontés, parfois de manière violente, depuis que le président a élargi unilatéralement ses pouvoirs par décret le 22 novembre. Les violences ont fait sept morts et plusieurs centaines de blessés et ont incité l'armée à sortir de son rôle d'observateur pour jouer la carte de la médiation entre les deux camps. Les militaires, qui ont toujours disposé d'une grande influence dans la vie politique égyptienne, ont appelé partisans et adversaires de Morsi à des négociations sur l'union nationale avant d'annuler cette initiative mercredi.

L'opposition a indiqué qu'elle optera pour le boycott du référendum si le déroulement n'est pas garanti par la présence de magistrats dans les bureaux de vote, si la sécurité des électeurs n'est pas assurée et si des observateurs locaux et internationaux ne sont pas mobilisés. Les opposants souhaitent également que le vote se déroule comme prévu sur une seule journée, samedi, et non sur deux, les 15 et 22 décembre comme l'a finalement décidé le gouvernement. La presse locale a expliqué que le vote a été réparti sur deux jours en raison du manque de magistrats nécessaires pour surveiller le déroulement des opérations électorales.

Les autorités égyptiennes risquent d'avoir du mal à satisfaire ces demandes. "Nous allons voter 'non'", a lancé l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, figure de l'opposition. Hamdeen Sabahy du Front populaire (gauche) a déclaré: "Le Front a décidé d'appeler les gens à participer au référendum et à rejeter ce projet de constitution et à voter "non". "Si ces garanties ne sont pas assurées le jour du référendum samedi, nous nous retirerons", a-t-il ajouté. Les Egyptiens résidant à l'étranger ont commencé à voter mercredi dans les ambassades. Chaque électeur reçoit une marque à l'encre au doigt après avoir déposé un bulletin dans l'urne afin d'éviter les fraudes.

Une participation de l'opposition au référendum pourrait contribuer à un apaisement des tensions dans la rue et offrirait une légitimité accrue à la Loi fondamentale si elle était adoptée. Pour les opposants, le projet rédigé par l'assemblée constituante dominée par les islamistes ne reflète pas les aspirations des 83 millions d'Egyptiens près de deux ans après la chute d'Hosni Moubarak. Les opposants vont valoir que les religieux musulmans obtiendraient un rôle accru dans la rédaction des lois, ce qui menacerait les droits des minorités, y compris les chrétiens qui représentent 10% de la population.

Les partisans de Morsi soutiennent que ce texte est indispensable pour poursuivre la transition démocratique, certains souhaitant débarrasser l'administration des personnels nommés sous l'ère Moubarak et qui continuent de s'accrocher au pouvoir. Les islamistes qui ont remporté les élections législatives et la présidentielle sont convaincus qu'ils peuvent obtenir une nouvelle victoire dans les urnes, de bon augure avant le scrutin parlementaire prévu en 2013.

Avec Reuters

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