Intervention dans l’Azawad : Alger de plus en plus isolé

Les forces spéciales américaines étaient présentes en 2010 pour former l'armée malienne.
Les forces spéciales américaines étaient présentes en 2010 pour former l'armée malienne.

Alger aura tout essayé pour récupérer Ansar Eddine et éviter une intervention militaire africaine dans la région de l’Azawad. En vain. Les boutefeux s'avèrent plus puissants.

Comme argument de dialogue, les autorités algériennes tentent depuis plusieurs mois de peser sur Ansar Eddine, un des groupes islamistes qui contrôlent la région de l’Azawad. Pour rien. Iyad Ag Ghaly, son chef pourtant bien en vue à Alger, s’est montré inflexible devant les négociateurs algériens qui voulaient faire infléchir sa propension à l’islamisme radical. Au grand dam d'Alger, à maintes reprises, il a confié posséder plus que des affinités avec Aqmi.

L'autre grand perdant est incontestablement la population de l'Azawad. A contrario, le Mali semble avoir gagné la partie en réussissant à gagner à sa cause la Cédéao et la communauté internationale. Au détriment de qui ? Des touaregs évidemment. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la population qui habite cette région de l’Azawad a été diaboliquement écarté de la table des négociations de la Cédéao  et du pouvoir malien. C’est juste si l’on a daigné inviter ou écouter d’une oreille distraite son représentant le plus légitime : le MNLA. Mais que cache cette volonté de mise à l’écart du Mouvement national de libération de l’Azawad ? Peut-on raisonnablement conduire une équipée militaire dans ce vaste territoire désertique sans le consentement ni la participation des premiers concernés, ses habitants ?

Devant la poussée militariste africaine, téléguidée par une France soucieuse sans doute de garder la main sur l’uranium et autre matières premières dont la région regorge, l’Algérie a péché par un manque de clairvoyance. Il est une évidence : depuis la révolution tunisienne, la diplomatie algérienne a montré ses limites. Elle a été non seulement incapable d’anticiper les bouleversements régionaux, mais elle n’a même pas su se reprendre à temps, préférant ruer dans les brancards, ce qui n’a pas été sans quelques échanges plutôt aigres avec notamment les nouvelles autorités libyennes.

L'échec diplomatique recommence avec l'Azawad. Militairement, l'Algérie s'était pourtant beaucoup investi dans le Comité des états-majors conjoints (Cémoc) qui réunit la Mauritanie, Niger, Mali et l'Algérie. Malgré toutes les déclarations lénifiantes, cette force qui se résume à son état-major n'a aucun prolongement sur le terrain. Pourquoi ce mécanisme militaire s'est montré incapable de protéger l'un de ses membres ? Quelle est finalement son utilité si ce n'est pour consommer des crédits ?

Le syndrome d’El Mouradia 

Dans la question malienne, après avoir longtemps tergiversé avant d’être dépassée par l’entregent de la diplomatie ouest-africaine, voilà qu’Alger brandit l’unique réponse : fermer ses frontières. C’est la seule solution qui lui restait.

"L’Algérie anticipera toutes les évolutions possibles au niveau de la région du Sahel et elle prendra, en conséquence, et souverainement les mesures appropriées pour assurer la défense de ses intérêts et la protection maximale de ses frontières", a souligné M. Belani dans une déclaration à l’APS. Aux frontières fermées avec le Maroc, se sont ajoutés les 900 km avec la Libye et maintenant, ce sont les 1400 km de la frontière avec le Mali qui seront hermétiques à toute entrée ou sortie. A l’image d’un président qui s’enferme dans son palais, ne sortant plus à l’intérieur du pays et ne faisant plus de voyage à l’étranger, l’Algérie se bunkérise, s’enferme, à défaut d’influer sur ses voisins.

Selon le président de la Commission de la Cedeao, Kadré Désiré Ouedraogo, les autorités algériennes ont "assuré qu'elles fermeraient leurs frontières" en cas d'intervention militaire africaine pour reconquérir le nord du Mali. "Les autorités algériennes ont déjà assuré qu'elles fermeraient leurs frontières", a déclaré Kadré Désiré Ouedraogo à des journalistes, en marge d'une table ronde sur le Niger à Paris.

Interrogé sur les réticences d'Alger vis-à-vis d'une intervention militaire étrangère à ses portes, Kadré Désiré Ouedraogo a souligné qu'Alger avait participé à toutes les réunions de préparation d'une intervention africaine orchestrée par la Cedeao (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest). "L'Algérie a toujours été à nos côtés. Je suppose qu'elle partage nos vues et nos appréciations" de la crise malienne, a-t-il tenté de justifier.

Une solution politique ?

Pays africains et occidentaux pensent avoir obtenu si ce n'est le soutien, du moins l'accord d'Alger à une intervention militaire. Alger affirmait qu'elle avait la même analyse que la France et les Etats-Unis, pourtant dans les faits, il y a loin de la coupe aux lèvres. Pendant que Paris et Washington pressent la Cédéao de présenter un plan militaire, l'Algérie a de nouveau plaidé pour une solution politique pour résoudre la crise malienne.

"Nous n'avons cessé de souligner qu'une sortie de crise par un dialogue à engager entre les autorités maliennes et les groupes de la rébellion au nord du Mali est tout-à-fait possible", a déclaré le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères Amar Belani, dans un courriel adressé à l'AFP. Quand Alger parle dialogue, Bouteflika pense Ansar Eddine, un des pendants narco-islamistes qui écument le Sahel mais qui demeure encore dans les grâces du président. L’Algérie n’évoque aucunement le MNLA, accusé de séparatisme. Pire, les ponts sont coupés entre ce mouvement touareg et les autorités algériennes. Pourtant, c’est bien le MNLA qui a ouvert la boîte de Pandore malienne, en chassant l’armée de Bamako de l’Azawad. A l'époque, le pouvoir à Bamako rongé par la corruption et les affaires de drogue est tombé comme un fruit pourri. Qu’importe aujourd'hui, tout aussi anti-islamiste et laïque qu’il est, le MNLA ne rentre pas dans le calendrier des va-t-en-guerre.

En attendant cette "reconquête" militaire, dont certains la projettent pour la fin du printemps 2013, (rien n’est prêt, si ce n’est l’impatience de Bamako à en découdre), l’Algérie paraît en complet décalage avec la Cédéao, les USA et la France réunis. Dans sa volonté de dialoguer avec les islamistes, elle a tourné le dos aux acteurs les plus influents du Sahel. 

Hamid A.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Arris

Bouteflika veut lacher les Touareg tout en faisant croire au toureg qu'il ne les lache pas !!

La guerre contre les berberes continue.

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amazigh zouvaligh

Le pouvoir arabo islamo terroriste d'Alger ne peut s’accommoder là ou il ya la démocratie, l'autonomie;la séparation du politique et du religieux, il ne peut se retrouver dans un état de droit, dans un projet de société moderniste, il n'en veut pas; lui il pêche dans l'eau trouble, là ou tout y a anarchie, économie de bazar, ghettoïsation de la culture, monolinguisme, une seule religion, une seule culture archaïque et primitive ou l'on spécule sur le sexe des anges, sur le licite et l'illicite, ou la religion tient le dessus, car l'islamisme étant efficace pour l'endoctrinement et l'abrutissement des peuples. Le clan d'Oujda ne veut pas citer le MNLA, si non on va faire le parallèle avec le MAK de Ferhat, il a peur de perdre le contrôle du pays, d'ailleurs qui est très proche, n'en déplaise à nos dictateurs, votre fin est très proche!