Ne vous déplaise : les enfants des dirigeants s’apprêtent à investir le Parlement ! (II)

Le Matin 10-02-2017 23942

Ne vous déplaise : les enfants des dirigeants s’apprêtent à investir le Parlement ! (II)
Malgré les scandales, en haut lieu on se soutient ferme pour ne pas tomber

…La génération "Annouche" veut donc porter le flambeau des papas truands ?

Ce qui choque profondément, c’est que ce genre de révélations ne va choquer personne ! Ni provoquer un léger soubresaut interne, ni un écarquillement d’yeux, pas même une petite palpitation cardiaque. Et c’est la mort dans l’âme que nous constatons chaque jour, un peu plus, la mort des cœurs de ce peuple vaillant en d'autres temps !

La "hogra" à la recherche de son âme révolutionnaire perdue!

Mais que peut-on attendre après tout, d’un peuple qui songe à son visa, comme on rêve de "la quille". D’une jeunesse qui s’entasse sur les trottoirs des ambassades ou qui se cotise, pour acheter une chaloupe qui l’emportera, une fois sur deux, dans l’au-delà. Un peuple qui s’abreuve d’adages comme on consomme les anxiolytiques : un "Allah ghaleb" soupiré, est le maximum syndical de l’indignation à espérer !

Face à la coercition des "confisqueurs" de son indépendance, l’Algérien a perverti jusqu’au sens digne du mot "hogra", ne gardant que la perception humiliante du terme. Autrefois, un véritable mécanisme de révolte, utilisé comme moteur pour l’insurrection anticoloniale, le mot "hogra" est devenu dans la bouche de millions d’Algériens un aveu d’impuissance et de soumission !

Telle une plaignante désœuvrée, la masse populaire est réduite 50 ans plus tard à la mendicité, réclamant sporadiquement par jet de pierres, de l’huile, du lait ou du sucre. Il ne se passe pourtant pas une discussion sans que le mot "hogra" ne sorte tel un "spam" de la bouche d’un de vos interlocuteurs. Celui-là l’utilisera pour justifier son chômage chronique, l’autre pour raconter ses déboires judiciaires, scolaires, sanitaires ou pour expliquer ses années perdues à attendre une attribution d’un logement synonyme d’un hypothétique mariage.

Un peuple "mahgour" mais "haggar" (opprimé, mais oppresseur)

Le malheur est que ce même "peuple humilié", exerce lui-même la "Hogra", à chaque fois qu’il en a l’occasion. Lors d’une intervention sur les ondes d’une télé "poubelle", le commentateur Hafid Derradj faisait remarquer, très justement, à une assemblée d’excités, qui faisaient allégrement le procès de Raouraoua, après l’élimination de la CAN, que les Algériens étaient "haggarine et mahgourine", car ils n’avaient le courage de s’attaquer qu’aux faux problèmes et aux plus fragiles.

Aveugles des détournements de fonds, des scandales financiers, des panamas papers de Bouchouareb, des appartements de Sellal, de Saadani et de tant d’autres en France. Complices par leur silence de l’assassinat de Boudiaf, de Matoub et des 126 jeunes Kabyles tués par des gendarmes. Spectateurs de la guerre de succession de Bouteflika, des manigances de son frère Saïd, des emprisonnements arbitraires d’activistes, de bloggeurs ou de journalistes. Témoins veules d'étudiants en grève de la faim pour un enseignement digne au sein de leur Ecole des beaux-arts !

Témoins impuissants du retour triomphal de Chakib khelil, des scandales planétaires Sonatrach 1 et 2, de l’autoroute Est-Ouest, de Dounya Parc et des stades en friche, devenus des haut lieux de malversations et de magouilles.

Les Algériens seraient-ils devenus ce que prétend Hafid Derradji ? Des "mahgourine hagarines", qui voient le mal et en détournent lâchement le regard ? Il y a de fortes chances que ça soit le cas. D’autant plus qu’avec le foisonnement de scandales, l’effet saturation accentue l’inversion des valeurs, et augmente la confusion entre ce qui est révoltant et ce qui ne l’est pas !

Hebib Khalil

Lire la première partie : Ne vous déplaise : les enfants des dirigeants s’apprêtent à investir le Parlement ! (I)

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