Moines de Tibhirine: de nouveaux éléments découverts

Les moines de Tibhirine ont été enlevé par un groupe armé nuit dans la nuit du 26 au 27 mars 1996,
Les moines de Tibhirine ont été enlevé par un groupe armé nuit dans la nuit du 26 au 27 mars 1996,

Sept moines français, enlevés à Tibhirine, en Algérie, en 1996, ont vraisemblablement été tués plusieurs semaines avant la date avancée dans la revendication envoyée par le Groupe islamique armé (GIA), selon une expertise judiciaire dont l'AFP a eu connaissance jeudi.

L'assassinat des sept moines de Tibhirine en 1996 dans le massif de Médéa suscite toujours interrogations et rebondissements en France. Selon les derniers éléments d'explication donnés par le juge Marc Trévdic, seules les têtes avaient été retrouvées et leur analyse évoque l'hypothèse d'une décapitation après les décès qui avaient provoqué une vive émotion en France.

Trois thèses coexistent pour expliquer ce crime: la version officielle algérienne d'un acte imputable au Groupe islamique armé (GIA), celle d'une bavure de l'armée algérienne, ou celle d'une manipulation des services militaires algériens pour discréditer le GIA ou se débarrasser des moines, enlevés dans leur monastère dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. La région était à l'époque le théâtre de nombreux massacres et attentats à la bombe menés notamment par le GIA de Djamel Zitouni. Un autre groupe tenait aussi le maquis : la Ligue islamique de la daawa et le djihad (LIDD).

L'hypothèse d'un décès entre le 25 et le 27 avril 1996, tel qu'il est évoqué dans une pièce de procédure, apparaît vraisemblable, selon les conclusions de cette expertise datée de lundi et présentée jeudi aux proches des sept moines assassinés. Ce délai ne peut que renforcer les interrogations des familles, qui doutent de la thèse officielle.

Les auteurs d'un communiqué signé du GIA rendu public le 23 mai 1996 et daté du 21 avaient revendiqué les assassinats et affirmé avoir envoyé, le 30 avril 1996, un messager à l'ambassade de France pour confirmer que les moines sont toujours vivants, ainsi qu'une lettre qui précise la façon de négocier. Ces dates ne concordent pas avec l'expertise, dont les résultats ont été présentés jeudi aux familles par le juge antiterroriste français Marc Trévidic. Autre élément troublant qui renforce la thèse d'une manipulation pour masquer les causes de la mort des religieux: les résultats des examens des têtes des moines plaident en faveur d'une décapitation post mortem, selon l'expertise.

Les têtes, retrouvées au bord d'une route le 30 mai 1996, ont sans doute été exhumées pour être de nouveau enterrées: Les éléments botaniques et la présence de terre différente de celle du cimetière de Tibhirine observés dans et sur les crânes sont en faveur d'une première inhumation, estiment les experts.

En l'absence des corps qui n'ont jamais été retrouvés, la cause des décès ne peut pas être affirmée, mettent-ils toutefois en garde. Il est retrouvé des lésions évocatrices d'égorgement chez trois d'entre eux, égorgement suffisant pour être à l'origine directe de la mort, notent-ils aussi.

En revanche, les têtes ne présentent pas de traces de balles, ce qui fragilise la thèse d'une bavure de l'armée algérienne qui aurait tué par erreur les moines en tirant depuis un hélicoptère sur un bivouac jihadiste. Cette thèse a été évoquée, un temps entre autres, par un ancien attaché militaire français à Alger.

De même, les experts, qui s'étaient rendus en Algérie en octobre avec le juge Trévidic pour exhumer les têtes des moines, n'ont pas relevé de lésions pouvant correspondre à des coups portés directement par objet contondant. Mais, là encore, en raison de l'absence des corps, il n'est pas possible de dire s'il y a eu (...) des mauvais traitements, coups ou tortures. Les experts regrettent que les autorités algériennes ne les aient pas laissés ramener les prélèvements faits sur place.

Avec AFP

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Bachir Ariouat

J'espère qu'il finira dans une cage à lapin, pour qu'il s'en rends compte qui est-ce que c'est d'être privée de sa liberté, qu'il endure autant qu'il en a fait subir au peuple Algérien, ce qu'il faut souhaiter est qu'il y'aura des copains à lui qui vont suivre, qu'ils finissent pour les crimes qu'ils ont commis, qu'il y est une justice quelque part sur cette terre, non pas pour se venger des islamistes, j'espère que eux paieront leurs crimes et violences et viols qu'ils ont perpétrés durants les années noirs de l'Algérie.

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karim Aït Aïssa

La décennie noire est un conflit majeur à l’échelle de l’Humanité dont la singularité fait qu’il annonçait les prémisses du monde tel qu’il advint aujourd’hui, même si on tarde encore à l’admettre. Elle est née des germes de ce vaste programme de division tout aussi inodore que méthodique des Algériens –les Kabyles sont les plus touchés par ce phénomène- par les 132 années d’un colonialisme abject dont on assiste à une fulgurante renaissance par le fait d’une politique de la terre brûlée suite à une... attaque cérébrale fatale !

La décennie noire avait été inspirée, entretenue, manipulée en sous-main et canalisée, subtilement il faut le reconnaître, suivant un plan destiné à créer délibérément un climat de violence politique cela dans le but de favoriser, tout aussi subtilement la cooptation -soit l’année du lancement de l’Euro- du plus grand lobbyiste de notre époque.

Certains Algériens au fait des réalités évanescentes de leur pays n’ont commencés à comprendre le scénario qu’après consolidation du pouvoir de Abdelaziz Bouteflika, dont le complot de l’assassinat des moines de Tibhirine a été déterminant.

L’affaire des moines de Tibhirine n’est qu’une pièce du grand puzzle appelé Décennie noire. C’est une affaire de l’État algérien. ck