Bouteflika derrière l’inquisition et la lutte contre l’évangélisation

Bouteflika derrière l’inquisition et la lutte contre l’évangélisation

Comment en sommes-nous arrivés à cette « affaire Habiba » ? Qui pilote la politique d’inquisition et de haine ? Et à quelle fin politique ?
Retour sur l’année 2007 pour souligner le rôle central du président Bouteflika dans cette nouvelle phase de dérapage.

Eté 2007 : La présidence de la République met sur pied une cellule des services de sécurité spécialisée dans la surveillance des activités d’évangélisation en Algérie, et destiné à faire face à ce qu’on a appelé « une croisade » dans trois wilayas : Tizi Ouzou, Mascara et Sidi Bel-Abbès, ainsi que certaines régions du Sud.
Le président de la République reçoit, en janvier 2008, le rapport élaboré par la cellule . El-Khabar, qui cite des « sources sûres », souligne que ce rapport détaillé sur l’évangélisation, élaboré par des cheikhs et des ulémas comprend une série d’étapes afin de faire face au phénomène dans les régions où il prolifère, d’après des enquêtes approfondies qui ont duré une année entière. Le plan dont El Khabar a obtenu une copie propose de créer « une commission pour la lutte contre la christianisation » constituée de cinq groupes, dont l’un est chargé de la coordination avec la présidence de la République et la Chefferie du Gouvernement afin de «réagir devant la croisade ».
Des sources au fait de l’affaire ont même précisé que la dite commission a été présentée au président Abdelaziz Bouteflika, et les imams engagés dans la lutte contre l’évangélisation devaient obtenir l’appui du président.

Octobre 2007 : Le président dévoile la maquette de la Grande mosquée. Elle aura le plus haut minaret du monde (300 mètres) ; elle pourra accueillir 120.000 fidèles ; elle sera la 3e plus grande du monde après celles des lieux saints de l'islam, la Mecque et Médine et elle coûtera autour de 3 milliards de dollars : c’est la future Grande mosquée d’Alger, déjà surnommée « mosquée de Bouteflika ».
Depuis 1962, l'Algérie a mis en chantier une mosquée par jour. Elle en compte actuellement 15.000 en activité et 3.400 en construction, selon les chiffres officiels.

Octobre 2007 : Deux militaires algériens, âgés de 21 et 22 ans, arrêtés en flagrant délit de « non respect du Ramadan », sont condamnés à de la prison ferme par un juge du tribunal de Guelma. Poursuivis pour « atteinte aux valeurs de la religion » et accusés de « manque de respect à l’islam », ils ont été condamnés l’un à six mois de prison ferme et d’une amende de 30.000 dinars et l’autre à six mois de prison avec sursis, et d’une amende de 30.000 dinars également.

Liberté (Algérie) constate : « On voit cette Algérie glisser de Mahmoud Derwiche et sa poésie éclairée de la révolte palestinienne à Samy Youcef, un obscur chanteur azeri, applaudi par Khalida Toumi, ce qui est incongru, et par Ben Bella, ce qui est prévisible, dans la salle omnisports devenue une nuit de Ramadhan l’écrin du crypto-islamisme BCBG. On constate qu’une prof de français souffre en silence, dans un lycée d’Alger, de la haine de petits “talibans” qui refusent le savoir, surtout porté et inculqué par une enseignante sans foulard. On constate que les mosquées sont prises d’assaut, pas pour les tarawihs, mais pour ce rite qui consiste à se claquemurer dans l’enceinte des lieux du culte durant dix jours avant l’Aïd, s’appropriant l’espace sacré pour tous pour des pratiques d’un autre islam, inconnu du rite malékite. On voit que des adolescents s’échangent des textos et SMS qui prônent le prosélytisme venant de serveurs en… Tchétchénie.

« Bouteflika contribue à l’islamisation rampante »

« L’Etat contribue à l’islamisation rampante » commente le site MediArabe Info à propos de l’épisode des deux militaires. « Cette sévérité des sanctions intervient alors que le pays connait une islamisation systématique des mœurs, accélérée par le président Bouteflika qui caresse les islamistes, qui leur tend la main et qui multiplie les gages à leur égard. Après avoir opté pour la clémence vis-à-vis des terroristes qui se rendent, et après avoir généralisé l’enseignement islamique, désormais obligatoire au baccalauréat dès la rentrée 2008, Bouteflika a lancé le projet de construire la troisième plus grande mosquée au monde après celles de la Mecque et de Médine (pour certains, il s’agira de la quatrième plus imposantes après celle construite récemment aux Emirats arabes unis). Cinq bureaux d’architectes internationaux ont déposé leur projet et Bouteflika doit trancher avant la fin du Ramadan. La Grande mosquée d’Alger, destinée à marquer l’histoire de l’ère Bouteflika, coûtera plus de 3,5 milliards de dollars. Elle sera dotée d’un minaret de 300 m. de hauteur, un centre culturel et des salles de conférence. Cet édifice pourra accueillir au total 120.000 fidèles. Certains Algériens regrettent que ces fonds ne puissent financer des logements ou des infrastructures indispensables, alors que le pays manque cruellement d’habitations et où le chômage atteint des taux inquiétants, et où la pauvreté ne cesse de s’étendre... »

Les objectifs de Bouteflika

Les objectifs de Bouteflika dans cette inquisition et cette islamisation rampante relèvent d’une seule ambition : renforcer son pouvoir en apparaissant comme le prophète, en « récupérant » l’influence des partis islamistes sur une bonne partie de la société algérienne.

Renforcer son pouvoir en tablant sur l’asservissement de la société par la religion, en accentuant les rivalités interconfessionnelles et en accentuant l’allégeance tribale.
La lutte contre l’évangélisation lui permet d’accentuer les rivalités interconfessionnelles et d’en jouer. Bouteflika sait que la société algérienne est à la fois travaillée par des tensions entre majorité sunnite et minorité non sunnite, entre majorités arabes et minorités non arabes, entre Arabes et Africains, entre Arabes et Berbères… Il va s’en servir, en apparaissant comme le défenseur de la majorité musulmane.
Bouteflika sait aussi que cette société est dominée par le tribalisme. C’est la seule influence qui s’exerce vraiment. Sous la couche superficielle de modernisme, l’allégeance tribale n’a pas cédé un pouce de son influence sur les individus, les sociétés et la politique. Car, dans un monde arabe où une démocratie de façade a été octroyée par les régimes despotiques en place, les partis se sont vite retrouvés à représenter non pas des tendances politiques, mais des entités confessionnelles et tribales. Au final, seules les apparences changent : les appellations sont nouvelles, les allégeances immuables.
Cela explique le combat de Bouteflika contre la laïcité et contre la démocratie.
Il redoute la première parce qu’il sait qu’il n’existe pas de système de valeurs autre que la laïcité, susceptible d’organiser des relations saines entre ces différentes entités dans les champs politique, culturel et social. Et si toutes les tentatives de démocratisation dans le monde arabe ont systématiquement avorté, c’est que, en l’absence de culture laïque bien ancrée, le fossé à franchir est trop vaste.
Il redoute la démocratie car elle stabiliserait les choses. En substituant des modalités pacifiques à la violence, elle résoudrait les tensions politiques et empêcherait qu’elles ne dégénèrent en affrontements sanglants. Les partis représenteraient alors des tendances politiques et non plus des entités confessionnelles et tribales.
Bouteflika tablera sur les rivalités interconfessionnelles et sur le tribalisme aussi longtemps que son pouvoir l’exigera. Il encouragera l’obscurantisme et combattra la laïcité car il sait qu’elle nous débarrassera de ces différentes allégeances et réhabilitera les principes de la citoyenneté laïque et de l’égalité fondamentale entre citoyens, la laïcité devient pour nous une nécessité absolue. Elle seule nous permettra de sauvegarder ce qui reste de nos sociétés, avant que leur tissu ne soit irrémédiablement détruit par des explosions sanglantes toujours renouvelées. Et elle est indispensable pour que puisse s’instaurer une démocratie véritable, seule susceptible d’apporter enfin la paix civile et la coexistence entre individus considérés en tant qu’individus et citoyens, et non en fonction de leur origine communautaire, de leurs croyances ou de leurs choix politiques. A défaut de quoi nous nous condamnons à labourer indéfiniment une mer de sang.

L.M.

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Commentaires (35) | Réagir ?

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ca21dz

C'est une bonne chose si Boutef veut devenir Prophet, car c'est ce qu'il ne manque

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Savoune Guemsilen

Pour tous ceux qui ont douté de Benchicou, le temps est venu leur expliquer qu'il avait raison à 200%. Il ne s'est pas trompé d'un iota sur le compte de l'usurpateur. L'Algérie et les Algériens ont honte de voir ce que l'ignorance du tyran malade leur fait vivre. Quelque soient nos défauts, nous méritons pourtant mieux que ce que le sale temps nous a réservé.

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