Louisa Hanoune veut être la boussole du gouvernement Sellal

Louisa Hanoune veut indiquer les voies à suivre au gouvernement Sellal
Louisa Hanoune veut indiquer les voies à suivre au gouvernement Sellal

Après avoir salué la nomination du gouvernement Sellal il y a quelques jours à peine, Louisa Hanoune, la patronne du Parti des travailleurs passe à l'aigre-doux. Elle veut orienter la nouvelle équipe gouvernementale qui s'apprête à soumettre son "plan d'action" ce mardi à l'Apn.

Louisa Hanoune aurait-elle bradé en un tour de main ses éloges appuyés à l'adresse du nouveau gouvernement dès sa nomination et à l'endroit du Premier ministre qualifié de "homme du changement" pour une opposition de circonstance. En l'espace de quelques jours à peine, le soutien qu'elle a exprimé à la nouvelle équipe gouvernementale d'Abdelaziz Bouteflika dont elle s'est fait le chantre des réformes et des législatives, tourne à l’aigre-doux. Pour justifier cette volteface, elle s’en est pris à la presse qu’elle a accusée d’avoir déformé ses propos. Elle tient donc, tonne-t-elle, à en rectifier les déclarations. Hier, vendredi, lors de l’ouverture de la session ordinaire du comité central du parti, elle a estimé que le gouvernement Sellal n’est "ni technocrate, ni partisan, mais un patchwork des deux tendances" et que, ce faisant, il n’est que le pâle reflet de la crise politique. Bien qu’ayant refusé de participer à tout gouvernement bien avant l’annonce des législatives, au coté du FFS et du MSP pour préserver l’opposition parlementaire de son parti pourvu de 17 sièges, Louisa Hannoune n’entend pas rester en retrait du "plan d’action" qui sera soumis ce mardi à l’Apn dont le gouvernement n’ est pas l’émanation.

Pour ce faire, Louisa Hanoune ne cache pas sa volonté de transformer son parti en une sorte de boussole pour indiquer à Abdelmalek Sellal la bonne direction de sa gouvernance car, a-t-elle déclaré, le gouvernement n’est pas dans la bonne voie, celle qui mène "vers la consolidation de la souveraineté nationale et l’ouverture de nouvelles perspectives car l'Algérie, a-t-elle dit, est sujette aux pressions impérialistes". Vers quelles directions la boussole PT oriente le gouvernement Sellal ? D’abord vers le projet de loi de finances 2013 car, selon la patronne du parti "c’est celui qui dévoilera les véritables intentions du gouvernement”, déplorant au passage “l'absence d'un bilan de ce qui a été accompli jusqu'à présent”. Ensuite, le compas de Mme Hanoune indique l’orientation vers le problème du chômage et les “pressions dans certains secteurs”, sommant le gouvernement à clarifier sa politique socioéconomique et d’abattre les cartes de son programme social "pour mettre un terme à ces problèmes". ?Enfin, l’instrument de navigation du PT oriente ses aiguilles vers cette "ingérence étrangère" qu’elle voit dans la visite, ces derniers jours, du Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme, Mme Navi Pillay, qui a demandé une mission d’enquête d’experts internationaux sur la question des disparus durant la décennie noire ; une annonce qui a été bien accueillie par les organisations algériennes, selon le quotidien El Watan qui en a receuilli les réactions : SOS Disparus, estime que "la venue en Algérie d’un groupe de travail sur les disparitions forcées est une victoire. C’est un pas en avant". De même, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), admet que "la visite en Algérie du groupe de travail sur les disparitions forcées est une bonne chose». Et d’ajouter : «Il faut penser, en premier lieu, à régler le problème en Algérie, avec les forces vives internes."

Aucune n’a vu dans cette visite une "ingérence étrangère" telle que la qualifie Louisa Hanoune qui parle par ailleurs de "menaces impérialistes" contre l’Algérie. ? .

En désespoir de cause, Louisa Hanoune qui soutient les réformes de Bouteflika dont elle a fait son cheval de bataille, ayant même appelé à des législatives anticipées, considère que le nouvel Exécutif aurait dû être la suite logique des résultats de ces législatives avec la majorité des ministres revenant au FLN. Mais à qui incombe cette usurpation si ce n’est à Abdelaziz Bouteflika qui a nommé ses ministres hors des résultats du scrutin législatif, mettant ainsi en échec les partis de l’opposition ayant participé au scrutin.

Mais, au lieu que sa boussole ouvre des issues pour le nouveau gouvernement dont elle relève au passage ses "bonnes intentions", elle lui fait endosser le passif de l’ancien ministre de la Promotion des investissements Abdelhamid Temmar, de l’ancien ministre de l’énergie et des mines, Chakib Khelil dont elle a salué l’éviction du gouvernement après avoir soutenu leur Premier ministre d’alors, Ahmed Ouyahia. S’il est vrai que Temmar et Khellil furent ses «têtes de turc», il n’en demeure pas moins qu’elle a soutenu la politique de leur gouvernement. Dans un article-portrait qui lui est consacré en 2009, Jeune Afrique écrit : «Ses têtes de Turc préférées ? Deux ministres réputés proches d’Abdelaziz Bouteflika : Hamid Temmar, ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements, et son collègue Chakib Khelil, chargé de l’Énergie et des Mines. Leur tort ? Ils incarnent le libéralisme au sein de l’équipe du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Mais ce dernier trouve grâce aux yeux de notre dame de fer. Il y a quelques semaines, de fortes rumeurs de remaniement avaient circulé à Alger. Relayées par la presse privée, elles ont pris des allures de campagne visant à la déstabilisation d’Ouyahia. Une nouvelle fois, Louisa Hanoune se singularise et dénonce les lobbies qui tentent d’avoir la tête du Premier ministre, +coupable+, tonne-t-elle, de porter atteinte à la rente des barons de l’import-import, qui vampirisent notre économie et lorgnent sur nos réserves de change». Elle exige, aujourd’hui, du Premier ministre, un bilan de leur "action de déstructuration".

La presse est-elle responsable de ses retournements ?

R.N avec El Watan/Le Soir d'Algérie

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Mouloud FEKNOUS

Pauvre Louiza toujours en retard d'une guerre ! Prends 17 députés et casses toi !

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chakib ACHARI

C'est connu, Louiza obeit à une feuille de route ; la preuve est qu' elle n'a soufflé mot sur le gaz de schiste...

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