Brahimi, reçu à Damas, n'a pas de plan de sortie de crise

Les enfants souffrent le martyre sous les bombardements.
Les enfants souffrent le martyre sous les bombardements.

Le médiateur international Lakhdar Brahimi a prévenu que le conflit en Syrie est une "menace pour le monde" mais qu'il n'avait aucun plan préétabli pour un règlement de la crise, après un entretien samedi à Damas avec le président Bachar al-Assad.

Même avec la présence du médiateur de l'Onu, la machine à tuer du régime syrien ne chôme pas. Sur le terrain, des violences ont éclaté dans plusieurs régions du pays notamment dans les deux principales villes de Syrie, Damas et Alep, faisant au moins 37 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Pendant ce temps, Lakhdar Brahimi s'entretient à Damas avec Al Assad. Celui-ci a appelé à un dialogue intersyrien, selon la télévision publique du régime. Autrement dit, toutes les tentatives extérieures n'auront pas d'effet sur lui et sa résolution à tuer.

"Le véritable problème en Syrie c'est de combiner l'aspect politique et le travail sur le terrain. Le travail sur l'aspect politique se poursuit, notamment par un appel à un dialogue centré sur les aspirations du peuple syrien", estime le tyran de Damas. Lequel a assuré sans sourire que son pays "coopèrera avec tous les efforts sincères pour résoudre la crise, tant que ces efforts sont neutres et indépendants". Une promesse qu'il avait donné déjà à Kofi Annan, et à toutes les personnalités passées à Damas. 

Brahimi fait l'impasse sur l'opposition syrienne

A défaut de dénoncer le génocide commis contre le peuple syrien le médiateur tient à la chandelle à Bachar Al Assad. Car il faut préciser que cette première visite n'a servi qu'à donner la parole au régime et à ses relais locaus, autrement dit les partis tolérés par le dictateur Bachar Al Assad. Le médiateur Brahimi, qui avait jugé lundi sa mission "très difficile", a lui tiré la sonnette d'alarme: "La crise est dangereuse, elle s'aggrave et elle représente une menace pour le peuple syrien, pour la région et pour le monde".

Brahimi avance à tâtons. Il l'avoue : "Je le répète, en même temps, je n'ai pas de plan. Cependant nous allons en élaborer un, après avoir entendu toutes les parties intérieure, régionale et internationale. En espérant qu'un tel plan permettra (...) de parvenir à la fin de la crise", a-t-il ajouté. Un voeu pieux !

Les déclarations du médiateur à l'issue de sa rencontre avec le dictateur syrien sont vagues, imprécises, elles renseignent sur l'impasse, et l'échec de cette première entrevue. "Nous allons faire de notre mieux pour aller de l'avant et déployer tous nos efforts et nos possibilités pour aider le peuple syrien", a encore dit le nouveau médiateur aux journalistes dans un hôtel de Damas, après son entretien avec le chef d'Etat syrien. "Nous allons être en contact avec les pays qui ont des intérêts et une influence sur le dossier syrien", a assuré M. Brahimi, indiquant qu'il serait en contact avec les membres du comité Quadripartite et "je ne pense qu'il n'y a pas d'antagonisme dans notre travail", a-t-il souligné. Ce comité, "le groupe de contact" sur la Syrie réunit l'Egypte, l'Iran, l'Arabie saoudite et la Turquie. Quid de l'opposition syrienne à l'étranger ou alors des combattants de l'ASL sur le terrain ? Ne sont-ils pas les plus légitimes à consulter ? Manifestement le nouveau médiateur n'a pas toutes les cartes de la situation. 

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et les pays du Golfe ainsi que la Turquie réclament le départ du président Assad, tandis que l'Iran, la Russie et la Chine, alliés de Damas, sont favorables à une transition politique sans appeler au départ d'Al Assad. La déclaration de Genève fixe des principes pour la transition en Syrie, mais sans appeler au départ du président Assad.

Arrivé jeudi à Damas, M. Brahimi a eu notamment des contacts vendredi avec des membres du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND, opposition de l'intérieur tolérée par le régime).

"Le plan (de paix) Annan sera amélioré. Il y aura des idées et des mesures nouvelles car la crise en Syrie ne trouvera de solution que par un compromis arabe, régional et international", a affirmé à la presse Hassan Abdel Azim, porte-parole du CCCND, qui regroupe des partis nationalistes arabes, kurdes, socialistes et marxistes. Cependant Kofi Annan n'est jamais parvenu à obtenir l'application de sa demande de cessez-le-feu théoriquement accepté par les deux parties et qui devait s'accompagner d'un dialogue politique.

L'armée reprend la majeure partie de Midane

Bachar Al Assad joue la montre. Comptant sur l'essouflement  de l'opposition armées et de la population qu'il écrase de bombes chaque jour. Samedi, dans la métropole du nord, Alep, l'armée faisait face aux rebelles postés aux accès du quartier de Boustane al-Bacha qu'ils contrôlent alors que des hélicoptères attaquaient les quartiers de Hanano et Sakhour, bastions rebelles. Après une semaine de combats pour le contrôle du quartier stratégique de Midane (centre), l'armée en a repris la majeure partie, érigeant des points de contrôle pour la première fois, selon un correspondant de l'AFP. 

Milices chrétiennes

Le quotidien britannique The Daily Telegraph confirme l’information selon laquelle les chrétiens d’Alep, aussi bien catholiques qu’orthodoxes ou arméniens, ont constitué leurs propres milices, équipées par l’armée syrienne. Pour l’heure, selon le journal anglais, 150 hommes seraient ainsi organisés. Et ils combattraient depuis le mois d’août : les miliciens chrétiens avaient repoussé une tentative d’incursion ASL dans le quartier à majorité chrétienne de Jdeidé.

A 35 km au nord-est d'Alep, au moins douze civils ont été tués et une soixantaine blessés, dans des raids aériens sur la ville d'Al-Bab, tenue par les rebelles, ont indiqué à l'AFP des sources hospitalières. A Damas, un enfant et cinq rebelles ont été tués dans le quartier de Hajar al-Aswad (sud) où les forces du régime étaient déployées en force, a indiqué l'OSDH, faisant état aussi d'affrontements dans la banlieue de la capitale. Les violences ont également touché les provinces de Deraa (sud), Homs, Idleb et Deir Ezzor.

Le conflit en Syrie, qui entre dans son 19e mois a fait plus de 27.000 morts, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants. Alors que l'année scolaire débute dimanche, plus de deux mille écoles ont été détruites ou endommagées au cours du conflit et des centaines d'autres sont utilisées comme abris, selon l'Unicef.

Yacine K./AFP

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Notproud

Mais si il avait un plan préétabli pour le règlement de cette crise, il l’aurait déjà appliqué dans son propre pays qui souffre aussi le martyre, "On suffoque ici Monsieur Brahimi !!! " HELP ! vous faites marrer les dirigeant du monde entier qu’elle Tbahdila ! Encore une !

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douce-france

Cet apparatchik a accepté cette mission impossible sous la pression de Boutef qui végète chez lui car personne ne l'invite sur la "scène internationale".