La guerre civile en Syrie "s'aggrave", estime Lakhdar Brahimi

Quelle marge de manoeuvre de Lakhdar Brahimi dans ce dossier ?
Quelle marge de manoeuvre de Lakhdar Brahimi dans ce dossier ?

Lakhdar Brahimi a entamé jeudi 13 septembre sa première visite à Damas depuis sa prise de fonctions, durant laquelle il doit notamment rencontrer le président Bachar Al-Assad vendredi.

Pour sa première visite en Syrie depuis son installation début septembre comme médiateur de l'Onu pour ce pays, Lakhdar Brahimi semble anticipé la complexité du conflit par des déclarations qui jettent une ombre sur sa capacité à trouver un début de solution à la guerre civile qui ravage ce pays depuis une année et demie. Devant un régime qui soutient mordicus qu'il est dans la raison, l'émissaire de l'Onu a-t-il réellement une chance de se faire entendre, surtout si l'on sait que Bachar Al Assad a fait lanterner plein de missionnaires ?

A son arrivée à l'aéroport de Damas, Brahimi annonce la couleur en affirmant que la crise en Syrie était "sérieuse" et qu'elle s'"aggravait", selon des déclarations citées par l'agence officielle syrienne SANA. "Nous sommes venus en Syrie pour nous entretenir avec nos frères syriens car il y a une crise sérieuse en Syrie et je pense qu'elle s'aggrave", a indiqué M. Brahimi.

"L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe est arrivé à Damas. Durant sa visite en Syrie, M. Brahimi aura des entretiens avec le gouvernement et des représentants de l'opposition syrienne et de la société civile", a indiqué le porte-parole Ahmad Fawzi dans un communiqué. Mais en réalité, quelle marge de manoeuvre dont dispose l'émissaire de l'ONU ? Au-delà des déclarations de bienséance auxquelles sont rodés les responsables syriens, jusqu'où ils sont disposés à aller dans les négociations ?

Les violences ont encore fait 57 morts jeudi, dont 36 civils, selon un bilan provisoire de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui a fait état de bombardements de bastions rebelles et de combats acharnés, notamment à Alep, où les insurgés ont avancé vers le centre-ville.

"Nous sommes confiants : Lakhdar Brahimi est à même de comprendre les développements (de la crise) et la manière de régler les problèmes malgré les complications", a affirmé le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Meqdad, en accueillant Lakhdar Brahimi dans un hôtel à Damas. "Nous sommes optimistes et nous souhaitons à Lakhdar Brahimi tout le succès possible", a ajouté le responsable syrien dont le régime ne reconnaît pas l’ampleur de la contestation et affirme combattre des "terroristes".

Bataille acharnée à Midane

Sur le terrain, à Alep (nord), théâtre d’une bataille stratégique depuis huit semaines, les rebelles, qui ont unifié leurs forces militaires dans la métropole, continuaient d’opposer une forte résistance, malgré les bombardements incessants de leurs bastions par l’armée. En début d’après-midi, des hélicoptères de combat ont aussi longuement mitraillé certains quartiers, tirant à haute altitude, hors de portée des armes légères des rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL). Selon des habitants, les insurgés ont avancé à Midane, un quartier stratégique du centre qui ouvre l’accès à la principale place de la deuxième ville de Syrie.

D’après ces habitants, une bataille acharnée entre rebelles et soldats se déroulait autour de deux postes de police. Les insurgés les ont pris à l’aube avant que l’armée ne les contrôle de nouveau. Les insurgés sont ensuite parvenus à les reprendre et l’armée mobilisait ses forces pour tenter de les récupérer. Pour le moment, ni l’armée, ni les rebelles, ne contrôlent ce quartier.

Un raid aérien a par ailleurs fait 11 morts dans un quartier de la métropole, l’OSDH diffusant une vidéo où des corps, la plupart ensanglantés et certains carbonisés, apparaissent posés dans des pick-up ou sur le trottoir. Sur l’autre grand front, dans Damas et sa région, les bombardements et les combats étaient incessants sur les poches de résistance rebelles.

A Sayeda Zeinab, sept personnes, qui seraient des membres de comités populaires pro-régime, ont été tuées dans des combats et par des obus qui se sont abattus à quelques centaines de mètres du mausolée vénéré par les chiites. Plusieurs localités près de la capitale étaient aussi violemment bombardées, détruisant des maisons.

"Le régime condamné" selon Londres

En dépit de ces violences qui ne baissent pas en intensité, le régime du président Assad est «condamné», a jugé le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague (photo AFP), en visite à Bagdad. "Tant de crimes ont été commis que (ce régime) ne devrait pas survivre", a-t-il jugé.

Rien ne permet néanmoins de croire à une solution proche du conflit, en raison notamment des divergences qui persistent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond, avait de nouveau écarté mercredi une intervention militaire occidentale en l’absence d’un accord de la Russie et de la Chine, deux pays alliés du régime Assad qui bloquent toute action à l’ONU.

Depuis mars 2011, le conflit a fait plus de 27 000 morts, en majorité des civils, selon l’OSDH. En outre, des dizaines de milliers de personnes ont fui vers les pays voisins. Selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), le nombre de réfugiés enregistrés a dépassé 250 000 personnes.

Avec AFP

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