Al Qaïda au Maghreb islamique ou la tentation du Sahel

Abdelmalek Droukdel, alias abou Moussab Abdelwadoud.
Abdelmalek Droukdel, alias abou Moussab Abdelwadoud.

Il est manifeste qu'Al Qaida au Maghreb islamique a opéré un net glissement géographique depuis une année.

La survenue  des révolutions arabes n’a pas surpris seulement les régimes débarqués. Les analystes de la rive sud de la Méditerranée, les pays occidentaux, mais aussi Al Qaïda au Maghreb ne s’attendaient nullement à cette formidable accélération de l’histoire. Aqmi qui activait jusqu’à fin 2010 à l’ombre des dictatures avait tenté de prendre le train des révolutions en marche en 2011. Des combattants de cette organisation terroristes ont même été signalés en Libye. Dans un entretien au journal saoudien, El Hayat, paru en avril 2011, Saleh abou Mohamed qui se revendique comme porte-parole d’Aqmi, a confirmé l’existence de contacts entre son organisation et les combattants libyens. Il a expliqué qu’à terme, ils avaient pour objectif l’instauration d’un émirat islamiste dans l’est du pays. Il est cependant avéré qu’Aqmi a profité du chaos général pour se fournir en armes libyennes. Les observateurs craignaient par ailleurs de voir Aqmi monter un bastion dans ce pays, soumis alors aux milices. Mais il n’en fut rien. Pas plus qu’en Tunisie où pourtant les salafistes ont encore les faveurs du gouvernement d’Ennahda. Il est donc manifeste que le printemps arabe a desservi l’international terroriste islamiste. Car, il a montré que la lutte armée, le terrorisme ne sont pas les meilleurs moyens de lutte contre les régimes totalitaires.

En Algérie, même si elle possède toute sa capacité de nuisance, Aqmi a subi de sévères pertes. L’organisation est réduite à opérer dans certaines régions particulièrement difficiles d’accès à Boumerdès, dans des forêts de Kabylie. De temps à autre, elle fait aussi des percées dans l’est du pays.

Alors ne restait pour Aqmi que la bande sahélienne. Là même où deux de ses émirs, le trafiquant notoire Mokhtar Belmokhtar et le très intégriste Abdelhamid Abou Zeïd, ont établi des bases et des zones refuge qui échappent totalement au contrôle des pays de la sous-région. La preuve ? Aucun otage n’a été libéré par la force. Ils l’ont tous été en contrepartie de rançons pesant des dizaines de millions de dollars. Un seul affrontement militaire est connu avec Aqmi. Il a été mené par des forces spéciales françaises et un contingent mauritanien avec Aqmi pour libérer l’otage Michel Germaneau. Il a eu lieu le 22 juillet 2010, c’était un échec puisque l’otage a été tué. 

Aqmi a profité pendant longtemps de ses relations grassement rémunérées avec certains éléments bien placés dans l’Etat malien. Dans une déclaration au Monde, au printemps dernier, Ahmadou Ould Abdallah, ancien représentant des Nations unies en Somalie et actuel directeur du C4S (Centre pour les stratégies pour la sécurité Sahel Sahara), ose le rapprochement entre trafics et liberté d'action d'Aqmi : "Il n'y aurait pas d'Aqmi dans la région sans complicités avec les services de renseignement et de sécurité, et avec des responsables des douanes."

Ces complicités s'étendraient partout, notamment en Algérie, mais aussi au Mali. A Gao, dans le nord du pays, un quartier où s'érigeaient de luxueuses villas a été surnommé... "Cocaïne City".  Cet état de grâce a permis d’assurer sa main mise sur de nombreux trafics : armes, prises d’otages et cigarettes entre autres. Zone de non-droit, le Sahel, un no’mans land pauvre et surtout sous administré, va se révéler un territoire très lucratif pour l’organisation terroriste et ses nouveaux alliés : le Mujao et Ansar Dine. Il est d’ailleurs important de souligner que ces deux groupes de narco-islamistes sont apparus sur la scène en plein révolution. Le Mouvement de l’uncité pour le jihad en Afrique de l’ouest s’est fait connaitre par le rapt des trois humanitaires européens (libérés contre une rançon). Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali était embarqué dans les pick-up du Mouvement national de libération de l’Azawad. A la faveur de la victoire du MNLA en mars dernier, ce groupe islamiste rejoint par le Mujao se sont révélés sous leur vrai visage. Ils n’étaient que des succursales d’Aqmi en perte de vitesse qui recherchait à installer un sanctuaire dans l’Azawad. Une opération de noyautage qui a réussi puisque ces groupes se sont partagés "en bonne intelligence" le contrôle des principales villes de cette région.

Depuis cinq ans, Aqmi, aidé, ces derniers mois, de ses alliés, a engrangé plus de 200 millions de dollars issus de près de 80 prises d’otages. Avec un tel butin de guerre, l’organisation terroriste a les moyens de voir venir et de prospérer. Acheter les armes, engager de nouveaux combattants, facile à trouver dans cette région oubliée de Dieu et des hommes.

Dans le lot des otages de ces organisations, des interrogations demeurent sur la vie des trois diplomates algériens après l’assassinat du vice-consul Tahar Touati il y a maintenant une semaine. Mourad Medelci, reconduit dans son poste de ministre des affaires étrangères, avait refusé de confirmer ni d’infirmer l’information sur cette exécution. Il avait déclaré que son département vérifiait. Depuis plus aucune déclaration. Et le premier ministre, à travers ses premières déclarations publiques, ne semble pas faire de la libération des otages, du moins publiquement, une priorité.

Hamid Arab

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Commentaires (2) | Réagir ?

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elvez Elbaz

Mr Hamid arab, svp, c'est quoi tout ce délire?!

Pourtant, il nous semblait que vous n'êtes pas ce petit chiot sympathique qui aboie en "écoutant la voix de son maître"?

Pas celle de "pathé marconi"bien sûr que non!, mais celle des "donneurs d'ordre "de ces missionnés de la vermine islamique, pardi!

Mr hamid, les islamistes sont au pouvoir. Ceux que l'on "missionne" pour aller terroriser dans les faux barrages en kabylie et ailleurs, avec leurs kamis et barbichettes fournit par la guerre pédagogique, n'ont ils pas été reçus par bouteflika, juste il y'a peu... ?

Une vessie n'est pas une lanterne, vous devez le savoir non?

Oui, hélas, ne cherchez pas les islamistes dans un quelconque maquis de notre algérie amazigh, amazighophone, arabophone et francophone, ils sont, là, devant nos yeux, filmes à côté de boutef par l'infâme cathodique de l'inique unique tv. Ils n'attendent que le moment où le monstre drs mettra le pied à terre pour s'emparer du pouvoir tout le pouvoir, comme leurs fréres en egypte, en tunisie et ailleurs dans le no man's land de l'islamoaraberie. Mais çà, c'est une autre page d'histoire sanglante qui commencera pour l'algérie si les peuples d'algérie persistent dans leur renoncement à vivre libre!

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ali chemlal

Le terrorisme au sahel et en Algérie peut être vaincu , si ce n'est l'existence de deux visions dans la lutte antiterroriste au sommet de l' État, l'une de l' A N P qui peut et veut en finir avec ces bandes de criminels, l'autre, de notre président qui s' en accommode pour faire avancer ses pions et assurer sa succession en 2014. Pendant ce temps le peuple se débats dans de pénibles difficultés et ne voit pas le bout du tunnel.