Tunisie : des sympathisants d’Ennahda manifestent pour "assainir" le pays

Les partisans de Ghannouchi pour encourager le gouvernement.
Les partisans de Ghannouchi pour encourager le gouvernement.

Ennahda dégaine et fait sortir ses partisans dans la rue pour une démonstration de force.

Des milliers de sympathisants d’Ennahda, le parti islamiste au pouvoir en Tunisie, manifestaient vendredi pour appeler le gouvernement à "assainir" le pays des vestiges du régime déchu, médias et opposition en tête, au moment où ce mouvement est accusé de dérive autoritaire.

La foule s’est réunie place de la Kasbah, où se trouve le siège du gouvernement, vers 10 heures (heure française) et les manifestants ont participé à une prière collective à la mi-journée, selon un journaliste de l’AFP. Ils ont commencé à se disperser dans le calme peu après.

Les manifestants réclament une purge accélérée dans les administrations, les médias et le monde politique des membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. "Serrez la vis", "RCD dégage", "Le peuple veut l’assainissement de la justice", "Le peuple veut l’assainissement des médias", pouvait-on lire sur les pancartes. La manifestation a été organisée via les réseaux sociaux par un mouvement informel baptisé "Ekbes" (Magne-toi), proche d’Ennahda.

Plusieurs hauts responsables du parti se sont adressés à la foule, multipliant les attaques contre les partisans de l’ancien régime qui contrôleraient les médias et l’Appel de la Tunisie, le parti de Béji Caïd Essebsi, chef du deuxième gouvernement post-révolutionnaire, qui gagne en popularité.

"Il n’est pas logique, qu’après une révolution, l’information soit entre les mains des ennemis de la révolution", a lancé Habib Ellouze, une des figures d’Ennahda, prônant la fermeté "contre les forces qui complotent, notamment dans les médias". Ennahda est en conflit ouvert avec plusieurs rédactions après avoir nommé des proches à leur tête, laissant craindre une ingérence du pouvoir politique. Les islamistes assurent simplement écarter des personnalités corrompues.

Riadh Chaïbi, un autre haut responsable islamiste, a lui lancé une attaque en règle contre l’Appel de la Tunisie, promettant une loi pour interdire de vie politique les tenants de l’ancien régime tel Béji Caïd Essebsi. "L’Appel de la Tunisie est le nouveau RCD !", a-t-il lancé, "nous œuvrons pour que l’Assemblée nationale constituante adopte une loi empêchant les RCDistes de faire de la politique pendant dix ans", a-t-il ajouté.

L’opposition accuse pour sa part Ennahda de recruter des anciens du RCD et proches de l’ancien régime dont quelques caciques ont été emprisonnés. Une première manifestation similaire avait été organisée la semaine dernière. Si celle de vendredi a réuni plus de monde, elle était loin d'être "millionnaire", l’objectif affiché des organisateurs avant le rassemblement du 1er septembre.

La manifestation a eu lieu alors qu’Ennahda, qui domine la coalition au pouvoir, est accusé par une partie de la société civile et l’opposition de tenter de s’accaparer les pouvoirs en vue d'élections prévues en 2013. Elle a aussi lieu dans un contexte d’impasse institutionnelle, la rédaction de la nouvelle Constitution, qui devait être adoptée fin octobre à l’origine, ayant pris, semble-t-il, des mois de retard.

AFP

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