Que peut attendre l'Algérien du nouveau gouvernement ?

Il est peu probable que ce changement apaisera cette rue en colère.
Il est peu probable que ce changement apaisera cette rue en colère.

Question quelque peu incongrue pour le commun des Algériens, qui est lassé par une vie politique qui tourne à vide et qui n’en finie pas de recommencer à l’identique.

Lassé par la conscience qu’il a que la démocratie n’est que de façade et dont les justifications ne se fondent que sur des promesses comme ultime rhétorique de légitimation. Lassé aussi par un pouvoir occulte, érigé comme système dans l’ombre, souverain, sans substance apparente, inaccessible, innommable, irreprésentable, omniprésent et châtiant, Dieu en somme, maître du destin de tous, sans pouvoir éviter de subir ses desseins autoritaires et totalitaires.

Contraint de subir une démocratie de façade, régénérée cycliquement par des réaménagements gouvernementaux, donnant l’illusion d’une dynamique de changement permanent sur laquelle il est impuissant d’agir. Faisant de lui un être dépourvu de souveraineté, nourri par l’absurde situation politique qui lui est imposée sous la forme d’un éternel recommencement, dont il est contraint d’intérioriser et d’assimiler le discours légitimant qui est aux antipodes des faits politiques dont il est témoin.

Et pour boucler le cercle de l’absurde, la presse algérienne vient à son tour orner de son témoignage la consistance de l’illusion de changement politique, par un rendu qui s’intéresse plutôt au contenu des processus politiques de façade qu’aux formes et aux conditions de leur mise en place. Faisant oublier au lecteur, que depuis l’indépendance nationale, les gouvernements et les équipes dirigeantes en général changent à des rythmes très irréguliers, au gré des conjonctures et des rapports de force entre les clans du pouvoir occulte et ne laissant aucun doute sur l’absence de leur pertinence. Faisant oublier que ces changements de gouvernements, assez fréquents, ne changent pourtant rien à la vie politique nationale, qui est caractérisée par un statu quo indéfini et qui court depuis la naissance de l’État en 1962. De conjecture en conjecture, des spéculations vides de contenu noircissent les colonnes de la presse, qui sont données en pâture à un lectorat sans conviction, qui s’y jette plus par oisiveté politique que par intérêt et engagement. Le journaliste quant à lui accomplit sa tâche, sans conviction aussi, mais non sans intérêt, car, sa survie en dépend et de la qualité de son rendu de l’illusion de mouvement dans la vie politique s’affirme son succès.

La presse dans ce cas, pour sauver ses intérêts, joue le rôle de critique du système, en validant les processus de l’illusion de sa normalisation et la légitimation de ses institutions, par le seul fait de confondre le pouvoir occulte avec le gouvernement de façade. Ses commentaires sur le changement du gouvernement ne diffère en rien de son commentaire sur la nouvelle composition de l’Équipe nationale de football, ou les deux événements se confondent comme s’il s’agît d’un jeu obéissant aux mêmes règles. Sauf, qu’à la différence de l’Équipe nationale de football, qui lui arrive parfois de gagner et dans ce cas-là, les joueurs sont adulés par le public et héroïsés par la presse, les joueurs politiques (les simulacres de ministres), membres sortants du gouvernement précédent, quant à eux, ils sont toujours perdants et sont violement pris à partie, tels des boucs émissaires à l’échec de la politique de leur équipe gouvernementale, qui vient de les déposer. Pourtant, tout le monde s’accorde à dire que ces boucs émissaires sont irresponsables de leurs actes, tels des handicapés mentaux, assistés durant tout leur mandat politique, dans toutes les décisions qu’ils entreprennent, par un pouvoir occulte bienveillant. C’est ainsi que Benbouzid, Ouyahia, Belkhadem, Ould Abbas, etc., qui ont atteint les cimes de l’impopularité et qui seront exclus, afin de satisfaire la demande populaire, qui ne veut plus d’eux au gouvernement, vont subir la foudre des journalistes, pour renforcer la crédibilité du changement politique et l’illusion substantielle du nouveau gouvernement mis en place et leur propre crédibilité aux yeux du pouvoir occulte de bien jouer leur rôle de "presse libre" de façade.

Mais alors, si tout le monde s’accorde sur le fait que le changement du gouvernement en soi est un non-événement politique, dans ce cas, la question posée à savoir "que peut-on attendre du nouveau gouvernement ?" ne pourrait-elle pas être redestinée à l’auteur du crime en ces termes : que peut attendre le pouvoir occulte de ce changement du gouvernement pour sauver sa peau ? Une peau fébrile et fragilisée à force de mensonges et de cupidité, qui est doublement prise en ligne de mire par des prédateurs de plus gros calibre que le sien, qui guettent un faux pas de sa part pour légitimer sa déchéance par la force de l’OTAN, et par un peuple impatient d’en découdre avec son cynisme et son mépris à son égard.

Le paradoxe qui émane de sa gestion de la crise, dont il est le seul artisan, c’est le danger qu’il fait peser sur la souveraineté de l’État et sur la paix civile. En contrariant sa promesse, qui devrait consacrer un changement dépassant l’œuvre immense de la révolution de novembre 1954, qui avait bouleversé l’histoire de son temps, comme l’avait laissé entendre Abdelaziz Bouteflika. En contrariant la logique des réformes tant vantées, qui devraient déboucher sur la validation d’un gouvernement représentatif du champ politique national issu d’un suffrage honnête et transparent. Et en contrariant également la nécessité de la révision de la constitution promise par une assemblée nationale élue, représentative de la diversité de la société, qui devrait consacrer la désignation d’un personnel politique assez qualifié pour mener la révision constitutionnelle au sein d’une constituante qui bouleverserait le politique.

Pouvait-il en être autrement ? Car, la réponse à la question posée, si ce changement du gouvernement peut lui apporter un réconfort dans sa légitimation et dans son objectif de stabilisation du pays, ne peut être que par la négative et ne pourra tout au plus que lui garantir une prolongation éphémère à sa survie et ne fera que précipiter inévitablement son agonie. Il en sera ainsi à chaque nouveau plan de ravalement de la façade démocratique, par le renforcement de l’illusion du changement, justifié ou non par la pression qui lui est imposée par la prédation internationale et pour la nécessité de tromper l’opinion nationale. Car, le pouvoir algérien s’est enfoncé dans une impasse désespérée et n’a d’autre solution que de reconduire indéfiniment le système autoritaire et totalitaire qui le fait exister. Il a été tellement loin dans la confiscation de la vie politique algérienne, qu’il ne pourra plus se réformer de l’intérieur sous l’impulsion de sa propre volonté sans se mettre lui-même en danger. Tellement l’autoritarisme, la corruption et la violence se sont instituées en mode de gouvernance et imprégnées profondément son identité.

Youcef Benzatat

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Commentaires (13) | Réagir ?

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amazigh zouvaligh

Le malheur de l’Algérie c'est cet ensemble composé de DRS, clan d'Oujda, et du FLN de la mangeoire, tant que ces 3 organisations de la prébende, de la rapine ne sont pas mises au cachots et juger leurs composantes, le pays ira droit dans le gouffre!

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yuva athkaciouali

Qu'est ce qu'on peut attendre du (nouveau!!!) gouvernement!!?du mepris, encore du mepris et rien d'autre que du mepris!!!!!!

vous revez mes amis!

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