L’ancien bras droit de Kadhafi, Abdallah Al-Senoussi, remis à la Libye

Abdallah al-Senoussi, l'âme damnée du régime des Kadhafi.
Abdallah al-Senoussi, l'âme damnée du régime des Kadhafi.

L'ancien patron des services de renseignements de Mouammar Kadhafi a été remis par la Mauritanie à la Libye. Il était recherché par la Cour pénale internationale et son pays d'origine.

Abdallah Al-Senoussi, ex-tout puissant chef des services de renseignement du régime de Mouammar Kadhafi, a été extradé par la Mauritanie et a déjà quitté mercredi ce pays où il était détenu depuis mars en direction de Tripoli, a-t-on appris de sources officielles à Nouakchott. "Les autorités mauritaniennes remettent l'ex-chef des renseignements libyens Abdallah Al-Senoussi à la Libye", pouvait-on lire en arabe sur un bandeau défilant sur la télévision d'État mauritanienne, sans plus de détails.

Un responsable mauritanien a parlé d'"extradition" d'Abdallah al-Senoussi, et a ensuite précisé qu'"il a effectivement quitté la Mauritanie", sans indiquer la date de son départ du pays. "Toutes les procédures légales concernant cette extradition ont été respectées et les garanties d'usage données par le gouvernement libyen", a-t-il assuré sous le couvert de l'anonymat, sans autres commentaires. La Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, a indiqué mercredi qu'elle n'avait "pas d'information à ce sujet" tout en rappelant que M. Senussi était "recherché par la CPI, qui a lancé contre lui un mandat d'arrêt "pour crimes contre l'humanité". 

Plusieurs autres sources officielles mauritaniennes ont indiqué qu'une délégation libyenne, comprenant les ministres de la Défense et des Finances ainsi que le chef d'état-major de l'armée libyenne, a séjourné mardi à Nouakchott. Les sources estiment que ce déplacement entrait dans le cadre de l'extradition d'Abdallah al-Senoussi, recherché par la CPI et par la Libye. Le séjour de la délégation libyenne n'a fait l'objet d'aucune communication officielle à Nouakchott.

Par ce geste, la Mauritanie donne l'exemple. Quid du Niger où s'est réfugié l'un des fils de l'ancien dictateur libyen ? En effet, le président nigérien Mahamadou Issoufou a annoncé en novembre 2011 avoir accordé l'asile à Saadi Kadhafi, pour "des raisons humanitaires". Issoufou avait à l'époque refusé d'extradé son "obligé". Homme d'affaires et ancien footballeur professionnel, Saadi Kadhafi s'est réfugié au Niger par la route après la chute de Tripoli, en août 2011.

L'Algérie a également accordé l'asile à une partie de la famille Kadhafi. L’épouse de Mouammar Kadhafi, Safia, sa fille Aïcha, ses fils Hannibal et Mohamed, accompagnés de leurs enfants, étaient entrés en Algérie par route le 29 août 2011. Alger avait aussi invoqué des raisons humanitaires à cet accueil. Bien entendu, cela ne plut pas au nouveau régime libyen. Dès le début, les autorités algériennes avaient exclu toute extradition des Kadhafi en Libye. Même si les premiers mois, elles avaient eu à gérer difficilement quelques sorties belliqueuses de la fille de Mouammar Kadhafi. Mais depuis quelques mois elle se tient à carreau, on ne l'entend plus. Et même son départ vers un autre pays n'est plus évoqué par la presse.  

Al Senoussi, beau-frère et âme damné de Kadhafi

Beau-frère de l'ancien guide de la révolution libyenne, Abdallah al-Senoussi, un colonel, faisait partie du premier cercle entourant Mouammar Kadhafi, dirigeant libyen déchu et tué en 2011. Recherché par la CPI, par la France et par la Libye, Abdallah Al-Senoussi est entré en Mauritanie avec un passeport malien sous une fausse identité, et a été arrêté dans la nuit du 16 au 17 mars à l'aéroport de Nouakchott, alors qu'il arrivait du Maroc. Il avait été placé en garde à vue avant d'être inculpé le 21 mai de "falsification de document de voyage" et entrée illégale dans le pays. Il était détenu à Nouakchott depuis son arrestation.

"Meurtres et persécutions de civils" (CPI)

Le président mauritanien Mohammed Ould Abdel Aziz avait indiqué le 6 août que le Libyen serait jugé avant toute décision concernant son éventuelle extradition. "C'est lorsque la justice mauritanienne aura terminé avec son dossier qu'une décision politique sera envisagée pour son extradition. (...) Abdallah al-Senoussi a des problèmes avec la justice en Mauritanie, il doit être jugé pour son entrée avec une fausse identité en Mauritanie", avait dit le président Ould Abdel Aziz lors d'une déclaration publique à Atar (nord de la Mauritanie).

Selon lui, "le passeport avec lequel Abdallah al-Senoussi est entré en Mauritanie n'est pas falsifié, mais il y est indiqué qu'il est Malien et il se présente sous un faux nom, ce pourquoi la justice mauritanienne doit le juger". Et cette "situation a été expliquée aux délégations libyennes venues demander l'extradition, tout comme à la partie française" qui réclame également l'extradition de l'ex-chef libyen des services de renseignements pour son rôle dans l'attentat contre un avion d'UTA en 1989.

Une délégation libyenne, dirigée à l'époque par le Premier ministre Abderrahim El-Kib, était venue début juillet à Nouakchott pour demander au président Ould Abdel Aziz l'extradition d'al-Senoussi. La CPI a lancé un mandat d'arrêt à l'encontre d'Abdallah al-Senoussi le 27 juin 2011, l'accusant d'avoir commis "des meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l'humanité" dès le début, mi-février 2011, de la révolte contre le régime de Kadhafi.

Yacine K./AFP

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Guel Dring

C'est toujours bon à prendre comme information et renforcer nos convictions que tous ceux qui ont fait du mal doivent bien faire réparation, un jour, à qui de droit et c'est aussi valable pour l'Algérie.

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amaru

Qui juge qui, vous êtes tous pareil…

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