Bouteflika et ses "ex"-terroristes

Bouteflika a mis en veilleuse la lutte antiterroriste.
Bouteflika a mis en veilleuse la lutte antiterroriste.

Ce qu'on nomme encore "l'ex GSPC" ne renvoie pas, sémantiquement, à la neutralisation de ce groupe terroriste local mais, paradoxalement, à son ressourcement et à son redéploiement à l'échelle continentale après avoir été amnistié par la concorde civile d'Abdelaziz Bouteflika.

Quelques hourras ont été clamés çà et là sur la situation sécuritaire qui a suivi les élections législatives. Ce fut un ramadan, avait-on relevé, chiffres à l’appui, le moins meurtrier depuis le début de la décennie noire. Pas pour l'Algérie. Mais pour un ramadan. Et les dernières offensives spectaculaires engagées par les forces de sécurité contre les maquis de l’ex-GSPC notamment à Boumerdès, Jijel et Ghardaïa prouvent que l’armée nationale populaire a encore d’inépuisables ressources sur le front de la lutte antiterroriste. Mais, en raison d’une politique aventureuse et inconséquente du chef de l’Etat, cette série de coups de boutoir de l’ANP contre les maquis d’Al Qaïda qui a fait sortir de son silence le ministère de la Défense par un communiqué annonçant la neutralisation des neuf terroristes abattus à Boumerdès, n’a pas eu les fruits politiques escomptés et est loin de donner du crédit au pouvoir algérien dans la lutte contre Al Qaïda islamique.

L’arrestation des trois terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique à l’échelle subsaharienne, bien que n’étant que des sous-fifres de l’"émir" Droukdel de l’ex-GSPC recherché par la justice algérienne depuis l’avant règne d’Abdelaziz Bouteflika, a été annoncée par le pouvoir comme un coup de filet important. Certes, il l’a été. Pas pour l’Algérie. Mais pour l’une des phalanges d’Al Qaïda, le Mujao qui, dès l’annonce de cette arrestation, a monnayé les quatre otages diplomates algériens enlevés à Gao dès la prise de cette ville par le groupe terroriste le Mujao. L’ultimatum signifié à Alger de libérer ses trois terroristes dans un délai rallongé expire ce vendredi à minuit au-delà duquel il exécuterait l’un après l’autre les otages  algériens, donne à ce coup de filet des services de sécurité un goût amer. Ce dimanche, des informations au conditionnel circulent sur la toile sur le sort des otages du Mujao. Ce qu’il en ressort par contre, c’est le pseudo-entêtement de l’Algérie dans son refus de ne pas céder au chantage. Etrange attitude quand on sait que le chef de l’Etat a été le premier à céder au chantage politique des groupes terroristes d’Ansar Eddine et du même Mujao en en recevant des émissaires à Alger pour un dialogue en vue d’une solution politique "négociée" au nord du Mali qu’ils ont envahi et d’où ils progressent vers la lisière du Sud depuis ce 1er septembre.

Dans son entretien accordé avant hier au quotidien El Watan, un expert militaire malien a exprimé son étonnement de constater avec quelle indifférence et légéreté l’Algérie a laissé sur place, à Gao, les membres de sa représentation consulaire  alors que la ville était mise à sac par les groupes terroristes d’Ansar Eddine, du Mujao et des "émirs" de l’Aqmi. A l’heure actuelle, les chefs du Mujao logent dans la résidence consulaire algérienne et circulent à bord des voitures de service du corps diplomatique algérien sans prendre la peine de changer les plaques d’immatriculation.

Ainsi, trop longtemps mise en veilleuse par la concorde civile, depuis sa promulgation en 2006, la lutte antiterroriste ne suffit plus à l’échelon local où les dernières prises de l’ANP renseignent sur le degré de dangerosité des groupes terroristes régionaux suréquipés en armes et en matériels de transmission et sur leur capacité à se mouvoir des massifs forestiers au cœur des grandes agglomérations. Ce (ou ceux) qu’on appelle encore l’"ex GSPC" ne renvoie pas, sémantiquement, à une victoire sur cette organisation terroriste remportée par les forces de sécurité algériennes mais, paradoxalement, à son ressourcement, à son redéploiement  à la faveur de la concorde civile élargie en amnistie générale à l’échelle, désormais, africaine.

Les menaces qui pleuvent contre l’Algérie en dépit de la main toujours tendue d’Abdelaziz Bouteflika à ceux qu’ils qualifient de "dignitaires" d’Ansar Eddine, pour ne citer que ce groupe terroriste qui enrage d’appliquer au plus vite la chari’a à Tombouctou ou ailleurs, ne viennent pas des petits maquis terroristes de l’ex-GSPC dont l’armée algérienne aurait pu faire une bouchée si la volonté politique avait été ferme pour la sauvegarde de la République, ils émanent, cette fois, des mêmes "émirs" de cet "ex" qui sont passés entre les grosses mailles du filet de la concorde civile et qui régentent de vastes territoires aux portes de l’Algérie, contrôlant le trafic d'armes, les marchés de la contrebande dont se nourrit également des sphères et des sphères du pouvoir algérien et se spécialisent dans un "marché" d’otages encore plus retentissant politiquement sur la scène internationale que ne l’a été l’ ex-GSPC au niveau local.

La lutte antiterroriste ne peut être menée de manière résolue et à son terme dans un contexte politique qui obéit aux modes de la piraterie. Cette lutte, n’étant pas du tout menée au service de la concrétisation d’un projet de société démocratique, républicain et citoyen, peut, comme disent les stratèges militaires, gagner une bataille, mais pas la guerre.

R.N

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Commentaires (3) | Réagir ?

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elvez Elbaz

Par eux et pour eux!

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Aghioul Amchoum

La faute est à la concorde civile !!

Y a-t-il plus grand terroriste que Bouteflika ?

Et que dire de nous qui avons pardonné le sang de nos frères et soeurs ? N´avons-nous pas voté massivement pour la concorde civile ? Même ait menguellet a chanté pour la concorde civile et l´a soutenu par sa k7 de 2001 "les terroristes sont descendus des montagnes, la paix est revenue.... "

Je n´ai vu qu´une seule personne en Algérie protester contre la concorde civile: c´était une femme, une maman qui osait dire à Bouteflika ne pas pardonner ceux qui ont kidnappé son fils, et Bouteflika l´a traité comme il me traite aujourd´hui: un chien arabe et musulman. Que le pénis de votre prophète Mohamad le pervers s´enfonce dans l´anus de votre dieu Allah.

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H'sen Bouchatta

Non M. Amchoum, Lounis n'a pas chanté, plutôt, n'a pas louangé la Concorde civile. En effet,

l' extrait auquel vous faites allusion est tout en finesse du grand Lounis, c'est de la dérision. Autrement dit, l'extrait dit exactement le contraire de ce que vous avez compris.

Hsen,