Elections locales : partis au menu, mairies au rebus

Les protestations devant les sièges de mairies et de daïras ont explosé cette année.
Les protestations devant les sièges de mairies et de daïras ont explosé cette année.

Alors que les partis politiques, du FLN au dernier-né, s'agitent en prévision du scrutin local de novembre prochain, les citoyens ferment les sièges de leur APC pour protester contre les conditions de vie désastreuses et l'incompétence des élus.

L'agitation des partis politiques à l'approche des élections locales de novembre prochain, du FLN au dernier-né de Daho Ould Kablia, ne semble pas être affectée par la fermeture en série de sièges communaux dans plusieurs régions du pays pour cause d'incompétence d'élus corrompus et absence flagrante des pouvoirs publics.  D'ici le rendez-vous électoral, gageons qu'aucun siège d'APW et d'APC n'aura tenu à la colère des citoyens. Ces deux derniers jours, dans plusieurs régions de Kabylie, de Tigzirt à Béjaia, les habitants abandonnés à eux-mêmes, n'ont de moyens, pour faire entendre leurs réclamations liées aux commodités basiques de la vie quotidienne, l'accès à l'au potable, le revêtement des routes, l'éclairage public, la gestion des décharges publiques, le transport scolaire, que de fermer mairies et daïras.

Cette forme de protestation n'est pas nouvelle. Mais, au cours de cette année 2012, elle a pris une importance telle qu'aucun élu local ne s'affiche là même où ses responsabilités l'y obligent et évite de mettre en avant son parti politique. Les élus locaux fuient la confrontation, abandonnent l'édifice public et laissent pourrir la situation. Que ce soit à Tigzirt dans la wilaya de Tizi Ouzou, à Timezrit, Toudja dans la wilaya de Béjaia ou encore à Chorfa, une importante commune de Bouira dont les mairies ont été bloquées par les citoyens cette semaine, il n'a été fait mention d'aucune déclaration des élus qui, depuis leur dernier mandat, ont fait moult promesses sans lendemain. En lieu et place des élus incompétents, ce sont les responsables des comités de village qui prennent des initiatives en organisant des mouvements de protestation ou en mobilisant les maigres moyens pour répondre aux urgences des citoyens comme cela a été fait lors des intempéries mortelles de l'hiver dernier.

Quand ce ne sont pas les citoyens qui les cadenassent, ces mairies deviennent des lieux de règlements de comptes claniques, de de batailles rangées entre fidèles et opposants au maire sans lien aucun avec la gestion du territoire de la commune.  La commune de Krakda à El Bayadh, cette semaine, a été le théâtre d'une rixe entre les fidèles et les opposants du puissant maire FLN; ce dernier considéré comme proche de la direction centrale non pour des raisons politiques mais du fait qu’il a un lien de parenté avec l’un des membres du bureau politique résidant à El Bayadh. Ce sont les opposants au maire, des élus RND, qui ont fermé le siège de leur APC.

Défaillances persistantes des services de l'Etat, corruption des élus, cohabitation tribale et maffieuse de ces derniers, ces mairies qui attendent le scrutin de novembre prochain, n'ont même plus de présence administrative : rupture des stocks de documents d'état civil, retard dans le versement des mensualités des agents communaux, absence de conseils de délibération sur des projets économiques inexistants ou entassés dans les tiroirs.

De fait, l'agitation des partis politiques qui se disent "mobilisés" au prochain scrutin des locales a ceci d'ubuesque : d'ici là, y aura-t-il encore des APC ouvertes, fonctionnelles et des "élus" sur place ? Les formations politiques, toutes sans exception, évitent, dans leur déclaration, tout ce qui touche à l'essentiel: les préoccupations des citoyens dans leur proximité avec les pouvoirs publics. Ainsi, à la série des fermetures de sièges d'APC, s'opposent la tenue de conférences, de congrès, d'université d'été, l'installation de fédérations, le tri des militants entre candidats aux APW et ceux, mineurs, des APC.

"D'ici la  la mi-septembre, le FFS aura organisé au moins 40 congrès de wilaya qui seront dotées de leurs fédérations respectives et pourront ainsi établir des listes de candidatures du parti", a déclaré M. Ali Laskri dans un entretien à l’APS. Abdelaziz Belkhadem se soucie de la morale et de l'éthique de ses candidats FLN. "Des commissions de candidatures seront créées au niveau des kasmas et des mouhafadhas du parti. Les candidats doivent remplir un ensemble de critères dont le militantisme, l’intégrité et la bonne gestion des affaires publiques", a-t-il déclaré à ce propos lors d'une conférence régionale. M. Amar Ghoul, le patron du nouveau TAJ, appelle au rajeunissement des candidats aux locales : "70% des responsables locaux et nationaux ainsi que les membres du bureau politique et du Conseil national du parti seront des jeunes". Miloud Chorfi, le porte-parole du RND appelle "la famille du RND à œuvrer avec dévouement et loyauté, conformément aux principes et bases du parti en vue de réaliser des résultats positifs lors de cette échéance électorale" pour oeuvrer à "la sensibilisation des citoyens aux efforts consentis par l'Etat pour prendre en charge les préoccupations quotidiennes du citoyen et trouver les solutions idoines susceptibles d'assurer une stabilité socio-économique et un développement durable pour l'Algérie"

Cet échantillonnage de quelques déclarations de partis à deux mois des locales renseignent sur leur caractère factice et péremptoire et jurent, par leur contenu démagogique, aux réalités désastreuses du terrain, celles qui conduisent les citoyens à fermer les mairies qui, depuis longtemps, ne sont plus à leur service.

R.N

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Commentaires (4) | Réagir ?

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madjid ali

Mafia du fln à vous les mairies

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madjid ali

Je ne pense pas que les rares energumènes qui votent vont se déplacer cette fois ci

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