France : la rentrée politique de François Hollande c'est maintenant

François Hollande et son premier ministre.
François Hollande et son premier ministre.

Rentré ce week-end à Paris, le chef de l'Etat se rend dès jeudi à Berlin pour plancher sur la crise de la zone euro. Attaqué par la droite et critiqué sur sa gauche, l'exécutif doit mener des réformes périlleuses sur le front de la fiscalité et de l'emploi.

A pied d'oeuvre dès cette semaine. François Hollande est rentré de vacances ce week-end et les membres du gouvernement rejoignent eux aussi leur bureau aujourd'hui. Le temps de préparer le Conseil des ministres de rentrée, ce mercredi, qui sera immédiatement suivi d'une réunion interministérielle à Matignon sur les Roms, question polémique du mois d'août avec la sécurité et l'offensive de la droite sur "l'immobilisme" de la France dans la crise syrienne.

Dès jeudi, le chef de l'Etat sera aussi de retour sur la scène internationale. Il dînera à Berlin avec la chancelière allemande, Angela Merkel, pour évoquer la crise de la zone euro avant de recevoir, samedi à Paris, le Premier ministre grec, Antonio Samaras. L'exécutif a fait savoir que la Syrie serait aussi abordée.

Recréer la confiance

Une semaine d'ores et déjà chargée qui illustre la volonté du pouvoir de montrer sa capacité d'action quand les premiers mois du quinquennat auront surtout été consacrés à poser les bases de la méthode Hollande et à prendre quelques mesures à forte portée symbolique. Alors que la session parlementaire de juillet s'est essentiellement limitée à abroger des mesures fiscales de la précédente majorité, l'exécutif s'est vu accusé par la droite et un certain nombre de commentateurs de jouer la montre en multipliant les commissions ou en renvoyant, lors de la conférence sociale, les sujets sensibles à de futurs rendez-vous ou à des négociations interprofessionnelles (salaire des fonctionnaires, modernisation du marché du travail, etc.). "Cent jours pour presque rien", a aussi rugi hier Jean-Luc Mélenchon dans le JDD.

L'Elysée assume sa méthode. "Pour agir, il faut parfois prendre le temps de parler, de décrisper", y explique-t-on. Mais la feuille de route chargée fixée pour la rentrée par François Hollande témoigne de la nécessité de lancer au plus vite de premières mesures. Si le président a interrompu ses vacances à trois reprises, notamment pour répondre aux attaques de la droite, c'est, dit-on à l'Elysée, que "par tempérament et par mission, il est tenu de rester en alerte permanente". Certes. Mais c'est aussi que, à en croire les sondages, il doit encore prouver aux Français qu'il est à la hauteur de la situation de crise au sortir d'un été où l'économie est restée au point mort et où une partie de la gauche commence à critiquer le manque de rupture de fond avec le quinquennat Sarkozy sur l'Europe ou les Roms.

On attend ainsi dès septembre le projet de loi sur les "emplois d'avenir" ou la présentation du plan export. Au-delà de la mise en oeuvre de ses promesses, l'heure des arbitrages difficiles arrivera avec la présentation du budget 2013 fin septembre. Il sera bien difficile de concilier le soutien à la compétitivité des entreprises réclamée par le patronat et les mesures sociales attendues par les syndicats. Le satisfecit de ces derniers sur les premiers mois du président Hollande lui garantit une rentrée sociale a priori calme. A l'Elysée, on s'attend cependant à ce que la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires puisse susciter de la "grogne" chez les enseignants. Si, à la présidence, on répète que "les Français sont extrêmement lucides sur la difficulté de la situation" et qu'on explique ainsi les mauvais sondages, un peu plus de cent jours après son élection, le défi est inchangé : recréer la confiance.

Derek Perrotte et Elsa Freyssenet

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