Lakhdar Brahimi ou l'impossible mission de paix en Syrie

Lakhdar Brahimi.
Lakhdar Brahimi.

Comme nous l'avions annoncé, il y a quelques jours, l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères a accepté le poste de médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe dans le conflit syrien.

Eu égard aux dramatiques développements, la mission est extrêmement difficile. Car y a-t-il réellement une chance pour que la guerre civile qui a lieu actuellement en Syrie se termine par un plan de paix ? Bachar Al Assad qui a roulé tous les farines plusieurs ministres des Affaires étrangères, lanterner Kofi Annan, menti depuis le début du conflit serait-il disposé à un éventuel départ ? Une certitude, Lakhdar Brahimi aura en face de lui un menteur en diable, un homme prêt à tout pour garder le pouvoir, le prototype du dirigeant arabe dont les inspirateurs sont Hafedh Al Assad, son père, Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi. 

Pour celle que d'aucuns surnomment la mission suicide, Lakhdar Brahimi succède à son ancien patron aux Nations unies, Kofi Annan, qui a démissionné le 2 août en invoquant le manque de soutien des grandes puissances à ses efforts pour mettre fin à 17 mois de violence en Syrie. Aussi, pour certains, Lakhdar Brahimi prend un risque insensé en acceptant de succéder à Kofi Annan comme médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie. À 78 ans, l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères est sorti une nouvelle fois de sa retraite après avoir été l'émissaire de l'ONU en Afghanistan à la suite du 11 septembre 2001, puis en Irak après l'invasion de 2003. 

"Jamais dans ma carrière je n'ai cru qu'une situation était sans espoir ou qu'il était impossible de changer la donne, malgré tout ce qu'on disait autour de moi", a déclaré un jour Lakhdar Brahimi. Mais la mission réputée impossible qu'il vient d'accepter laisse certains diplomates à l'ONU sceptiques. "C'est peut-être la seule personne à avoir le courage et la crédibilité nécessaires dans le monde arabe pour réussir un tel exploit", estime un diplomate occidental. "Mais même cet optimiste forcené doit savoir qu'il s'agit d'une situation désespérée."

Même s'il a le soutien des grandes capitales occidentales, peut-il faire mieux que son prédécesseur ? La donne a-t-elle changé ? se demandent les observateurs. Alors certains pays occidentaux et arabes sont passés au stade de l'armement des insurgés de l'ASL contre le régime, il est difficile de donner quelque chance de réussite à la mission de Brahimi.

Né le 1er janvier 1934, marié et père de trois enfants, Lakhdar Brahimi a étudié le droit et les sciences politiques en Algérie et en France. Il parle arabe, français et anglais. Après la guerre d'Algérie, à laquelle il a pris part, Lakhdar Brahimi est devenu l'ambassadeur de l'Algérie indépendante au Royaume-Uni, en Égypte, au Soudan et auprès de la Ligue arabe au Caire. Il fait connaître pour la première fois ses talents de médiateur en 1989, quand il contribue en tant qu'émissaire de la Ligue arabe à un accord mettant fin à dix-sept ans de guerre civile au Liban. Après avoir dirigé la diplomatie algérienne de 1991 à 1993, il devient envoyé spécial de l'ONU dans différents points chauds de la planète et médiateur dans la résolution de plusieurs conflits. Il dirige ainsi la mission de l'ONU en Afrique du Sud pendant les élections de 1994 qui ont amené au pouvoir Nelson Mandela, puis est envoyé au Yémen en pleine guerre civile, avant de représenter les Nations unies en Haïtijusqu'en 1996.

L'ONU le dépêche ensuite comme émissaire dans une série de pays africains (Zaïre, Soudan, Burundi, Liberia, Nigeria, Angola, Côte d'Ivoire), puis en Afghanistan. Après le 11 Septembre, Kofi Annan lui demande de retourner en Afghanistan, de 2001 à 2004, pour participer à la reconstruction du pays à la suite du départ des talibans. De là, Lakhdar Brahimi passe à un autre pays en crise, l'Irak, après l'invasion menée par les États-Unis pour renverser Saddam Hussein. Il s'est aussi fait connaître aux Nations unies pour avoir dirigé une enquête sur la manière de réformer les opérations de maintien de la paix à la suite de l'échec des Casques bleus à empêcher les massacres au Rwanda, en 1994, et à Srebrenica (Bosnie), en 1995.

Lakhdar Brahimi fait partie du groupe des "Elders" (anciens), qui réunit des personnalités de différents pays oeuvrant au règlement des conflits dans le monde, tout comme Kofi Annan, Jimmy Carter,Desmond Tutu ou Martti Ahtisaari. "Nous évitons très soigneusement de prétendre que nous allons régler un problème. Tout ce que nous disons, c'est que, de temps en temps, dans certaines situations, nous pouvons donner un coup de pouce", explique Lakhdar Brahimi sur le site internet des Elders.

Y.K/AFP

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Khalida targui

On arrive à regretter un Saddam et un Khadaffi, quelle chute

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Rabah

Dommage qu'un vieux briscard comme lui, pour peu qu'il ait jamais été honnête, met sa notoriété au service d'une organisation mafieuse et criminelle comme l'ONU, on dit que le crime paie bien tant qu'on a encore quelque chose à monnayer

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