Tunisie : Rached Ghannouchi repousse la Constitution

Rached Ghennouchi, leader d'Ennahda
Rached Ghennouchi, leader d'Ennahda

Selon les informations rapportées par le quotidien arabophone "Echarq el Awssat", Rached Ghannouchi s'attèle déjà à sa candidature aux prochaines présidentielles. Il aurait instruit, lors d'une réunion secrète tenue, hier, à Sfax, ses cadres et membres du gouvernement de son parti à repousser toute décision politique cruciale pour l'heure...

Selon les révélations du quotidien arabophone Echarq el awssat, dans son édition d’hier, mercredi, Rached Ghannouchi s’attèle d’ores et déjà à mobiliser ses troupes pour les prochaines élections présidentielles quel que soit le régime, parlementaire ou présidentiel. Le quotidien rapporte qu’une importante réunion du parti s’est tenue, hier, dans la ville de Sfax (350 km au sud de Tunis) suite aux contestations de Tunis et de Sidi Bouzid. Selon la même source, c’est Rached Ghannouchi lui-même qui aurait instruit les cadres de son parti et membres du gouvernement à ralentir ledit gouvernement dans les prises de décisions politiques cruciales qu'il aura à prendre. En revanche, ajoute le journal, les jeunes du mouvement Ennahda ont lancé une campagne appelant ce gouvernement de la nécessité d'accélérer la réalisation de leurs programmes de développement.

Le parti Ennahda de Rached Ghannouchi cherche-t-il à gagner du temps afin de peser de toutes ses forces sur les prochaines élections législatives et présidentielles prévues initialement d'ici juin 2013 ? Or, l’adoption de la nouvelle constitution tunisienne qui devrait avoir lieu le 23 octobre de cette année 2012 est repoussée en raison de graves divergences qui secouent l’assemblée nationale constituante sur la formulation du projet de société et du régime politique du futur Etat tunisien. D’un côté les Islamistes, favorables à un régime parlementaire, de l’autre, les adeptes d’un régime semi-présidentiel. Un compromis sur la nature du régime ? Le parti islamiste de Rached Ghannouchi, majoritaire au sein de la constituante ne semble pas, malgré ses multiples déclarations de bonnes intentions sur le respect de la laïcité ancrée dans le capital politique de la Tunisie depuis la venue au pouvoir du président Habib Bourguiba, semble lui opter plutôt pour un "arrangement" à son profit. En témoigne la première mouture du texte de la prochaine Constitution qui met en péril un acquis de la vie politique, sociale et culturelle de la Tunisie : l’égalité des sexes. En effet, l’article de la mouture  du texte constitutionnel rédigée sous l’œil vigilant des islamistes d’Ennahda se veut subtil dans sa formulation mais ne prêtant à aucune ambiguïté sur la volonté de l’idéologie islamiste d’Ennahda de porter un coup fatal aux libertés individuelles et collectives du peuple tunisien par le fait que, est-il écrit dans la mouture de la loi, la femme devient "complémentaire", déchue de son satut d'"égale" de l’homme dans tous les secteurs de la vie politique et socioéconomique. Ce projet de loi vient d’être contesté par les organisations féminines et de la société civile tunisienne qui ont exigé le retrait de cette loi lors d’une marche de protestation lundi dernier à Tunis.

Ce retard dans la finalisation et l’adoption de la constitution tunisienne profite au parti majoritaire de Rached Ghannouchi pour manœuvrer, repousser les échéances du processus démocratique prévu d’ici juin 2013 date butoir des présidentielles. Depuis un an et demi que le régime de Ben Ali est tombé, la Tunisie fonctionne sans constitution et cette absence de cadre législatif définissant le nature et le fonctionnement du nouvel Etat tunisien profite grandement à la formation Ennahdha de Rached Ghannouchi et aux autres "groupuscules" salafistes qui lui sont affiliés, auteurs d'opérations "commando" sur la vie culturelle tunisienne. On se souvient des attaques menées contre la chaine de Télévision privée Nessma TV, plus récemment l’interdiction d’un film et d’un vernissage au centre de Tunis par les salafistes. Ces interdictions violentes menées au grand jour par les islamistes de tout bord prennent de l’ampleur et cherchent à créer un climat d’insécurité et de terreur portant préjudice à toute avancée démocratique portée par la "Révolution du Jasmin" ayant entrainé la destitution de Ben Ali. Et c’est précisément ce que chercherait Ennahda en récupérant à son profit tous les espoirs de justice, d’égalité, de libertés nourris et portés par la "Révolution du Jasmin". Un élément important corrobre cette thèse. Rached Ghannouchi a été un élément actif du FIS d’Abassi Madani en 1992. Quitte à créer le chaos dans le pays, ce qu’il cherche visiblement à Sidi Bouzid, ville emblématique de la Révolution du Jasmin, le parti Ennahdha compte bien tirer profit de cette situation de report de la nouvelle Constitution tunisienne.

Au sein de l’hémicycle, l’opposition s’inquiète et s’insurge contre ce retard qui perdure depuis l'écroulement de l’ancien régime il y a plus d’un an et demi aujourd'hui. La société et l’économie tunisiennes pourront-elles supporter davantage ce retard ? Une question d’autant plus légitime que l’annonce du report intervient dans un climat social tendu. Les manifestations contre le gouvernement se multiplient à Sidi Bouzid, Gafsa et Tunis. Pour l’heure, en l’absence de constitution, aucune échéance électorale ne peut avoir lieu d’ici juin 2013 selon le calendrier prévu et annoncé par le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali. Ue nouveau calendrier électoral devrait ainsi faire l’objet d’une réunion à l’assemblée le 3 septembre prochain. Le parti Ennahda de Rached Ghannouchi veut gagner du temps et les actions violentes de ses prédicateurs que vit chaque jour la rue tunisienne prennent de l'ampleur.

R.N

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Commentaires (2) | Réagir ?

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elvez Elbaz

La Tunisie n'est pas prête de trouver son "chemin de damas". L'hydre islamiste l'a pénétrée. Mister ghannouchi et sa nébuleuse mahométane l'achemineront vers le pire de ce que la révolution du jasmin a combattu, n'en déplaise au dr merzouki, façade démocratique derriere laquelle mister ghanouchi se donne le temps de se préparer à l'assaut final.

Les mêmes causes ne donneront que les mêmes effets. La tunisie ne supportera jamais une situation telle celle engendrée par le fis des néfastes madani et son acolyte, l'ambigu behjaj, car, contrairement à l'algérie sauvée de la banqueroute totale grâce à sa rente pétroliére, la tunisie sombrera dans le pire des scénarios du faite qu'elle est dépourvue de toute infrastructure qui lui permettrait de survivre à une guerre civile. Le tourisme qui lui assurait des rentes vivriéres est déjà affecté et disparaitra une fois que l'hydre islamiste aura étendu ses tentacules sur ce pays.

Qu'il est loin son chemin de damas qui la délivrera de ses démons que le destin et l'histoire sont entrain de lui imposer!

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Je suis contre ton avis, car le salut de l´Algérie est dans la grande mosquée de 5 milliards d´euros d´Alger.