La guerre civile syrienne menace de toucher le Liban

Des groupes chiites prêts à s'en prendre à l'opposition syrienne.
Des groupes chiites prêts à s'en prendre à l'opposition syrienne.

Peur d'attentats ou de kidnapping. Cinq monarchies arabes du Golfe ont appelé mercredi leurs ressortissants à quitter le Liban en raison de menaces potentielles liées aux retombées du conflit syrien.

La main des Moukhabarat syriens fait peur au Moyen-Orient. Les Emirats arabes unis, le Qatar, Bahreïn et le Koweït, après l'Arabie saoudite, ont tour à tour lancé ces appels, assortis de conseils de prudence pour ceux parmi leurs ressortissants qui ne peuvent pas quitter le Liban.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères à Abou Dhabi a indiqué que l'ambassade des Emirats arabes unis à Beyrouth avait reçu desinformations sur des "menaces visant les ressortissants des Emirats arabes unis en lien avec le contexte politique difficile au Liban". L'ambassade du Qatar à Beyrouth a lancé un appel au "départ immédiat" des ressortissants qatariotes du Liban en raison des tensions, selon l'agence Qna.

Les ministères des Affaires étrangères du Koweït et de Bahreïn ont suivi en soulignant respectivement leur inquiétude de la "détérioration des conditions de sécurité au Liban en raison de la situation en Syrie" et des "risques que cela comporte pour la sécurité des Bahreïnis" dans ce pays. Des médias libanais ont, de leur côté, fait état d'un appel similaire de l'ambassade d'Arabie saoudite à Beyrouth aux ressortissants saoudiens, évoquant également des "menaces" contre eux.

Au cours des derniers mois, ces trois pays du Golfe ont lancé plusieurs avertissements à leurs ressortissants, leur demandant d'éviter de se rendre au Liban, de le quitter quand leur présence n'était pas nécessaire ou du moins d'informer les ambassades de leur lieu de résidence.

Le conflit en Syrie exacerbe les tensions au Liban, qui a connu 30 ans d'hégémonie syrienne et reste profondément divisé entre adversaires et partisans du régime de Damas. Il divise profondément le Liban, pays à l'équilibre confessionnel très fragile, notamment entre des chiites qui expriment leur sympathie pour le régime alaouite de Syrie - une émanation du chiisme - et des sunnites qui penchent vers les insurgés.

Milices chiites derrière les enlèvements

La Syrie n'a jamais levé entièrement la main sur le pays du Cèdre. Elle y entretient ses sympathies et ses hommes de main. Symbole de cette proximité, le Hezbollah est l'un des soutiens du régime de Bachar Al Assad. "Nous avons enlevé à Beyrouth et dans la plaine de la Bekaa 33 Syriens, dont un capitaine de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelle) qui était soigné dans un hôpital, ainsi qu'un Turc, pour obtenir la libération de notre parent Hassan, 40 ans, enlevé avant-hier en Syrie", a déclaré Hathem al-Mouqdad, porte-parole d'un clan chiite.

"Demain, il y en aura peut-être 50 car c'est le seul moyen de préserver la vie de Hassan, et ceux qui ont ordonné ce rapt le paieront cher", a-t-il ajouté, précisant qu'il refusait toute médiation, à l'exception du Comité international de la Croix rouge (CICR) et du chef de l'armée libanaise.

Selon des télévisions arabes, un groupe rebelle syrien a revendiqué l'enlèvement de Hassan al-Mouqdad, l'accusant d'être un tireur embusqué et un membre du Hezbollah, le mouvement chiite libanais qui soutient le régime syrien de Bachar Al-Assad, ce que ses proches ont démenti.

Le conflit en Syrie divise profondément le Liban voisin, pays à l'équilibre confessionnel très fragile, notamment entre des chiites qui expriment leur sympathie pour le régime alaouite - une émanation du chiisme - et des sunnites qui penchent vers les insurgés. Au sud de Beyrouth, des dizaines de Syriens ont été enlevés et leurs biens vandalisés également mercredi après l'annonce erronée de certains médias de la mort de onze pèlerins chiites kidnappés en mai dans le nord de la Syrie, a annoncé l'agence officielle libanaise.

Des proches des Libanais enlevés en Syrie sont sortis pour harceler des Syriens, puis des hommes en armes "ont vandalisé les magasins, détruit des voitures mises en vente dans des salles d'exposition et enlevé des dizaines de Syriens", a expliqué l'ANI.

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a exprimé "sa consternation devant l'enlèvement d'un grand nombre de citoyens syriens qui ont fui vers le Liban pour y trouverrefuge en raison de l'oppression sanglante qu'ils subissent dans leur pays".

Les militants anti-Assad présents au Liban ont appelé sur Facebook leurs compatriotes à ne pas sortir de chez eux et à éviter les quartiers théâtres d'affrontements communautaires.

Des manifestants chiites ont bloqué la route de l'aéroport en brûlant des pneus et un des hommes présent sur place, vêtu de noir et affirmant s'appeller Ali Mouqdad, a lancé aux manifestants: "N'attaquez personne mais si vous voyez un Saoudien ou un Qatari, faites-le moi savoir". Nombre d'observateurs estime qu'il y a des risques que la guerre civile syrienne déborde au Liban. Cette montée de tension en serait le premier signe si le conflit syrien dure.  Car Bachar Al Assad n'hésitera pas à allumer un contre-feu dans ce pays pour détourner l'attention et s'en servir de moyen de pression.

LM/AFP

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