Le régime syrien accepte la médiation de Lakhdar Brahimi

Sur les terres syriennes, les armes ne se sont pas tues.
Sur les terres syriennes, les armes ne se sont pas tues.

L'ancien Premier ministre Riad Hijab, dont la défection a fait grand bruit il y a une semaine, a estimé mardi que le pouvoir de Bachar al Assad «s’est effondré militairement, économiquement et moralement ». Ajoutant qu’il « ne contrôle plus que 30% du territoire» du pays.

A Genève, le porte-parole de l'ancien médiateur pour la Syrie, Kofi Annan, a indiqué que les autorités syriennes avaient approuvé la candidature de l'Algérien Lakhdar Brahimi pour lui succéder au poste d'émissaire de l'ONU. C'est Ban ki moon, SG de l'ONU, qui a proposé la candidature de Brahimi après le démission de Kofi Annan. Reste à convaincre Russes et Chinoise de la candidature algérienne. Mais aussi de  certaines monarchies du Golfe, très engagée dans le soutien de l'opposition syrienne. 

Ancien ministre des Affaires étrangères de 1991 à 1993, Lakhdar Brahimi a notamment représenté l’ONU en Afghanistan de 1997 à 1999, puis de 2001 à 2004 après le départ des talibans, ainsi qu’en Irak après l’invasion de 2003. Dès qu’il à été pressenti, Lakhdar Brahimi a téléphoné à "quelques amis", mais il a surtout, bien sûr, pris contact avec le ministre syrien des Affaires étrangères avec lequel il avait eu maille à partir. Il a trouvé un diplomate chaleureusement désireux de l’accueillir à Damas. Il semble que, du côté des forces loyalistes, on n’attende que lui, alors que, du côté des forces rebelles, héroïques, mais divisées, les conditions exigées pour une rencontre sont plus complexes. C'est dire que les choses ne seront pas faciles pour le diplomate algérien. Certains arguent même que la solution diplomatique arrive déjà trop tard, le régime est allé trop loin. En tout cas, tout semble s'acheminer vers une médiation Brahimi à partir de la fin août en Syrie. Ce dont profite le pouvoir en Algérie, qui présente la désignation de Brahimi comme une réussite de la diplomatie algérienne. Un raccouci dénué de toute crédibilité.

Combats à Damas et Alep

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a établi un nouveau bilan ce mardi : depuis le début de la révolte à la mi-mars 2011, 23 002 personnes sont mortes, 16 142 civils, 1 018 déserteurs et 5 842 soldats. Parmi les  des victimes civiles, l'OSDH compte ceux qui ont pris les armes . Quelque 2 409 morts ont été comptabilisées depuis la fin juillet. Selon un bilan encore provisoire, 46 personnes ont péri ce mardi. 

Sur le terrain, situation inchangée : combats de plus en plus meurtriers, bombardement et des milliers de Syriens qui fuient la guerre civile. Actuellement les  combats entre l'Armée syrienne libre (ASL) et les troupes fidèle au régime de Bachar Al-Assad se concentrent dans les deux principales villes du pays, Damas et Alep. Perquisitions et contrôles se poursuivent à Damas. L'armée continue ses perquisitions et contrôles d'identité entamés la veille dans le centre-ville de la capitale. Dans le quartier de Midane, l'armée a installé des barrages aux entrées. Des rues sont coupées à la circulation et des soldats procèdent à des contrôles d'identité, fouillant également les voitures. Dans la province de Damas, les habitants fuient la localité de Qaboun de peur d'une opération des forces armées qui ont pilonné dans la nuit les localités de Daraya et de Madamiya, selon l'OSDH. 

A Alep, des bombardements entendus à Seif al-Dawla et Salaheddine. Selon l'OSDH, "des accrochages ont lieu à Seif al-Dawla et Salaheddine (où des poches de résistance subsistent, Ndlr) et des explosions sont entendues dans ces deux quartiers" contre lesquels les troupes de Bachar al-Assad ont lancé des offensives terrestres, respectivement le 13 et le 8 août. Selon un journaliste de l'AFP , il y a un sentiment anti-occidental de plus en plus fort dans les rangs des combattants, qui reprochent à l'Occident de les laisser mourir. Le reporter a entendu des bombardements provenant de ces deux quartiers. Il a vu à Bab al-Nasser (centre) un Mig tirant à trois reprises.

L'Iran mis en accusation

Jeu d'influence redoutable sur le dos des Syriens. D'un côté, Arabie Saoudite et Qatar qui financent la rébellion avec l'accord tacite de la Turquie et des Etats-Unis. D'un autre côté, Washington qui accuse les Gardiens de la révolution iraniens de mettre sur pied une milice chiite en Syrie pour soutenir le régime Assad et combattre les insurgés. L'Iran "essaie de mettre sur pieds, de former une milice en Syrie pour combattre pour le compte du régime. Nous voyons une présence grandissante de l'Iran (en Syrie, ndlr) et cela nous inquiète beaucoup", a déclaré mardi le secrétaire américain de la Défense Leon Panetta. "Tout ce à quoi cela va aboutir, franchement, c'est de prolonger la souffrance des Syriens", a-t-il poursuivi. Selon le général Dempsey, le plus haut gradé américain, les Gardiens de la révolution iraniens forment cette milice, composée de "Syriens généralement chiites, pour certains alaouites", la minorité à laquelle appartient le président  Assad.

Travail de sape américain

Par le dégel des avoirs, Washington incite les hauts cadres à faire défection. Prenant l'ex-Premier ministre syrien, Riad Hidjab, en exemple, "les Etats-Unis encouragent d'autres responsables civils et militaires au sein du gouvernement  syrien à prendre la même décision courageuse", a déclaré David Cohen, sous-secrétaire au Trésor chargé du renseignement financier et de la lutte contre le terrorisme. Il a annoncé que l'ex-chef du gouvernement a été rayé de la liste noire des personnalités syriennes. Mi-juillet, les Etats-Unis avaient gelé ses avoirs pour faire pression sur le régime de Damas. "Il n'est pas trop tard pour d'autres cadres qui continuent de soutenir le régime Assad de couper ces liens et de voir le fardeau des sanctions disparaître", a poursuivi le responsable du Trésor.

Exactions sur les journalistes

L'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a demandé mardi à l'opposition de condamner les exactions visant les journalistes. L'ONG dit avoir recensé "un nombre croissant de violations de la liberté de l'information du côté des forces qui combattent le régime", soulignant que "les employés des médias pro-gouvernementaux sont de plus en plus la cible d'enlèvements et d'assassinats ciblés". Un responsable de l'agence officielle syrienne Sana a été assassiné par les rebelles devant sa maison à Damas et un groupe lié à Al-Qaïda a revendiqué le meurtre il y a un mois d'un présentateur de la télévision d'Etat. Vendredi, trois journalistes travaillant pour une chaîne publique ont, notamment; été capturés par les rebelles.

Bernard-Henri Lévy appelle à une action militaire aérienne

L'écrivain-philosophe français Bernard-Henri Lévy, en pointe lors de l'intervention en Libye en 2011 a appelé dans une tribune, titrée "Des avions pour Alep" et publiée dans le quotidien français Le Monde, à une intervention aérienne en Syrie. "La cause est juste. L'intention est droite. Ce sont les Syriens eux-mêmes qui - paramètre essentiel - appellent à l'aide", argumente-t-il. "Alep aujourd'hui, c'est Benghazi hier", redit-il. 

BHL propose d'abord la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne "imposée depuis les bases otaniennes d'Izmir et Incirlik, en Turquie, et empêchant les avions de Bachar Al-Assad de mitrailler les femmes et les enfants d'Alep". Il envisage ensuite d'empêcher le déplacement de ville en ville de blindés du régime, par voie aérienne également. L'écrivain français reprend une revendication plusieurs fois réitérée par les combattants syriens de l'ASL depuis le début de l'offensive aérienne sur Alep.

Sofiane Ayache/Agences

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Commentaires (8) | Réagir ?

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ali chemlal

De grace, lorsque vous citez B H L ; dites" hacha men yasmaa" ce triste phylosophe a déja des centaines de morts lybiens sur la conscience, s'il en a une, pour qu'il en rajoute d'autres, le conflit syrien est un complot, visant a réduire a néant non seulement l'armée syrienne, méme l'opposition rebelle, au bénifice de l'Etat sioniste, avec la bénédiction des émirats du du Golf et notament du Qatar. C 'est vraiment affligeant d'assister a une tueurie a grande échelle, ou des centaines de syriens perrissent chaque jour, faisant l'objet de tractations au bénéfice d'intérets géostratégiques.

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klouzazna klouzazna

il n'ya pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir... toutes ces gesticulations internationales ne sont qu'une perte de temps... nul besoin d'observateur ou d'émissiare... Les faits sont clairs... On ne fait pas le bonheur d'un peuple malgré lui... c'est la lutte des braves qui vaincra... les jours de la giraffe sont comptés...

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