Syrie : le spectre d'un massacre de masse plane Alep

A Alep, population et combattants appréhendent les lendemains.
A Alep, population et combattants appréhendent les lendemains.

Après s'être massées autour, les forces armée de Bachar Al-Assad ont repris, vendredi aux premières heures, les bombardements sur la deuxième ville du pays.

Les forces de Bachar Al-Assad ont repris, vendredi aux premières heures, les bombardements terrestres et aériens sur Alep, où les insurgés s'attendent à une contre-offensive majeure. Aux États-Unis, le département américain d'État a dit craindre que les forces loyales au président syrien ne se livrent à un véritable massacre dans cette ville de 2,5 millions d'habitants dont plusieurs quartiers sont contrôlés par les rebelles. "Voici ce que nous craignons : de voir un massacre à Alep et c'est ce que le régime semble être sur le point de faire", a déclaré jeudi la porte-parole du département d'État, Victoria Nuland. L'administration américaine juge crédibles les informations faisant état de l'envoi de colonnes de blindés vers la capitale économique du pays, où des hélicoptères d'attaque et des chasseurs de l'armée de l'air syrienne sont déjà à l'oeuvre.

D'après plusieurs opposants contactés vendredi à l'aube, les troupes syriennes stationnées aux alentours de la ville ont ouvert le feu au mortier sur plusieurs quartiers de l'ouest d'Alep, notamment à Saladine, Soukkari et Fardous. Le quartier de Sakhour, dans l'est, a été mitraillé par des hélicoptères MI-25 de conception russe. Un premier décès a été signalé vendredi, un homme d'une soixantaine d'années tué près d'un parc du quartier de Saladine. Le bilan avancé pour la journée de jeudi par les militants de l'opposition était de 34 morts dans Alep et ses environs. 

"Les rebelles sont constamment en mouvement"

Joint par téléphone, l'opposant Abou Mohammed al-Halabi a souligné que les rebelles parvenaient à échapper aux tirs. "Le régime masse des troupes et des chars aux entrées d'Alep mais semble pour le moment se contenter de bombarder la ville, où les rebelles sont constamment en mouvement." Il ajoute que de nombreux habitants ont fui leurs foyers pour se réfugier dans des abris de fortune, des écoles notamment. "Un obus frappant une école provoquerait une catastrophe", redoute-t-il.

Madjed al-Nour, un autre activiste, rapporte que des insurgés ont attaqué jeudi un poste avancé tenu par les forces régulières dans le quartier de Boustane al Joz, non loin du centre historique de la ville. "Les rebelles sont présents dans l'est et l'ouest de la ville, et ont pris pied dans des secteurs du centre. Les forces du régime contrôlent les entrées d'Alep et les principaux axes de circulation ainsi que les rues commerciales. Elles bombardent les quartiers résidentiels qui sont tombés aux mains des rebelles", ajoute-t-il. À l'en croire, des dizaines de milliers d'habitants ont fui Alep vers les régions rurales plus au nord, proches de la Turquie et que l'armée syrienne a abandonnées ces dernières semaines pour concentrer ses moyens sur les lignes de front urbaines.

"Sur le départ"

Sur le plan diplomatique, alors que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé jeudi que Assad et ses proches étaient "sur le départ" et que des préparatifs étaient en cours pour une "nouvelle ère" en Syrie, le Conseil de sécurité reste divisé. À Varsovie, où il était en déplacement, le chef de la diplomatie française,Laurent Fabius, a appelé la Russie et la Chine à agir pour empêcher un massacre à Alep. "Nous espérons qu'enfin ils vont entendre les cris qui montent non seulement de Syrie mais aussi de partout dans les peuples arabes, partout dans le monde, pour arrêter ce bain de sang", a-t-il dit. Mais, face à la paralysie du Conseil de sécurité, où Russes et Chinois ont fait usage à trois reprises de leur droit de veto depuis le début de la crise syrienne, les Occidentaux et leurs alliés arabes s'efforcent d'aider l'opposition syrienne à s'unir et à travailler sur l'après-Assad.

Le général syrien Manaf Tlass, ancien proche de Bachar Al-Assad qui a fait défection au début du mois, a proposé ses services pour rassembler l'opposition fragmentée en Syrie comme à l'extérieur du pays et établir un plan de transfert du pouvoir. Manaf Tlass, qui s'est exprimé dans un journal saoudien basé à Londres, a dit par ailleurs chercher le soutien de l'Arabie saoudite et d'autres puissances. "J'ai quitté (la Syrie) pour essayer d'aider au mieux à rassembler des gens honnêtes, en Syrie et à l'étranger, afin d'établir un plan d'action pour sortir la Syrie de cette crise", a-t-il déclaré au journal Achark al Aoussat. 

Reuters

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