Mutinerie à Madagascar : l'armée a donné l'assaut contre la base des mutins

L'armée a pris d'assaut la base des mutins.
L'armée a pris d'assaut la base des mutins.

Madagascar, plongée dans une longue crise politique, a connu de nouveaux troubles dimanche sur une base militaire où des mutins aux revendications inconnues ont provoqué des affrontements, faisant au moins trois morts et quatre blessés.

L’armée a annoncé avoir lancé l’asssaut contre la base aéronavale d’Itavo, près de l’aéroport de la capitale, après l’échec d’une tentative de négociation dans la journée et les coups de feu avaient cessé vers 18h30 (17h30 heure française), tandis que l’aéroport international d’Antananarivo est resté fermé. Vers 20h30, le chef d’état-major, le général André Ndriarijaona, a déclaré à l’AFP que l’armée avait pris le controle de la situation. "Les opérations de ratissage se poursuivent, une opération de nuit n’est pas exclue mais la situation est sous contrôle", a-t-il dit.

Ces violences sont intervenues alors que les deux principaux protagonistes de la crise politique malgache, l’ancien président Marc Ravalomanana, 62 ans, renversé début 2009, et Andry Rajoelina, 38 ans, son opposant et président de fait du régime de transition, doivent en principe négocier seul à seul mercredi aux Seychelles. Aucun des deux rivaux n’a fait de déclaration dimanche. Le mot de tentative de coup d’Etat n’a pas été prononcé de la journée, contrairement à novembre 2010 où une mutinerie avait eu lieu au même endroit. Le ministre des Forces Armées, André Lucien Rakotoarimasy, a déclaré qu’il s’agissait d’"une mutinerie fomentée par quelques éléments" et affirmé "ne rien savoir de ce qu’ils veulent".

Les mutins ont été identifiés comme de jeunes recrues, selon un ancien du régiment de commando installé sur la base mutinée. Leur leader est un certain caporal Koto Mainty, dit "caporal black", selon la même source.

Les premiers tirs en provenance de la base d’Ivato ont retenti à partir de 6 heures. L’assaut a été donné par les gendarmes et l’armée avant que la nuit ne tombe, à 16 heures et après la mort d’un officier envoyé négocier, selon l’armée malgache. Dans un communiqué, l’état-major a indiqué avoir déclenché l’attaque après l’échec des négociations. Le chef de la communication des forces armées, le colonel Rarasoa Ralaialomady, a indiqué que le bilan était de trois morts et quatre blessés.

Une source diplomatique a évoqué une possible mise en scène destinée à impressionner la communauté internationale et à perturber la rencontre entre Rajoelina et Ravalomanana. Ces troubles confirment en tout cas la situation toujours volatile et tendue dans la Grande Ile. Ils ajoutent au voile d’incertitude entourant le tête-à-tête que les médiateurs de l’Afrique australe (SADC) peinent à organiser entre Rajoelina et Ravalomanana. La date et le lieu de la rencontre aux Seychelles n’a d’ailleurs jamais été annoncée officiellement par la SADC, ni par aucune des parties mais confirmée par plusieurs sources concordantes.

Le retour et l’éventuelle participation de l’ex-président à la future élection présidentielle restent les principaux obstacles à la résolution de la crise.

Tandis que Ravalomanana vit en exil en Afrique du Sud depuis 2009, les grèves se multiplient et des manifestations contre le régime en place ont vu le jour. Le gouvernement d’union nationale créé en novembre 2011 est perturbé par de nombreux blocages. Les ministres pro-Ravalomanana ont été suspendus la semaine dernière au motif qu’ils boycottaient le conseil des ministres depuis mai.

La pression sur les deux rivaux s’est accrue avec l’annonce par la commission électorale (Cenit) qu’elle annoncerait le 1er août le calendrier définitif des élections législatives et présidentielle.

La Cenit a précisé n’avoir pas d’objection à organiser ces scrutins en saison sèche 2013 (avril-septembre), comme le préconise l’ONU. Leur organisation dépend de financements extérieurs, notamment de l’Union européenne dont fait partie la France, ancienne puissance coloniale qui continue de suivre de près les affaires malgaches.

AFP

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