Abdelaziz Bouteflika et la leçon de François Hollande

Abdelaziz Bouteflika et la leçon de François Hollande

Entre la France de François Hollande et l'Algérie d'Abdelaziz Bouteflika, plus que le passé colonial, c'est une vision d'avenir qui les oppose face au néo-fascisme, au terrorisme islamiste...

A l'occasion de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv de juillet 1942, qu'il a présidée dimanche, François Hollande a reconnu et affirmé que l'arrestation de milliers de juifs lors de la rafle du Vél d'hiv à Paris et sa banlieue était un "crime commis en France par la France". Replacés dans le contexte de la décennie noire en Algérie, Bouteflika pourrait-il reconnaître, au-delà des contextes historiques différents mais ayant tout de même la même matrice idéologique fantoche, que le terrorisme islamiste "est un crime commis en Algérie par l’Algérie". Plus proche de la vision idéaliste de l'ex-président François Mitterrand, qui considérait que la France ne pouvait être mise en cause dans la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale puisque, selon lui, il n'y avait eu, durant l'occupation allemande, qu'une seule France légitime, celle de la France libre, Bouteflika a toujours affirmé que l’Algérie est "une et indivisible", en niant le soubassement idéologique du terrorisme islamiste porteur d’un projet de société théocratique d’une autre Algérie coupée de son historicité.

Le président français, en reconnaissant la participation active de la France vichyste dans la déportation de 75.500 Juifs vers les camps de la mort nazis sur les 320.000 qui vivaient en France au début de l'Occupation, ne fait pas seulement acte d’un mea culpa pour l’Histoire. Il entend faire cette vérité si pénible à dire sur les lieux même de la tragédie, comme l’a fait, en pionnier, le Président Jacques Chirac, un combat contre l’antisémitisme, le racisme, la xénophobie, même si, dans la pratique sociale, ces velléités profascistes ont la peau dure. Mais la taire, la diluer dans un nationalisme de mauvais aloi, c’est justement nourrir le même fascisme de cet été 1942 et le conforter dans ses actes de profanation de cimetières juifs et musulmans, admettre aussi "la colonisation positive" de l’Algérie sous l’occupation de l’Empire français. Bouteflika, lui, n’a jamais condamné le terrorisme islamiste comme auteur de crimes commis en Algérie par l’Algérie. Le terrorisme islamiste, pour lui, n’est pas algérien, promu par les gouvernants algériens, ni porteur de crimes dans sa nature même, ni ne cherche à imposer la chari’a, ni encore à soumettre le pays à la botte d’un fascisme islamiste. Cette non-reconnaissance de la responsabilité de l’Algérie dans l’extermination de 200.000 morts parmi les populations civiles par les GIA est donc une falsification préméditée de l’Histoire récente de l’Algérie qui rend vaine les demandes réitérées de Bouteflika qui exige de la France sa repentance – plus que sa responsabilité historique- dans le génocide commis par elle en Algérie. A qui servirait cette repentance attendue du passé colonial de la France si elle ne venait pas renforcer, légitimer, construire une Algérie libre, libérée de l’islamisme politique, en menant une lutte sans merci, contre ses bras armés ?

François Hollande légitime une France antifasciste, résolue à lutter contre l’antisémitisme, par la condamnation ferme et sans ambiguïté de cette "France vichyste" d’il y a soixante dix ans depuis la rafle du Vel’Div. Bouteflika protège une Algérie islamiste, criminelle, résolue à pactiser avec ses maquis de la mort, alors que la décennie noire continue et est toujours porteuse de ses crimes contre l’humanité. Si, donc, la leçon de Hollande honore son pays qui n’oublie pas ses traitrises, ses harkis, ses collaborateurs et leurs crimes, celle de Bouteflika qui donne la chasse aux gardes communaux, aux patriotes qui ont résisté au terrorisme islamiste, sert à Al Qaïda au Maghreb islamique qui la retient, la récite comme un prêche d’impunité à leur service.

François Hollande, en condamnant la collaboration française sous l’Occupation nazie, ne fait aussi seulement œuvre de repentance vis à vis de l’Histoire, il l’inscrit aussi dans une vision du monde. N’a-t-il pas pressé Bouteflika à abandonner la solution diplomatique face à la crise malienne en insistant d’abord et avant tout sur la nécessité urgente qu’il y a à lutter par les armes contre Al Qaïda au Maghreb islamique qui est le principal danger en passe d’embraser l’Afrique, le Maghreb et le monde. Cette lecture des événements, de la réalité politique aurait été sans doute démagogique sans cette condamnation d’une France au passé honteux, assassin. Bouteflika, en accordant l’impunité aux terroristes algériens islamistes (et non des mercenaires afghans même s’ils ont servi d’émules), ne peut que se plier aux exigences d’Al Qaïda au Maghreb islamiste qui, par ailleurs, nourrissent le même antisémitisme à l’origine de la déportation du Vel Div.

R.N.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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khelaf hellal

C'est l'extrapolation qu'on peut faire effectivement : le terrorisme islamiste est un crime commis en Algérie par l'Algérie. Et faire son mea-culpa comme le fait la France aujourd'hui est une leçon à retenir. On ne peut pas, comme ça continuer à soutenir, protéger et glorifier ceux qui ont été la cause de nos malheurs, les terroristes islamistes qu'on a d'abord qualifiés d'égarés pour ensuite les réhabiliter et leur élever un piédestal qui leur permet encore de jouer les saintes-nitouches et les donneurs de leçons comme si de rien n'était. On ne peut comme ça continuer à remuer sans scrupules le couteau dans la plaie en traitant avec tous les égards et en donnant du " Monsieur" à des ennemis publics et des criminels notoires qui doivent répondre de leurs actes devant la justice. On ne peut, comme ça continuer à inverser les situations ou l' agresseur terroriste islamiste devient l'agressé, l'innocent, la victime à dédommager et à protéger parce qu'on a pas respecté ses dogmes religieux, son ordre inquisiteur, sa chariaa etc... On ne peut pas continuer comme ça à jouer le Ben-Laden dans une Algérie libre et démocratique pour laquelle se sont sacrifiés un million et demi de nos chouhada.

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Quelqun EncoreQuelqun

Il fut un de nos "Vel d'Hiv" nommé Oued Aïssi, un autre nommé Raïs, un autre nommé Ghélizane... Qu'est-ce que on en a des Vel d'Hiv ! Nos "déportations" à nous furent de deux natures; l'une s'en prenant à nos nez crochus à la Massinissa, l'autre à nos moeurs venues d'ailleurs et déclarées "haram" par des muftis boutonneux tout droit sortis des Grandes Ecoles de Droit que furent les caves et les pioles de cités universitaires insalubres mêlant odeurs de musc et de kif.

Remarque, à y regarder de plus près, les deux déportations se croisent quelqaue part.

Donc, avant de demander à Boutef un hypothétique acte de repentance au nom du pseudo Etat âne-j'ai-rien, il faudra d'abord se mettre d'accord sur la nature de cette repentance.

Du côté français, il faudra rappeler que la repentance n'est que l'acte "symbolique" qui consacre une réalité; celle de Français dont "la francitude" (comme dirait Ségolène) est acquise, il y a des lustres. Ces Français sont ministres, directeurs de banques, présidents de la république (il y a à peine 6 mois encore) ... c'est un petit peu dans l'ordre des choses; rien d'extraordinaire en somme!

Je vois mal un Boutef (dont la légitimité est plus que contestée) parler "au nom de.. ". Donc, quand bien même il monterait (comme il sait le faire) une mise en scène solonnelle d'acte de repentance, eh bien cela sera d'un pathétique ridicule. Le sieur ne peut s'exprimer qu'en son nom personnel. Afin de pouvoir s'exprimer au nom d'un Etat algérien, il faudra d'abord le bâtir (à travers des institutions dignes de ce nom), ensuite le représenter (légitimement) à travers un mandat et agir enfin en son nom.