Mali : Aqmi chapeaute Ansar Dine et le Mujao dans le Nord

Un membre d'Ansar Dine.
Un membre d'Ansar Dine.

Les groupes islamistes armés qui occupent et se partagent le nord du Mali depuis fin mars agissent en parfaite coordination sous la houlette d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), maître du jeu dans la région.

Le mouvement narco-salafiste Aqmi s'adapte à l'espace et aux moeurs. Ansar Dine, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et Aqmi occupent et contrôlent les trois grandes villes et régions administratives du nord du Mali, Gao, Tombouctou et Kidal. Dans chacune d'elles, la branche maghrébine d'Al-Qaïda est omniprésente.

"Aqmi a un côté caméléon, prend toujours la couleur locale pour ne pas brusquer, sous-traite avec des jihadistes locaux tout en restant très vigilante", explique un responsable de la sécurité de la région.

"Tout est organisé chez eux. Le ravitaillement, la formation militaire, le renseignement, la formation idéologique", selon une autre source sécuritaire, qui ajoute: "Ne nous y trompons pas. Les centaines de jeunes qui sont recrutés au nom du Mujao ou d'Ansar Dine, sont en réalité des combattants d'Aqmi".

La force d'Aqmi, issue du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, réside dans sa parfaite connaissance du nord du Mali où elle est implantée depuis au moins cinq ans, l'excellente formation de ses combattants et l'argent, provenant de rançons obtenues en échange de la libération des otages qu'elle enlève et de divers trafics dans les pays du Sahel.

A Gao, principale ville du nord du Mali, c'est officiellement le Mujao, en majorité composé d'Arabes de la région et de Sahraouis, qui a pignon sur rue. C'est d'aileurs avec la complicité des Sahraouis que trois otages européens - deux Espagnols, dont une femme, et une Italienne - ont été enlevés en octobre 2011 à Tindouf (ouest de l'Algérie), fief du Polisario, mouvement qui combat pour l'indépendance du Sahara occidental (sud du Maroc), avec le soutien d'Alger.

On le sait, les trois otages ont été libérés mercredi dans la région de Gao en échange d'une forte rançon de 15 millions d'euros et de la libération d'un islamiste qui était détenu en Mauritanie, selon le Mujao.

"Le Borgne" à Gao

Un journaliste de l'AFP a vu à Gao des jihadistes algériens circuler dans de puissants véhicules et plusieurs témoins ont affirmé y avoir régulièrement vu un des principaux dirigeants d'Aqmi, Mokhtar Belmokhtar, un Algérien surnommé "Le Borgne". Gao "est désormais sa base", affirme l'un de ces témoins. "Il vit ici avec son fils Oussama, fruit d'un mariage avec une Malienne", dit-il.

Fin juin, lors des combats entre le Mujao et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui a totalement été évincée de la ville, "Le Borgne" était présent et ses hommes ont prêté main forte au Mujao, selon des sources concordantes. C'est dire que Mujao ou Aqmi, c'est le même combat, même franchise narco-salafiste.

Abou Zeid dans l'ancien palais de Kadhafi

A Tombouctou, ville mythique du Sahara où les salafistes ont choqué le monde en détruisant la majorité des mausolées de saints musulmans vénérés par les populations locales, c'est un autre chef d'Aqmi, l'un des plus radicaux, qui règne en maître, même si, officiellement, la ville est tenue par Ansar Dine. Abou Zeïd a en partie pris ses quartiers dans le palais que s'était fait construire à Tombouctou, l'ex-leader libyen Mouammar Kadhafi, tué en 2011.

Son second, également membre de la direction d'Ansar Dine, est le ténébreux Oumar Ould Hamaha, Malien originaire de la région de Tombouctou. Il est l'une des pièces maîtresses du dispositif des islamistes salafistes dans le Nord où il coordonne les activités des différents groupes.

Idéologue et chef de guerre, l'homme est craint. Il a récemment menacé d'attentats suicides les pays d'Afrique de l'Ouest qui envisagent d'intervenir dans le nord du Mali pour combattre les islamistes, ainsi que ceux qui soutiennent ces pays, dont la France. A Kidal, un ancien rebelle touareg, Iyad Ag Ghali, fondateur et leader d'Ansar Dine, autre homme fort du nord du Mali, est le chef incontesté.

Dès 2003, il avait commencé par jouer les médiateurs pour la libération d'otages occidentaux et il connaît parfaitement les islamistes dont il a fini par épouser la cause, en particulier vouloir imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali.

Un de ses cousins, Abdelkrim Taleb, touareg de la tribu des Iforas comme lui, dirige une katiba (unité combattante) d'Aqmi dans la région de Kidal.

Avec AFP

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