Des responsables algériens complices du pillage du gaz en Tunisie

Des responsables algériens complices du pillage du gaz en Tunisie

Le ministère tunisien des Affaires étrangères a demandé à son homologue algérien des explications sur l’exportation de gaz algérien vers la Tunisie au profit de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz, sans contrôle douanier.

Des sources bien informées ont indiqué que la demande tunisienne est motivée par le fait que cette Société tunisienne d’électricité et de gaz est quasi-détenue par des proches de l’ancien président tunisien Zine el Abidine Ben Ali, notamment des proche de Leïla Trabelsi, son épouse. Ces derniers géraient la société et bénéficiaient de ses rentes. Pour traiter les retombées de la révolte populaire, les autorités tunisiennes actuelles n’ont pas trouvé mieux de déterrer une vieille corruption bien algérienne sur le gaz algérien vendu à l’Italie transitant par le territoire tunisien. En fait, le Transméditerranéen (Transmed) appelé aussi gazoduc "Enrico Mattei" est composé par deux gazoduc parallèles de diamètre 48’’ chacun qui relient l’Algérie à l’Italie via la Tunisie en passant par la Sicile. Une extension de ce gazoduc livre du gaz algérien à la Slovénie. Leur capacité de transport actuellement est de 30,2 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, il est prévu d’étendre leur capacité à 33,5 milliards de m3 de gaz naturel par an d’ici fin 2012.

La partie algérienne du tronçon du gazoduc est exploitée par Sonatrach TRC, la deuxième partie du tronçon transitant sur le territoire tunisien est la propriété de la Société tunisienne du gazoduc transtunisien (Sotugat) et elle est exploitée par Sergaz. Comme droits de passage, la Tunisie perçoit des redevances imputées sur la quantité de gaz transportée annuellement situées entre 5,25 à 6,75% de la valeur du gaz transporté. Grace au droit de passage, la facture tunisienne en énergie s’est sensiblement allégée.

La construction du premier gazoduc nu de diamètre 48’’ en écoulement libre, c'est-à-dire sans stations de compression a démarré en 1978 et s’est terminée en 1983 et le rajout d’une deuxième ligne de même diamètre entre 1991-1994. Pour des raisons techniques d’exploitation, cet ouvrage dispose de plusieurs lignes de moindre diamètre en offshore. Grâce à cet important investissement que supporte seule l’Algérie et qui pèse lourdement sur le remboursement de la dette algérienne, l’Italie assure paisiblement son indépendance énergétique. L’Italie est devenue le premier client de l’Algérie en gaz naturel, elle importe près de 40% de ses besoins en gaz naturel à partir de l’Algérie.

Du gaz exporté sans contrôle douanier

Le nouveau régime islamiste en Tunisie voudrait mettre un terme au phénomène de la corruption dans lequel ont été impliqués des proches de l’ancien régime tunisien et la Sonatrach visant indirectement les douanes algériennes. Les autorités tunisiennes n’excluent pas certaines complicités en Algérie qui auraient pu faciliter l’exportation du gaz algérien vers la Tunisie sans contrôle douanier. Un rapport tunisien établi récemment par des enquêteurs au Centre de pompage d’El Borma a révélé que d’importantes quantités de gaz naturel sont exportées quotidiennement vers la Tunisie sans le contrôle des services douaniers algériens comme le stipule les articles 165 et 172 du Code des douanes. Ces articles exigent un contrôle douanier permanent pour contrôler les exportations des divers produits miniers vers l’étranger. Selon le même rapport, la Direction régionale des douanes de Hassi Messaoud n’a pas respecté les mesures de contrôle stipulées par ces deux articles de loi lors des opérations d’exportation du gaz naturel vers la Tunisie, et ce depuis le mois de novembre dernier. Selon le même document, entre 21 000 et 26 000 m3 de gaz naturel sont exportés quotidiennement vers la Tunisie sans contrôle douanier depuis le mois de novembre dernier 2011.

Cette affaire de trafic de gaz ne date pas d’aujourd’hui, elle est connue et classée par les autorités algériennes, par risque de mettre en cause certains gros bonnets de la nomenklatura polico-économique qui gère l’économie de notre pays. Cette affaire de pillage de gaz algérien a démarré en 1978, après la mise en service du gazoduc Enrico Mattei. Des milliards de dollars peut-être ont été détournés avec la complicité des responsables de Sonatrach Transport par Canalisation l’Engineering d’une manière très intelligente. Une mafia d’hommes d’affaires algériens, tunisiens et italiens règne sur tout le parcours de cet ouvrage juteux qui traverse trois pays les plus corrompus du bassin méditerranéen. Pour étouffer les échecs économiques, l’autorité islamiste tunisienne cherche à renvoyer la balle sur le voisin algérien, impliquant directement les Douanes algériennes qui n’ont absolument rien à avoir dans cette affaire algéro-algérienne prise en charge par les autorités algériennes depuis 1978.

Mettant notre horloge à l’heure : la tâche de contrôle des Douanes algériennes se limite dans notre cas qu’à la lecture, au relevé du volume du gaz en aval des rampes de comptage et à sa communication au financier chargé d’établir la facturation du volume du gaz vendu aux clients de Sonatrach. Quant à l’entretien, la gestion et la maintenance des équipements, ceux-là relèvent de la compétence des services de Sonatrach TRC, et s’il y a un vis de forme, comme notre cas, ils en sont responsables.

Youcefi et Zerguine au courant

Il s'avère maintenant que l’affaire du trafic de gaz au terminal arrivée d’Oued Saf Saf, ne date pas d’aujourd’hui, des quantités beaucoup plus importantes que celle que rapportent les Tunisiens dans leur rapport ont été livrés frauduleusement et d’une manière intelligente de tripotage. Ce trafic nous a été signalé dès les débuts de mise en service de cet ouvrage, et les hauts responsables de Sonatrach de l’époque ont vite réagit en désignant une commission d’enquête et à sa tète l’actuel ministre de l’Energie Youcef Youcefi. Je faisais moi-même partie de cette commission d’enquête dénommée comme par hasard "comité 48’’" chargée de résoudre un problème technique de comptage sans rentrer dans les détails de la mise en cause des personnes derrière ce délit ainsi que son mobile. L’astuce de détournement du gaz en grande quantité que nous avions découvert était très simple : les rampes de comptage qui ne répondaient plus aux normes API, n’étant pas calorifugées, elles demeuraient sous l’influence de la variation de la température extérieure. Les grands écarts de température influent directement sur la variation de la pression interne du gaz qui modifiera à son tour le débit du gaz transitant par le disque standard de calcul, incéré à l’intérieur des rampes, au nombre de deux ou plus. C’est de cette manière qu’on est arrivé à détourner de grande quantité de gaz, sans que l’on sache qui est responsable de cette arnaque. Les services techniques de Sonatrach auraient peut-être pu s’apercevoir que la batterie de rampes réception n’était pas calorifugée conformément aux normes API et auraient dû signaler cette anomalie dans les réserves du procès verbal de réception provisoire.

Les résultats de l’enquête du comité 48‘’ ne sont pas encore connus, tout ce qu’on sait sur cette affaire de "vol du gaz algérien", c’est qu’un ami ex-haut responsable de Sonatrach chargé de la construction des ouvrages de transport par canalisation, a été trouvé mort dans son bureau après avoir pris une tasse de café ! Seuls l’actuel ministre de l’Energie et des Mines Youcef Youcefi et son co-équipier Abdelhamid Zerguine, Président Directeur Général en exercice de Sonatrach ex-vice-président du Transport par Canalisation, détiennent l’historique de l’affaire et seront en mesure de fournir des informations complémentaires à la cour des comptes.

Menace sur l’approvisionnement de l’Italie en gaz naturel algérien

L’Algérie exporte la moitié de son gaz de vente vers l’Italie, soit environ 30,2 milliards de m3 /an qui transitent par la Tunisie. Le chaos et l’insécurité qui règnent dans ce pays islamiste après la chute du président Zine El Abidine Bénali risque de porter des coups sévères à la continuité des approvisionnements italiens en gaz algérien et un coup fatal pour l’économie nationale par l’imputation de 50% de notre production gazière. Voilà ce que rapporte la presse d’information tunisienne (TAP). Une tentative de sabotage en territoire tunisien du gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie a échoué, selon des informations en provenance de Tunisie. L’information a été répercutée cette semaine par l’agence officielle tunisienne, Tunis Afrique presse (TAP). Selon des sources concordantes, les exportations de gaz naturel algérien vers l’Italie n’ont subi aucun changement après cette tentative de sabotage. "On achemine normalement le gaz à notre niveau et selon nos informations, même les stations en Tunisie fonctionnement normalement", nous a déclaré une source du secteur de l’énergie après la publication d’informations relatives à un acte de sabotage en territoire tunisien sur le gazoduc qui relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie.

Selon l’agence officielle TAP, "deux déflagrations, causées par des engins explosifs au niveau du gazoduc transtunisien reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie, ont été enregistrées par Sergaz, société de service du gazoduc, dans la nuit de lundi (18 juillet 2011) vers 19h". Selon toujours la même agence qui cite une source du ministère tunisien de l’Industrie et de la Technologie, "les premiers éléments dont dispose Sergaz, qui a dépêché une équipe technique sur les lieux de l’incident, cet acte de sabotage, commis aux environs de la localité de Bent Jedid (entre Bouficha et Zaghouan), n’a engendré ni perte humaine ni dégât matériel significatif".

De son côté, le ministère tunisien de l’Intérieur a précisé dans un communiqué, qu’une explosion s’est produite sur un gazoduc dans la région de Zaghouan au nord-est de la Tunisie en dénonçant un "acte criminel". Dans ce communiqué, le ministère a précisé que cette "explosion est due à un acte criminel", ajoutant que l’incident n’a pas fait de dégâts ni de perte humaine. Du côté algérien, on affirme que "les exportations de gaz vers l’Italie se poursuivent normalement et n’ont pas été affectées". (Source d’information TAP)

Y. Mérabet

Ingénieur en Engineering pétrolier et dans le transport des hydrocarbures par canalisation, expert en Energie, journaliste Indépendant, ex-chef Divisionnaire des Infrastructures gaz de Hassi-R’mel Algérian Sociéty For Internationale Relations.

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Commentaires (7) | Réagir ?

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zenagui BERRAHO

J'ai travaillé à El-Borma (Algérie) et je sais pertinnement que le gazoduc "Mattei" ne traverse pas cet endroit. Par contre il existe un oléoduc qui relie le champ pétrolier d'El-Borma vers un port Tunisien en passant par le champ pétrolier de la SITEP) Sté Italo-Tunisienne d'exploitation de pétrole) à chaque expédition vers ce pays il y a

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rabah Benali

Bonjour.

C'est vrai que l'article de Mr Merabet est trés technique mais aussi un peu incomplet pour les non familliés à cette industrie.

Afin de pouvoir comprendre cette éventuelle problèmatique, il est nécéssaire d'être informé que:

Le gaz naturel (Sous forme gazeuse ou liquide) se négocie selon une spécification technique rigoureuse précise.

L'instablilité de ce produit quelque soit sa forme sous les conditions atmospheriques ambiantes, rend le couple température / pression de livraison déterminant dans la mesure du quantitatif.

Ce couple de paramètres est aussi très lié à la densité du profuit.

A cet effet, la détermination du quantitatif livré est une opération délicate et complexe. Il s'agit d'abord de la sécurité technique des installations et surtout de beaucoup, beaucoup d'argent.

C'est pour ces raisons que les stations de comptages d'hydrocarbures sur les piplines sont des installations complexes qui doivent répondre strictement à des normes industrielles établies.

A l'international, la seule norme reconnue en vigueur est la norme API (American - Petrolium - Institut).

C'est d'ailleurs la seule norme qui régit la totalité de la chaine industrielle pétrolière et gazière. Les autres normes existantes de divers pays sont secondaires.

En terme de comptage sur piplines, en plus de la conformité des installations avec l'API, les instruments de mesures doivent répondre à des normes d'homologuation des fabricants et de celles d'organismes internationaux spécialistes dans le domaine.

Organismes devant être choisis et reconnus par toutes les parties de les transactions commerciales.

Il est peut être nécessaire de préciser aussi que la prise de mesure d'un débimètre massique traditionnel sur un pipe quelconque (Transportant un fluide liquide ou gazeux) est basée à la fois sur le différentiel des pressions receuillies en amont et en aval d'un diaphragme (Disque métallique précisément calibré et normalisé inséré entre deux brides de raccordement), et la vitesse de passage du fluide au travers d'un orifice, lui aussi très précisément calibré et normalisé percé au centre de ce diaphragme.

Naturelement, il existe de nos jours d'autres dispositifs de prise de mesures de débit. Mais à l'époque de la construction du pipe en question, le système à diaphragme était le top technologique.

A la lumière de ces informations, il est plus aisé de comprendre que les températures extrèrieures au niveau des rampes de prises de mesures jouent un rôle déterminant dans l'évaluation de ces mesures par les instruments qui indiquent à leur le débit donc le quantitaif facturé.

Dans ce cas précis, c'est notamment les variations importantes des températures (Entre la nuit et le jour) qui peuvent fausser ces prises de mesures.

Donc, l'absence de calorifuge au niveau des rampes de prises de mesures est sans le moindre d'un doute un problème technique majeur qui fausse les indications de débit.

Par contre, il est pratiquement impossible techniquement de déterminer avec certitude si c'est au désavantage de la pratie amont ou avale. Une analyse technique et minutieuse de l'ensemble de l'installation de comptage est préalable et obligatoire avant de pouvoir tirer une quelconque conclusion.

Comme il doit y avoir en principes plusieurs stations sur le parcours de ce pipe, et qu'il y a dans la mélée, surtout trop de monde aux interêts divergeants, (Algériens / Tunisiens / Italiens / Slovènes etc…) et aussi que le problème technique est très simpliste pour un initié, il est difficielement imaginable qu'une telle arnaque éventuelle puisse avoir longtemps fonctionné.

Mais on sait jamais, avec les Tlemceno/ marocains tout est possible. !!

Ce que je peux affirmer, c'est qu'à l'époque de la réalisation de ce projet, la chefferie stratégique de l'équipe Sonatrach chargée du suivi de l'ouvrage était Tlemceno/ Marocaine.

Rabah Benali

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