Syrie : "Le régime d'Al Assad devient fou"

La population civile est prise au piège.
La population civile est prise au piège.

Les rebelles syriens ont lancé la "bataille pour la libération" de Damas. Depuis deux jours, la capitale est sous le feu des armes. On annonce 60 soldats tués.

"Qaboune est encerclé par les chars, et les forces du régime pilonnent ce quartier de tous les côtés", rapporte l'Union des coordinateurs de la Révolution syrienne (UCRS) sur sa page Facebook. Les forces du régime bombardaient à l'aide d'hélicoptères Qaboune et Barzé, tandis que des tirs nourris étaient entendus aux barrages, ont indiqué pour leur part les Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent la mobilisation sur le terrain, et l'OSDH.

Des combats entre l'armée régulière et l'Armée syrienne libre (ASL), composée notamment de déserteurs, se déroulaient parallèlement dans les quartiers de Midane et de Kafar Soussé, dans le sud et l'ouest de Damas, a ajouté l'OSDH. "Entre 40 et 50 soldats des forces régulières syriennes ont été tués avant-hier (lundi) dans des combats à Damas et au moins 20 ont péri hier (mardi)", a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.

L'Armée syrienne libre a finalement lancé la "bataille pour la libération" de Damas, où de violents combats ont eu lieu mardi. Pour la première fois, le régime a utilisé des hélicoptères de l'armée dans la capitale. C'est dire que la violence est montée d'un sacré cran dans le précarré du régime.

Sur le plan diplomatique, rien de nouveau, c'est le surplace qui prévaut. À Moscou, où Kofi Annan a tenté de relancer un plan de paix moribond, qui a depuis des mois perdu tout son sens. Le médiateur international a estimé que la situation en Syrie avait atteint un "point critique", après que la Croix-Rouge internationale eut parlé de "guerre civile". Son hôte, lui, campe sur ses positions de soutien indéfectible au régime sanguinaire.

Un général syrien à Paris

Après sa défection, début juillet, le général Manaf Tlass, un proche du président Bachar Al-Assad et le plus haut gradé ayant lâché le régime depuis le début de la révolte en mars 2011, a annoncé de Paris souhaiter une "phase de transition constructive" en Syrie et a exprimé sa "colère" vis-à-vis de l'armée. Le président français François Hollande a confirmé, mardi soir, la présence à Paris du général Tlass. Interrogé lors d'une conférence de presse commune avec le président tunisien Moncef Marzouki à l'Élysée, François Hollande a répondu : "Sur la présence de Tlass, je pense qu'effectivement nous sommes aujourd'hui informés de cette situation. Il est là."

Un porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL) en Syrie, Kassem Saadeddine, contacté via Skype, a proclamé : "La bataille pour la libération de Damas a commencé et les combats ne cesseront qu'avec (la chute) de la capitale." Ces combats coïncident avec le 12e anniversaire de l'arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad, après le décès de son père. Un responsable militaire a néanmoins affirmé que l'armée "contrôlait la situation et pourchassait les terroristes réfugiés dans des appartements et des mosquées" dans Damas.

Les hélicoptères entrent en scène

Depuis dimanche, les combats dans la capitale, qualifiés par l'opposition de "tournant" dans la révolte, se déroulent dans plusieurs quartiers. Des hélicoptères de fabrication russe sont entrés mardi, pour la première fois, en action, mitraillant des quartiers hostiles au régime.

Les combats touchent le quartier de Midane, près du centre-ville, où, selon une source militaire, l'armée est entrée et a lancé un ultimatum aux habitants de quitter les lieux avant un assaut imminent. Les soldats sont aussi entrés à Tadamoun (sud), où restent encore "quelques poches de résistance". "Le régime (d'Assad) qui s'effondre devient fou", a assuré un militant posté à Midane, se présentant sous le nom Abou Moussab. "Ils tirent sur tout et viennent de détruire la mosquée Ghazwat Badr."

Dans le quartier de Qaboun (est), "où se trouve le gros des rebelles", les "combats ont fait rage", a ajouté la source militaire en assurant que "33 terroristes ont été tués, 15 blessés et 145 arrêtés", en référence aux rebelles, le régime se refusant à reconnaître le mouvement de contestation. Le porte-parole de l'ASL a affirmé qu'un hélicoptère avait été abattu au-dessus de ce quartier. D'après l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme (OSDH), basé à Londres, Qaboun a été visé par des tirs "depuis des hélicoptères" et trois civils y ont été tués. Ces informations n'ont pas pu être confirmées, les journalistes n'étant pas en mesure de se rendre sur place.

L'ASL, composée de déserteurs et de civils armés, avait indiqué auparavant avoir lancé une opération d'envergure en attaquant "tous les postes de sécurité dans les villes et campagnes pour provoquer des combats violents (avec les forces régulières) et les appeler à se rendre". Comme tous les jours, les morts se comptent par dizaines à travers le pays. Mardi, au moins 86 personnes ont péri, selon l'OSDH, dont 19 à Damas. Sur les 86 morts, il y a 50 civils, 23 soldats et 13 rebelles, a précisé l'ONG.

Lancée en mars 2011, la révolte populaire réprimée dans le sang par le régime a dégénéré en conflit armé sanglant entre soldats et rebelles. Plus de 17 000 personnes ont péri dans le pays en 16 mois, selon l'OSDH. À Moscou, Kofi Annan a affirmé que la situation en Syrie avait atteint un "point critique" et que le Conseil de sécurité devait souligner qu'elle était "inacceptable", à l'occasion d'entretiens avec le président Vladimir Poutine. Ce dernier a assuré en retour que la Russie, principale alliée du régime Assad, allait "tout faire" pour soutenir ses efforts en vue d'une sortie de crise.

Moscou bloque toute résolution à l'ONU condamnant la répression. À New York, les négociations sur le renouvellement du mandat des observateurs en Syrie sont dans l'impasse, les Occidentaux insistant pour assortir la résolution d'une menace de sanctions et Moscou menaçant d'y opposer, dans ce cas, son veto. Il n'y a "pas de raisons" de ne pas parvenir à un consensus sur une résolution, a néanmoins déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Y. K./AFP

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Yen Yen

Le régime syrien est à l'image du régime algérien. Nous avons oublier les 230000 en Algérie. Ou l'armée algérien notamment le DRS à massacré des milliers de la population civile. Au point d'aller très loin dans la barbarie en tuant les moines de Tibhirine.

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Mehdi marekchi

Armée djihadiste, islamiste, mon oeil. armée formée par des officiers traites qui sont à la merci des monarques, vendus, des pays occidentaux et des usa. Nous n'avons qu'à voir l'exemple de la Libye.

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