Bouteflika face à la crise malienne: l'embarras de l'Armée algérienne...

Bouteflika face à la crise malienne: l'embarras de l'Armée algérienne...

L’Etat de veille d’Alger face au danger terroriste d'Al Qaïda au Maghreb islamique à ses portes et dont elle sous-estime la nuisance sur son sol, ne peut que mettre dans l’embarras l’armée algérienne.

"La crise que connaît actuellement le Mali a des conséquences négatives sur la sécurité de la région, ce qui oblige à trouver les moyens de résoudre cette crise le plus rapidement possible", a déclaré, au nom de l’Algérie, le général de corps d’armée et chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaid Salah, présent parmi les chefs d’état-major militaire du Mali, de Mauritanie et du Niger participants à la réunion du Comité d’état-major opérationnel conjoint dans la région du Sahel (CEMOC), qui a eu lieu les 11 et 12 juillet à Nouakchott ; une réunion qui s’est penchée sur un échange de renseignements sur le nombre et le type de menaces de la part d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQIM) et de ses alliés.

Ainsi, bien que le chef d’état-major des armées algériennes ait souligné que son pays était pour une solution diplomatique, il n’en demeure pas moins que le caractère "urgent" que requiert la situation, selon lui, n’est sans doute pas dans la voie diplomatique qui met du temps, obéît à de multiples tractations et risque d’être devancée par l’invasion d’Al Qaïda au Maghreb islamique dans la région et aux frontières immédiates de l’Algérie qui ont à subir deux attentats terroristes sans que l’armée algérienne dont c’est le pouls, à Tamanrasset et Ouargla, n’ait pu les déjouer ou les contrer.

Faut-il comprendre dans ce propos d’Ahmed Gaïd Salah l’antithèse de ce que ne cesse d’affirmer le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel qui, dans les colonnes de Jeune Afrique du vendredi 13 juillet dernier a soutenu que "Nous commettrions une erreur en excluant le leader d’Ansar al-Din Iyad Ag Ghaly de tout dialogue." On ne sait si, lors des pourparlers entre Bouteflika et le groupe terroriste d’Ansar Eddine reçu à Alger, a été impliquée l’armée algérienne. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que cette "négociation" au sommet de l'Etat algérien avec un groupe terroriste affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique dont les chefs influents sont des "émirs algériens" qui ont à leur sinistre actif plusieurs attentats meurtriers contre les patrouilles de l’ANP en opération de lutte antiterroriste, n’a pas de quoi réjouir Ahmed Gaïd Salah.

De plus, l’armée algérienne, ligotée politiquement, par la politique de réconciliation nationale et la thèse du "terrorisme résiduel" sur le "front intérieur", risque d’être isolée sur la scène africaine et internationale en cédant ses prérogatives républicaines et de défense de la Nation à une politique de dialogue avec Al Qaïda au Maghreb islamique sous le prétexte qu’il est maintenant rejeté hors des frontières algériennes. Et cet isolement est prévisible en l’état des choses puisque les chefs d’état-major malien et nigérien se sont dit partisans d’une solution militaire pour mettre un terme à la présence d’Al Qaïda au Maghreb islamique dans le nord du Mali et étudient les moyens de renforcer les capacités opérationnelles du CEMOC dans la lutte contre les menaces terroristes.

Le mois de juin dernier, dans son édito, la revue de l’ANP El Djeich, à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie écrivait comme une réaction à cet état de veille de la politique prônée par Bouteflika : "Aujourd’hui, alors que nous célébrons le 50e anniversaire du recouvrement de notre souveraineté nationale, il nous incombe de savoir que notre liberté et notre indépendance ne peuvent être assurées que par une armée forte et moderne reposant sur des forces armées développées", ajoutant : "Notre fierté, notre dignité et notre développement commandent de même de préparer un citoyen qui, par son sens patriotique, s’élèverait au-dessus de toutes les contingences, pour constituer un front interne fort et uni œuvrant au renforcement du sens de la citoyenneté, de la solidarité et de l’action constructive afin de faire échec à toutes les convoitises étrangères et extérieures."

La revue de l’ANP a estimé dans ce cadre que les forces armées "sont le bouclier protecteur de l’entité étatique et des constantes de la nation", soulignant que leur (les forces armées) puissance "permettra à l’Etat d’avoir une position importante, d’être craint et respecté et d’être actif dans le concert des nations, leur faiblesse le relèguera à la traîne des nations et l’exposera aux convoitises extérieures, particulièrement lorsque ce pays compte de nombreuses richesses". Une ligne directrice qui met en échec, implicitement, la voie du dialogue avec les groupes terroristes locaux, mercenaires libyens, transfuges de la cause targuie, "émirs" du GSPC prônée par Bouteflika qui met en péril l’intégrité territoriale de l’Algérie et la défense de la Nation. 

R.N (source "Algérie 360")

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Commentaires (6) | Réagir ?

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Badr Belateche

Comment peut-on mettre sur le même banc les "transfuges de la cause targuie" et les terroristes du GSPC?

Le seul patrimoine de l'Algérie est son indépendance acquise après tant de sacrifices.

L'Algérie soutient et a toujours soutenu tous les mouvements de libération quel que soit le continent, accuser maintenant le mouvement de libération de l'Azaouad de terrorisme est une trahison de cette tradition algérienne.

Si le MNLA est terroriste, alors le FLN/ALN, Abane, Ben Mhidi, Amirouche et tous les notres étaient des terroristes.

Comment l'Algérie peut-elle encore soutenir "les transfuges de la cause sahraoui" lorsqu'elle piétine de la sorte les droits des touaregs à l’autodétermination?

Certains ont des principes mouvants, au gré des circonstances... ils peuvent soutenir l'ALN et applaudir l'OAS... allez conprendre!!!

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mohammed boucetta

Le regime algérien est peut etre corrompu, mais il garde la tete sur les épaules (au figuré comme au sens propre. encore pour un moment du moins.) Il tient aussi avant tout à sauver sa peau aujourd'hui, face au rouleau compresseur qu'est la revolution islamique. celle-ci ayant deja importé dans son sillage des regimes qui etait aussi solidement installé au pouvoir que le regine actuel algerien. le probleme pour ce pouvoir algerien se trouve etre d'une nature differente que lors des années 90. à cette meme epoque, face aux islamistes, l'etat algerien pouvait compter sur le soutient indefectible des occidentaux. aujourd'hui ce soutient si precieux face à la vague islamique est moins certain, meme improbable. la marge de manoeuvre des hommes du regime s'en trouvait d'autant plus etroite. et le temps joue contre eux.

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