MDS : 50 ans d’indépendance, 50 ans de luttes démocratiques

MDS : 50 ans d’indépendance, 50 ans de luttes démocratiques

Le Mouvement démocratique et social nous a fait parvenir cette déclaration.

Le 5 juillet 1962, notre peuple arrachait son indépendance, fruit de luttes et de sacrifices qui ont forcé le respect et l’admiration des peuples du monde. Cette victoire sur le colonialisme a marqué l’histoire de l’humanité en ce sens qu’elle a consacré la fin de ce mode de domination et d’oppression qui a régné pendant deux siècles.

50 ans après, s’agit-il uniquement de fêter dans l’allégresse cet anniversaire, ou de mesurer le chemin parcouru ? Si les Algériens sont fiers que leur pays soit sorti debout de nombreuses épreuves, ils restent sceptiques sur les bilans unilatéraux produits par le pouvoir. Alors que la célébration de l’indépendance en 1962 a vu un peuple acteur, conquérant descendre dans les rues, et qu’on l’a retrouvé lors des qualifications à la coupe du monde de football, aujourd’hui, les citoyens se demandent pourquoi ils sont invités seulement en tant que spectateurs pour assister à des festivités négociées dans l’opacité la plus totale !

Au moment où le pouvoir célèbre cet anniversaire à coups de feux d’artifices, et en dépensant les deniers de l’Etat sans compter, il n’hésite pas à utiliser l’appareil policier pour interpeller des citoyens qui osent manifester pour les libertés et les droits sociaux, et refusent de rentrer dans les rangs de la liesse populaire préfabriquée.  Parmi les personnes interpellées ce 5 juillet un membre du MDS dont le siège a été encerclé durant la journée. Après avoir confisqué la guerre de libération, le pouvoir confisque la célébration de l’indépendance.

Au lendemain du 5 juillet 1962, le monde traversait une époque marquée par la guerre froide et l’appui de l’Occident à la France coloniale, au moment où le bloc de l’Est apportait un soutien sans réserve au peuple algérien. Malgré les espoirs soulevés par la politique d’édification nationale, de progrès, de justice sociale, notre peuple n’a pas cessé de mener les luttes pour la démocratie, la liberté et la réappropriation de son identité spoliée par le colonialisme et étouffée par le système.  

Les événements d’octobre 1988 constituent une première rupture avec la politique despotique et anti démocratique. Si elle a pu mettre fin au système du parti unique, la société ne s’est pas encore réappropriée le sigle du FLN qui devrait pourtant être versé à son patrimoine historique. Les sacrifices consentis par les jeunes ont été dévoyés par le système dont la politique proclamée d’ouverture démocratique a engendré l’une des plus grandes tragédies de notre histoire.

Cette période de régression, qui a failli emporter l’Algérie a été marquée par un conflit sanglant à caractère historique, entre deux projets de société et d’Etat antagonique, le projet moderne face à la régression totalitaire et théocratique. Une période propice à la montée de la prédation et la rapine, l’émergence de couches parasitaires et maffieuses, au détriment des couches modernes.

Les citoyens qui ont résisté à la déferlante intégriste, patriotes armés, les travailleurs, cadres des institutions de l’Etat, jeunes, femmes, intellectuels… ont été  spoliés d’une victoire et marginalisés. Aujourd’hui, la crise continue de travailler toutes les institutions de l’Etat. Alors que le pouvoir agrée, à la hâte et à tour de bras, des partis clientélistes coupés de la réalité, les citoyens, livrés à eux même, sans représentation politique et symbolique sont forcés à des actions désespérées pour arracher leurs droits sociaux et exercer leurs libertés.

Pour mettre un terme au despotisme, aux inégalités criardes, à la généralisation de la corruption au plus haut niveau de l’Etat, à la double dépendance aux marchés pétroliers et financiers et promouvoir une politique économique et sociale de progrès mettant l’Homme au cœur des préoccupations de l’Etat, notre pays a besoin d’un changement  démocratique radical.

Cette exigence est d’autant plus impérieuse que le monde en crise profonde, est en pleine restructuration. En particulier le monde arabe connaît des bouleversements prodigieux, tandis que l’instabilité se répand à nos frontières et augmente les risques sur l’unité nationale. Les réformes engagées se situent en deçà des aspirations de notre peuple, des exigences de la construction maghrébine, de la place légitime que doit occuper notre pays dans le concert des nations et des exigences historiques de notre temps. Elles sont là pour contrarier la mobilisation démocratique.

Pour rester fidèle à l’esprit de novembre, et au triomphe sur le colonialisme, notre pays doit consacrer la victoire sur le terrorisme islamiste. Il a besoin d’une Constitution qui mette à l’ordre du jour la 2ème République et le passage à l’Etat laïque démocratique et social. Une République capable de créer les conditions pour libérer les énergies créatrices en consacrant une identité algérienne moderne, la citoyenneté pleine et entière et la souveraineté populaire.

Une République dotée d’une armée populaire digne héritière de l’ALN, transpartisane et à la hauteur de l’ANP qui a su défendre le pays menacé par la régression théocratique totalitaire. Une République définitivement à l’abri des risques de régression, où les citoyens peuvent aller aux urnes non pas pour jouer le sort de leur pays avec la peur au ventre, mais pour approfondir la démocratie et l’étendre à toutes les sphères de la vie.

Alors les regards du monde se tourneront, encore une fois, vers l’Algérie qui portera à nouveau les espoirs des pays dont les sociétés se battent pour accéder à la modernité et à la démocratie. Car la souveraineté nationale n’a de sens que si elle permet l’émancipation de tous.

Alger, le 7 juillet 2012

P/ Le Bureau National

Le Secrétaire général par intérim

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