Attentat Kamikaze de Ouargla: les tergiversations d'Alger

Bouteflika recevant à Alger l'ex président du Mali Amadou Toumani Touré
Bouteflika recevant à Alger l'ex président du Mali Amadou Toumani Touré

Attentat kamikaze d’Al Qaïda contre la gendarmerie de Ourgla précédé de celui de Tamanrasset en mars dernier, enlèvement du diplomate algérien et de ses collaborateurs, renforts de djihadistes algériens des groupes terroristes d’Ansar Eddine et du Mujao, pressions sur Alger des pays du Sahel menacés… Face à cette situation explosive, Bouteflika s’emmure dans son silence…

Le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l'ouest (MUJAO) qui détient depuis avril dernier 7 membres du consulat d'Algérie au Mali, a revendiqué vendredi 29 juin l’attaque suicide qui a ciblé dans la matinée le siège du commandement régional de la gendarmerie à Ouargla. Ce groupe), né en décembre 2011, est une dissidence d’Al Qaïda qui contrôle avec d’autres organisations terroristes le nord du Mali et menace de commettre des attentats en Algérie.

Le Mujao a revendiqué la paternité de l’attentat de Ouargla, indique sur son site internet l’Agence NouaNouakchort d’Information citant une source proche de cette organisation dissidente d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Deux personnes, un gendarme et le kamikaze conducteur du véhicule, ont été tuées et trois autres ont été blessées dans cet attentat suicide commis contre le siège du commandement régional de la gendarmerie.??Il s'agit de la première attaque visant cette base située dans la ville d'Ouargla, à quelque 475km au sud de la capitale Alger. Le kamikaze, au volant d'une voiture remplie d'explosifs, a foncé sur l'entrée principale du siège de la gendarmerie. L'attaque, qui s'est produite à 05h15 GMT, a endommagé l'entrée principale et les bâtiments situés à proximité.

C’est la deuxième attaque suicide perpétrée et revendiquée par le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l'ouest qui active dans nord du Mali. Le 3 mars 2012 une attaque similaire a visé un bâtiment de la gendarmerie à Tamanrasset, à 1900 km au sud d’Alger. Vingt-trois personnes ont été blessées.

Apparu en décembre 2011, le Mujao devient désormais une deuxième menace terroriste pour la sécurité algérienne après celle d’AQMI. C’est ce groupe qui a enlevé le 5 avril dernier sept membres du consulat d’Algérie à Gao et exige 15 millions d’euros contre leur libération sous peine de commettre des attentats en Algérie. "Nos revendications pour libérer les otages algériens sont la libération de nos frères prisonniers en Algérie, plus une rançon de 15 millions d'euros", a affirmé mercredi 2 mai Adnan Abu Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao. Le porte-parole de cette organisation n’excluait pas des attaques terroristes contre l’Algérie en cas de refus : «Vraiment, nous pensons attaquer l’Algérie, comme l'attentat de Tamanrasset qui a été exécuté par deux jeunes, un Sahraoui et un Malien d'origine arabe», a-t-il encore déclaré à la même agence.

Avec ce nouvel attentat contre le siège de la gendarmerie de Ouargla, la menace a-t-elle été mise à  exécution ? N’est-ce que le début d’une série d’attentats kamikazes ? Une chose est certaine : cette organisation a prouvé qu’elle est en mesure de s’attaquer à des cibles en Algérie et de défier l’institution militaire algérienne en ciblant ses représentations, dans des villes qui comptent pourtant une très forte présence militaire comme c’est le cas pour Ouargla et Tamanrasset.

La menace est d’autant plus grande que des informations font état de l’arrivée de jihadistes algériens vendredi à Gao (nord-est) en renfort aux islamistes, le Mujao notamment, qui contrôlent la ville après en avoir chassé deux jours plus tôt les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA).

"Il y a une trentaine de jihadistes algériens qui sont arrivés vendredi à Gao pour participer à la sécurisation de la ville et la traque d'éventuels rebelles du MNLA", a affirmé à l'AFP une source sécuritaire régionale.

Un diplomate américain à Alger confiait récemment les craintes de Washington de voir le Nord du Mali devenir l’Afghanistan du Sahel. Les faits qui s’y déroulent lui donnent de plus en plus raison. Alger, qui n’a pas réagi à cet attentat kamikaze de Ouargla, se complait dans un silence plus qu’inquiétant. Bouteflika a reçu à Alger la semaine écoulée des émissaires de l’organisation terroriste d’Ansar Eddine d’Al Qaïda au Maghreb islamique qui contrôle les villes du Nord du Mali avec le Mujao qui viennent d’être renforcés par des Jihadistes algériens. Cette rencontre avait pour but de trouver une solution de «paix négociée» au moment même où les ravisseurs du Consul d’Algérie et de ses collaborateurs exigent de l’Algérie une rançon de 15 millions d’euros.

Cette situation explosive au Mali intensifie l’activité diplomatique des pays du Sahel pour lesquels Alger devient incontournable dans le règlement de la crise malienne. Le ballet diplomatique que connaît la capitale ces derniers jours en est une preuve. Après les Américains et les Britanniques, c’est au tour des pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédeao) dont la 9e cession vient de se tenir à Alger mais à laquelle le Président de la République n’a pas assisté, préférant se faire représenter par son Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Mais qu’attendent d’Alger les membres de la Cédéao ?

«Le rôle de l’Algérie dans le règlement de la crise qui secoue depuis plusieurs mois le Mali est extrêmement important» a déclaré.? Le ministre burkinabé des Affaires étrangères et de la Coopération, Djibril Bassolé, en visite de travail à Alger a exprimé, dans ce contexte, le souhait de voir la Communauté économique de développement des Etats de la Cédeao bénéficier de l’implication de l’Algérie pour la recherche d’une solution stable et durable à la situation au Mali. S’exprimant à l’occasion, M.Bassolé a rappelé que la situation actuelle au Mali «secoue les institutions à Bamako et fragilise le rôle du nord de ce pays ainsi que l’ensemble de la bande sahélo-saharienne».

"Je viens en Algérie faire le point sur le dossier malien", a-t-il ajouté, car le président burkinabé, M.Blaise Compaoré, a été désigné, précise-t-il, par ses pairs à la Cédeao comme médiateur dans la crise malienne.? L’Algérie avait estimé, dimanche dernier, qu’une solution «politique négociée» pouvait mettre fin à la crise dans ce pays frontalier, dont le Nord est entre les mains de groupes armés, islamistes et Touareg, depuis mars.

Dès la crise malienne, l’Algérie a adopté une ligne de non-ingérence chez son voisin, tout en affirmant son attachement à l’intégrité territoriale de ce pays, mais elle multiplie les contacts avec les pays concernés, dans la région et ailleurs, notamment avec les Etats-Unis et les Britanniques.

Notons néanmoins que depuis quelques jours des hauts responsables affluent à Alger. Ainsi, le président Abdelaziz Bouteflika avait reçu, lundi dernier, l’envoyé spécial de son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, chef en exercice des pays de la Cédeao. "Alger connaît mieux que nous (Cédéao) ce problème. Il y a eu déjà les Accords d’Alger signés entre les Maliens", avait rappelé l’envoyé ivoirien, en faisant référence à l’Accord d’Alger du 4 juillet 2006 pour la restauration de la sécurité dans la région de Kidal (nord-est du Mali) conclu entre l’aile politique de la rébellion touarègue et le gouvernement malien. De fait l’Algérie par sa politique de « non-ingérence » a-t-elle trahi cet accord de 2006 ?

Il convient de noter que ce défilé diplomatique à Alger renseigne que décidément les Etats de la Cédeao ne s’entretiennent plus, paraît-il, avec la France sur le dossier malien, depuis l’éviction de Nicolas Sarkozy à la tête de la Ve République.

Le soutien diplomatique, la logistique et les moyens promis par Sarkozy à la Cédeao pour intervenir au Mali ne font plus partie de l’agenda du nouveau maître de l’Élysée. Clair et catégorique, François Hollande a déclaré à son homologue nigérien, Mahamadou Issoufou, en le recevant à Paris, que la crise malienne doit être traitée par les pays voisins et africains.?Le président français a fait savoir qu’il y un repositionnement de la politique étrangère française à l’égard de la crise malienne. Les options interventionnistes renforcées et encouragées par l’ancien patron de l’Elysée, notamment dans les anciennes colonies françaises en Afrique butent, aujourd’hui, semble-t-il, sur les nouvelles orientations arrêtées par François Hollande.?D’ailleurs, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, vient de nommer un envoyé spécial pour le Sahel en la personne de Jean Felix-Paganon, ex-ambassadeur en Egypte, comme son «représentant spécial pour le Sahel».

R.N

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Dalil Fettous

le proverbe français dit: on guérît le mal par le mal alors y'a pas de négociation avec ces barbus

qui n'ont rien avec notre islam ils ne sont que des vandales alors il faut les chasser où ils se

trouvent en afrique

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akli ath laarat

Le monde se divise en... : le drs ou qlqchose kom ça recrute-forme, les béduineries paient, bouteflica apporte la caution politique, le "monde" tourne manège et les cocus sont toujours cocus

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