Les opprimés de l’alphabet

Les enseignantes sont les premières victimes du diktat de certains responsables.
Les enseignantes sont les premières victimes du diktat de certains responsables.

En hommage à ma collègue madame A. K. Fatima de l’école Sidi Ali nouvelle, d’Akbou.

Quand la sottise atteint les confins de la bassesse, l’anarchie se mue alors en un seul style de gouvernance qui s’impose pour restreindre le volume du nationalisme au sein de la couche citoyenne. 

Acculer ceux qui ont l’Algérie dans le cœur à trahir leur conscience est un acte des plus vils. Des symptômes d’ingratitude morbide se manifestent chez des dirigeants plutôt des caïds nommés complaisamment par notre tutelle, pour gérer des secteurs aussi sensibles tel celui de l’éducation et sans sélection aucune afin de faire germer la débilité et hisser l’esprit du laisser-aller à la limite du déshonneur. L’inversion des valeurs dans notre pays a voulu que les compétents deviennent ostensiblement des cibles faciles des médiocres. Cet écrit comporte à la fois un témoignage et une réponse à un responsable nouvellement parachuté à la tête de notre circonscription tentant de réduire la valeur pourtant monumentale d’une collègue dont les qualités sont de nos jours franchement très rarissimes. Une enseignante dont l’abnégation et le dévouement pour ses élèves sont parfaitement accomplis. Un insolite procédé d’inspection a été utilisé d’une façon dominatrice comme pour exprimer cette volonté de s’affirmer au grand dam de la déontologie du noble métier de l’éducateur.

L’enseignante s’est sentie lésée par un comportement tantôt fielleux qui rappelle les années noires du diktat du parti unique et tantôt hideux qui démontre l'inhabileté du soi-disant inspecteur à gérer une séance d’inspection d’une manière constructive. Des critiques non fondées sont alors énoncées à l’encontre de la grande dame qui s’est vu contrainte à rétorquer pour défendre ses positions devant une personne qui ne maîtrise pas l’art de respecter et révérer les piliers de l’enseignement. Les qualités lumineuses de notre collègue ont fait d’elle un exemple de gentillesse qui ne mérite guère cette contrepartie d’ingratitude devant tout ce qu’elle a donné en guise de savoir aux générations de chérubins, durant 30 ans de service riche en réussite. Je témoigne via cet écrit, comme d’ailleurs tous mes collègues, ma parfaite solidarité après cette tentative de briser l’élan psychologique de cette respectueuse éducatrice. L’objectif primordial de ce message est d’emblée d’alerter les tutelles concernées à bien former ces sortants d’instituts spécialisés sur le plan pédagogique, et qu’avant de nommer un responsable à la tête d’un secteur, il est très impératif de respecter l’ordre de mérite, parce que l’enseignement et l’éducation ce ne sont point des chantiers de bricolage. 

Chekri Rachid, enseignant et écrivain, école Sidi Ali nouvelle, Akbou

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Khalida targui

J'ai connu moi aussi une prof en maths, j'ai rarement vu dans notre école quelqu'un qui maitrise aussi bien sa matière, elle aurait du enseigner à la fac mais elle s'est retrouvée au collège avec des enseignants sans bac et celui qui était son responsable avait échoué au bac à cause des maths. Comme tous les gens compétents elle protestait souvent pour la saboter et parce qu'elle était incorruptible on ne lui donnait jamais les classes d'examen. Un jour, pour en finir avec elle on lui a envoyé un inspecteur. Il n'a rien trouvé à redire à son cours alors il a écrit son rapport et il a décidé comme un grand de fausser une règle mathématique. Elle a dû ramener au directeur tous les livres de maths étrangers et arabes pour se justifier. Sa note n'a pas été changée et dans son dossier il y a toujours ce rapport où l'inspecteur a inventé sa règle propre. Elle a fini par prendre une retraite anticipée avec une misérable pension

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akli ath laarat

Si le flicage, le maillage répressif de la société et les variantes de la terreur instillées sont les outils du maintien du régime algérien, l'institution dite de l'"éducation" nationale algérienne est l'instrument le plus efficace aux mains de ce régime puisqu'il porte sur le long terme, déstructure et prépare les esprits au fatalisme, à accepter l'innommable.

De la falsification de l'histoire à l'éducation religieuse et autre prosélytisme intégriste, de l'arabisation à la promotion officielle de la médiocrité, la fourchette des maux qu'instille de jour en jour l'"école" à des générations d'algériens est très larges.

Voila où en est l'école en Algérie, école qui, dans le monde, sème les valeurs saines, éduque, inculque l'esprit positif, prodigue le savoir, initie à la sociabilité, encourage l'ouverture sur les autres, permet de connaitre son pays, ses valeurs, son histoire d'abord puis le monde; en résumé, le fleuron des institutions de tout pays. Chez nous, elle est devenue un outil pernicieux qui profite de la bonne image qu'a le mot instruction auprès des algériens, pour leur inculquer les pires schizophrénies. Et les algérien continuent à ne pas se prendre en charge dans ce domaine sensibles qui détermine l'avenir de leurs enfants !

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