Enfin, la femme algérienne en ligne de mire

Djamila Bouhired, une des anciennes combattantes du FLN historique.
Djamila Bouhired, une des anciennes combattantes du FLN historique.

"Le bonheur de l'homme, dit Zarathoustra, a nom : je veux. Le bonheur de la femme a nom : il veut." Nietzsche

Stupéfiante que cette lettre ouverte de Nacer Boudiaf aux nouveaux membres de l’Assemblée nationale, publiée par El Watan, le jeudi passé. A avoir sinon la chair de poule du moins le réflexe de remettre vite son esprit à la prospective de ce que sera l’avenir de l’Algérie, c’est-à-dire dès demain en se rappelant le diaboliquement lâche assassinat de Mohamed Boudiaf il y a déjà deux décennies. Pour au moins cela, si l’on ose ne pas se rappeler les précédentes trahisons sur les figures nationales depuis Abane Ramdane, une conférence nationale sur le traquenard est en permanence à l’ordre des premières préoccupations. A enseigner pour prévenir à l’école et à en débattre à l’Université pour tenter d’établir, dans les domaines du savoir qui traitent de la criminologie, les profils qui ne trompent pas. Pour savoir où l’on pourrait sérier entre les traîtres et les patriotes.

Deux tragédies aux antipodes

"Aux yeux des souvenirs, que le monde est petit !", a dit le poète, pour exprimer la fidélité de l’esprit à ce qui est sincèrement et généreusement partagé, mais petit aussi dans la dimension de la valeur des hommes et des sociétés : la mesure de la falsification apte à faire de la mémoire d’une nation un abcès qui s’infecte jour après jour en affectant les consciences se renouvelant dans le mensonge qui nourrit la haine depuis l’Ecole jusqu’à l’Université. Depuis le pas de porte de l’enceinte familiale jusqu’au seuil du site de l’Administration et du service public.

Je sortais d’une gastrectomie au trois cinquième du service de chirurgie de l’hôpital Mustapha Bacha – attention, ce n’est qu’un homonyme – menée d’une main de maître par le professeur Bekada. Une convalescence drastique m’était indiquée, enfermé dans ma chambre à lire et à regarder la télévision. Vers la fin de la matinée du lundi du 29 juin, mon infirmière finit de refermer les compresses sur la plaie chirurgicale et vérifier la perfusion, mon regard rivé sur l’écran de la petite lucarne. Et ce fut l’Apocalypse en direct. Je perds connaissance, avec des tremblements corporels et une détresse respiratoire due à je ne sais quoi de neurasthénie neurovégétative qui provoqua un spasme dans mon larynx. On appelle les voisins qui parviennent à me faire revenir dans les services où l’on m’avait opéré.

Par coïncidence le chirurgien qui était à l’accueil - c’est ce que racontent mes accompagnateurs – c’était le docteur Boudiaf et jusqu’à présent je ne sais s’il a un lien de parenté avec Tayeb El Watani. On me réanima mais je ne me rappelle de rien ; mon père – mort deux années après – m’apprit un peu plus tard que j’ai raconté à mon réveil que j’avais fait un cauchemar dans lequel le Président Boudiaf a été assassiné. Bref, je suis encore vivant et je ne cesse d’écrire, Dieu merci, et de lire aussi les citoyens patriotes qui s’expriment pour interpeller les contemporains nationaux capables d’agir ou de réagir dans l’intérêt de la nation. Ici, Nacer Boudiaf écrit aux occupants et occupantes de l’enceinte docile et placide cruellement baptisée Zighoud Youcef. Mais je devine que le digne fils de son père, parce que nourri dans le levain de la dignité des meilleurs enfants de l’Algérie, évitant de le faire frontalement, entreprend-il, cette fois, de solliciter la "redjla" dans la femme algérienne associée officiellement dans les affaires de l’Etat.

Le sexe dans les esprits contre  l’esprit des sexes…

Au moins une preuve à décharge concernant la femme algérienne dans l’Histoire. De tout temps depuis les siècles ce ne sont pas nos grands-mères qui se furent laissées envahir et coloniser mais nos grands-pères. Si elles ont été maltraitées et livrées à… je préfère ne pas terminer la phrase, c’est parce que nos ancêtres moustachus n’ont pas eu l’indispensable suffisant pour les protéger. Que la foudre de ciel s’abatte sur moi si je condamne les tragiques et indigents moments d’ignorance et de faiblesse pratique dans le développement des groupes humains dont les psychologues de l’anthropologie et de l’ethnologie expliquent dans les termes de la science, mais les parts de responsabilité sont nécessaires s’il faut saisir les occasions propices pour des refondations de devenir mixte au sein de communautés à conscience viable. Hassiba Benbouali, Meriem Bouatoura ou Djamila Bouazza, pour ne citer que ces glorieuses combattantes pour le retour à la dignité mâle et femelle, ne dansaient pas le twist au péril de leur vie dans les relais FLN. Dahbia Hartani, Aldjia Boulefa ou Fadhila Chitour, dans les centres hospitalo universitaires ne chantent pas le reggae, Naget Khada de la fac d’Alger ou Zineb Ali Benali de Paris VIII, la techno. Et toutes les demoiselles et les dames qui vont rejoindre leur travail dans les fonctions de métier et les charges respectives, y compris celles qui s’occupent de l’entretien du quotidien familial, traditionnellement désignées par l’expression de "femmes au foyer", ne sont pas la moitié de l’Algérie pour la simple bagatelle de faire en sorte que l’autre moitié n’exprime pas son rut. Voici donc une occase pour ces élues de commencer par dénoncer le code de la famille de Abdelaziz Belkhadem et d’en proposer une discussion nationale en vue d’un autre à contenu rationnel. Toute leur crédibilité se joue d’abord sur ce point.

J’ai assisté à une discussion avec Nacer Boudiaf du vivant de son illustre père dans un groupe de journalistes, d’universitaire et d’étudiants, s’il se rappelle, dans la verdure du campus de Bab Ezzouar, il y avait deux jeunes femmes et deux hommes de son âge avec lui; et ça parlait des perspectives d’une spécificité algérienne dans les cas précis de développement technologique par rapports aux besoins prioritaires dans les divers secteurs de l’activité nationale. Mais je me rappelle que Nacer Boudiaf et ses deux amis parlaient beaucoup moins que les filles qui les accompagnaient. Elle ne discouraient pas spécialement telles des érudites émérites mais elles émettaient des points de vue de la vie courante intellectuelle, si je puis dire, qui avaient l’attention de l’attroupement improvisé. Je remarquais surtout qu’elles se sentaient vraiment à l’aise et qu’elles ne donnaient pas l’impression de profiter du sillage de la progéniture du Chef de l’Etat. Enfin.      

…et les richesses du sexe

L’homo sapiens au masculin en Algérie, depuis le recouvrement de l’indépendance, a trop déçu et beaucoup manqué à son devoir. Il s’est longtemps cru fort en basant sa virilité beaucoup plus dans les contextes de l’accaparation que dans ceux du partage. L’Etat, la Nation, les richesses naturelles ou le fruit de celles-ci dans les échanges internationaux, ont pour centre de gravité le citoyen doté d’un pénis. A commencer par les youyous à la naissance – on le fait actuellement à la lecture de l’échographie – jusqu’aux quotes-parts des crédits bancaires. On me ferait une statistique sur le nombre de filles ayant obtenu des lignes, je dis okay, mais de près l’on se rend compte dans la plupart des cas qu’il y a quelque part la vigilance intéressée d’un mari, d’un frère, d’un gendre ou d’un beau-frère. Le "boutouta" profite plus et mieux du confort de la famille avant de jouir princièrement de celui de la rente nationale.

Les discours qui tournent autour de la gent féminine en Algérie, quasiment dans toutes les franges de la communauté, sortent rarement du langage paranoïaque de l’apparat et de la gestion du mouvement du regard sur autrui mâle. C’est pourquoi, il est intéressant de suivre Nacer Boudiaf sur cette interpellation claire comme l’eau de roche pour voir si de leur côté ces femmes-là ont vraiment quelque chose à dire à la nation. Sinon elles restent comme leurs collègues mâles, elles n’ont pas …

Nadir Bacha

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Commentaires (17) | Réagir ?

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olive kabyle

ces femmes la police est pleine la gendarmerie aussi alors l'armée de terre ce n'est pas la peine de compter elles sont partout. mais elle doivent normalement faire le service national

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Quelqun EncoreQuelqun

@ Arbat & Nachab

Je bois du petit lait ! La roue tourne assez vite à yathmathène.

"Eddaw V'ridh, nig ouv'ridh, dhoulaqrar dha v'rid"! A bon entendeur.....

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