D’anciens terroristes de l’OAS réhabilités et décorés en France

Plaque commémorative pour les tueurs de l'OAS.
Plaque commémorative pour les tueurs de l'OAS.

Qui ne connaît l’OAS, cette organisation criminelle qui a semé la mort et la terreur dans les rues d’Alger, d’Oran et d’autres villes d’Algérie entre 1961 et 1962 ?

Les anciens de l’Organisation armée secrète est manifestement toujours active en France. Ils ont même la cote dans certaines régions du sud, là justement où l’on retrouve en nombre les ultras pieds-noirs. Et en l’espèce, les clins d’œil aux nostalgiques de "l’Algérie française" de la part d’une certaine classe politique de la droite se sont multipliés ces dernières années. Pour des raisons électoralistes pour certains mais aussi idéologiques pour beaucoup d’autres. 

La preuve ? Après le monument de Marignane, d’anciens terroristes ayant assassiné Français et Algériens sont réhabilités un par un à travers des reconnaissances officielles. Le dernier décoré en date, en novembre 2011 par Nicolas Sarkozy, est Hélie Denoix de Saint Marc. Mais le processus se poursuit avec les derniers survivants.

Ainsi, ces derniers jours c’est Jean-François Gavoury, Président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (Anpromevo) et fils du premier fonctionnaire assassiné par l’OAS qui monte au créneau pour dénoncer les commémorations et autres décorations pour les anciens tueurs de cette organisation criminelle. Le dernier courrier en date de Jean-François Gavoury est adressé au préfet de l’Isère (sud de la France) où il dénonce l’hommage public au terrorisme de l’OAS.

Il prévient "à Perpignan, en effet, un éloge de l’action criminelle de Claude Piegts et du sergent déserteur Albert Dovecar était également prévu, demain (jeudi, ndlr), sous la forme d’un rassemblement devant le cimetière du Haut Vernet suivi de cortège et prise de parole autour d’une stèle érigée en l’honneur et à la gloire des fusillés tombés pour le maintien de l’Algérie française". Plus loin, il s’élève contre "la cérémonie faussement patriotique que d’anciens factieux, ennemis déclarés de la République, ont envisagée devant la sépulture de Claude Piegts, complice de l’assassinat d’un commissaire de police Mort pour la France".

Ce fils de victime de l’OAS interpelle le préfet pour interdire ces manifestations de réhabilitation des terroristes. Ce syndicat du crime écrit Gavoury a tué 2.700 civils et militaires tombés il y cinquante ans. Sans oublier les milliers de civils algériens lâchement assassinés par les tueurs du commando Delta. 

Le processus de réhabilitation de ces terroristes dont certains avaient tenté d’assassiné le chef de l’Etat français à l’époque a commencé il y a pas mal de temps. Charles De Gaulle lui-même, dans un geste d’apaisement, avait amnistié en 1968, les membres de cette organisation. Après lui, Valéry Giscard d’Estaing avait pondu une loi d’amnistie complémentaire. Mieux encore : François Mitterrand avait facilité la reconstitution de leur carrière militaire. Le dernier, Nicolas Sarkozy a décoré Saint Marc, l’un des chefs parachutistes qui avait participé à la tentative de putsch de 1961. Cinquante ans après la fin de la guerre, la France n’a pas fini avec ses démons.

Sofiane Ayache

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