Plate-forme politique pour un changement pacifique en Algérie

La lutte pour un changement pacifique est encore possible avec la mobilisation de tous.
La lutte pour un changement pacifique est encore possible avec la mobilisation de tous.

La propagande du système rentier et maffieux, en place depuis cinquante ans, martèle que la vraie démocratie est instaurée dans le pays, suite aux élections législatives du 10 mai dernier. Avec la bénédiction des puissances mondiales, qui ont rapidement applaudi le processus électoral, le pouvoir autiste neutralise la société en donnant le quitus de gouverner à une minorité insignifiante.

Avec 6% de la population du pays, les appendices du système, à savoir le FLN et le RND, prennent soixante pour cent des sièges de l’assemblée impopulaire, c'est-à-dire une majorité largement absolue. De cette démarche du fait accompli, les décideurs ont à jamais, perverti le sens véritable de la démocratie, permettant ainsi à une petite minorité de décider du devenir national. En effet, cette minorité est constituée d’indus élus sans pouvoir ni liberté. Ils sont de simples figurants dont les tâches essentielles sont la soumission, l’obéissance, le soutien aveugle et l’allégeance aux puissants du moment. Et d’ailleurs le honteux sport des mains levées a commencè dès la séance d’installation de cette assemblée. Son président, désigné d’en haut, a été élu avec la méthode de la cooptation. Donc, ces députés ne sont ni souverains ni mandataires du peuple. Ils ne sont pas libres ni de leurs mouvements ni de leurs paroles.

Ainsi, le pouvoir maffieux et rentier, domestique le pouvoir législatif rendant l’assemblée de la septième législature (même s’il n’y a pas eu de réelle législature depuis l’indépendance) une boite à résonnance sans souveraineté ni indépendance. Et c’est un viol caractérisé de la Loi fondamentale du pays qui, elle, garantie l’indépendance des pouvoirs. Mais, du point de vue constitutionnalité, ce pouvoir maffieux et rentier n’est pas inquiété parce que, en premier c’est toujours lui qui confectionne à sa guise les constitutions et en deuxième, il place toujours ces hommes au conseil constitutionnel. Et il avait d’ailleurs, opéré son changement à la tête de cette institution quelques jours avant les élections; ce n’était pas fortuit.

Par cette politique du fait accompli et de la fuite en avant, le pouvoir maffieux et rentier continue avec entêtement à mépriser la grande majorité des Algériens, à s’autoproclamer téteur du peuple et à imposer ses choix et ses visées dictatoriaux. Il poursuit alors sa politique qui favorise le sectarisme, l’exclusion et la division. Il brise par des tactiques propres à lui toute tentative d’union et de solidarité nationale. Il sème et propage la dislocation sociale et l’échec économique.

Aucun secteur n’échappe à l’échec programmé. Car, la réussite ne se fait pas avec un discours triomphaliste à sens unique que des parasites développent et dont le pouvoir maffieux et rentier apprécie. Ces parasites sont partout. Ils sont dans la presse, dans l’économie, dans les partis politiques et dans le syndicat. Ils sont des inconditionnels du système, quitte à se désavouer ou à se discréditer plusieurs fois dans la journée. Soucieux de gérer leurs carrières, ils ne reculent devant rien pour préserver leurs acquis et intérêts. En effet, ils ont la main mise sur l’économie nationale, ils alimentent et encouragent la corruption, ils détournent et s’impliquent dans des scandales financiers, ils spéculent et créent des pénuries pour nous importer de la pomme de terre destinée aux cochons … Tout cela en toute impunité ! Et ce sont malheureusement des parasites comme ceux-ci, issus des deux appendices du pouvoir qu’on trouve aujourd’hui députés du peuple ? Ils sont chargés en contre partie d’un salaire faramineux d’appuyer la politique de la faillite généralisée, chère au système maffieux et rentier.

Donc, il est impératif que ce climat politique malsain soit bouleversé par des actions visant à changer et à clarifier la pratique politique et le mode de gouvernance dont seulement la vraie démocratie garantira. Car la démocratie ne se définie pas uniquement par des élections ou la présence d’une multitude de partis politiques. L’élection en Algérie, nous en avons eu beaucoup. Mais entachées de fraudes et de trucage, elles nous ont ramenés à l’ère du parti unique déguisé dans une alliance présidentielle. Les partis aussi, nous en avons. Mais, ils sont tous discrédités parce que, soit ils ont rejoint le clan des souteneurs, redresseurs, opportunistes, soit ils sont dans l’opposition, réduits et anéantis. Cela s’appelle la démocratie de façade.

La véritable démocratie c’est celle qui rend la voix du citoyen souveraine et précieuse lui garantissant respect et justice. Celle qui reconnaît la citoyenneté, sépare les pouvoirs, respecte l’avis de l’autre, oblige le responsable quel qu’il soit son rang à rendre des comptes, élimine les inégalités, prône la libre expression, rassure et protége les minorités, valorise la compétence, récompense l’effort, appuie le savoir, renforce le droit. Cette démocratie bannira à jamais les injustices qui se manifestent au quotidien et aux quatre points du pays. Effectivement, des actes d’une autre ère sont notre lot quotidien. Il s’agit du piston qu’il faut solliciter pour l’obtention d’un emploi, de la connaissance qu’on a pour faire un retrait sans file à la poste ou à la banque, de la recommandation qu’on obtient pour gagner un concours, de la commission qu’on verse pour avoir un marché, de la relation familiale qu’on avance pour régler un problème, des passe-droits et de la corruption …

Seulement en ces conditions l’on bâtira la démocratie où tout Algérien est indispensable pour la construction nationale. Chacun se contente de jouer convenablement son rôle dans son domaine. Le politicien s’applique à instaurer une vie politique sereine dans le cadre d’institutions représentatives. Le syndicaliste, sans réduire l’effort de travail, défend seulement les intérêts des travailleurs qu’il représente. Le médecin prodigue humainitairement des soins aux malades. L’universitaire s’investit dans le savoir et pour le savoir. L’enseignant se sue pour une éducation de qualité. L’ingénieur invente la technologie. L’artiste crée et anime la vie culturelle. L’homme d’affaire se retrousse les manches pour créer la richesse. Le paysan préserve et cultive avec amour la terre. Le juge traite les affaires en toute autonomie et uniquement dans le cadre de la loi. Le journaliste, qu’il soit dans le public ou le privé, informe, analyse et critique en toute liberté…

Ainsi, nous bâtirons une nation qui récompense l’effort et la compétence où seul le bosseur et l’intègre sont maîtres. La véritable démocratie dévoilera alors, les parasites et les opportunistes. Ils seront nus et donc facilement repérables parce qu’ils ne peuvent pas s’aligner sur la vitesse du train démocratique. Ils n’ont ni la vitesse ni l’effort. Ils se courberont le dos et auront le visage dans la boue. Rejetés par tous, ils vagabonderont jusqu’à leur fin. Au fait, la vraie démocratie ne peut être salvatrice à ceux qui l’ont confinée dans la cooptation, l’allégeance, la soumission, la vanité, l’impunité, le mépris, le mensonge, la démagogie et la langue de bois.

En ces temps où le vent démocratique souffle partout, c’est une aberration d’esprit de croire que notre pays restera en marges des changements qu’ayant connus nos voisins. La colère populaire est partout, dans les différents points du pays. La contestation du model de gouvernance injuste se manifeste par des grèves touchant plusieurs secteurs et par des fermetures quasi quotidiennes des grands axes routiers. Le peuple donc, dans sa majorité, perd confiance dans ces actuels gouvernants. Pis, il les conteste et remet en cause leur légitimité. Il refuse et n’accepte pas tout ce qui émane de ce pouvoir maffieux et rentier. Et c’est prouvé par la non-participation de la majorité absolue des Algériens lors des dernières législatives où officiellement 57% des électeurs inscrits n’ont pas voté. Ainsi donc, le peuple est déjà en lutte. Car contester avec cette ampleur la gouvernance ne peut signifier qu’une chose : la majorité des Algériens aspire au changement. Il ne reste maintenant qu’à canaliser ces contestations et cette formidable abstention électorale dans un mouvement de lutte nationale. Alors, la création de comités populaires dans chaque localité s’avère indispensable pour organiser et vulgariser la lutte pacifique pour le changement.

Ces organisations locales doivent s’intensifier pour arriver à créer un mouvement qui fera démarrer le train de la démocratie en Algérie par :

- Une lutte pacifique et nationale pour le changement

- Une stratégie de subordonner toutes les actions revendiquant le changement à un meneur unifié ;

- Le bannissement du culte de la personnalité (zaimisme) en favorisant une direction collective constituée d’Algériens, enfants du peuple, propres, honnêtes, intègres, autonomes, imperméables à la corruption, courageux et issus de toutes les sensibilités politiques sans exclusion.

- L’affaiblissement du système maffieux et rentier par des actions pacifiques répétitives.

- L’isolement politique et médiatique du système rentier et maffieux en boycottant tout ce qui émane de lui.

Principalement, cette lutte pacifique et nationale revendique le départ immédiat du système maffieux et rentier en réclamant :

- la dissolution de l’actuelle assemblée impopulaire

- la dissolution des deux appendices des systèmes le FLN et le RND

- la démission de l’exécutif, président et gouvernement

- la neutralité de l’armée

Le changement sera assuré par une transition constituée :

- D’une présidence collégiale issue d’un panel de personnalités nationales connues pour leur intégrité, leur parcours militant, et n’ayant jamais fréquenté le système,

- Un gouvernement d’union nationale constitué de technocrates représentant toutes les sensibilités politiques et sociales du pays

- Un comité populaire de large représentativité pour la sauvegarde et le suivi des objectifs de la lutte pacifique et nationale pour le changement.

Le changement est effectif par :

- l’élection en toute transparence d’une assemblée constituante

- l’élection d’un président de l’Etat parmi les membres élus de l’assemblée constituante

- formation d’un gouvernement parmi les partis ayant obtenu la majorité dans l’assemblée constituante

Une fois ces institutions souveraines installées, elles œuvreront ensemble à instaurer un Etat civil et social qui garantit une réelle alternance démocratique, un Etat de droit qui sépare les pouvoirs et qui distribue équitablement la richesse nationale. Elles œuvreront aussi à ce que les droits des minorités, quelles soient ethniques ou religieuses, soient respectés, que la compétence et le mérite soient reconnus, que l’effort soit récompensé, que tous les citoyens soient égaux, en droits et en devoirs.

Elles œuvreront ensemble pour choisir le meilleur modèle de gouvernance qui sied et satisfait l’ensemble du peuple dans ces différentes compositions, s’approprier de nouvelles valeurs de références, épanouir les langues ancestrales aux cotés des langues arabes et française et enfin, garantir la séparation entre le politique et le religieux. Elles œuvreront ensemble pour Assurer une autonomie effective de l’Algérie et bannir toute forme d’ingérence étrangère. Elles œuvreront ensemble pour donner une image d’une Algérie solidaire avec ses voisins, partenaire entier dans ses relations économiques, appui infaillible pour les peuples opprimés par les dictatures.

Zoubir Zerarga

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Commentaires (8) | Réagir ?

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Hadjim Kindaichi

Ce n'est pas bien à mentir, et le pire c'est de croire au mensonge, on ne peut avoir une liberté digne de celle qu'on voit en France à titre d'exemple, si on n’a pas une révolution populaire conclue par un rassemblement à la Bastille, il n'est pas possible avec ces gens qui nous gouvernent depuis 1962 pratiquement, d'avoir une liberté et une démocratie telle qu'on espère, sans verser la moindre goutte de sang, cette idée peut vous apparaissez cruelle, mais croyez-moi c'est la seule pour nous être utile de nous débarrasser de ces malfrats qui parasite depuis l'indépendance à nous dilapider de tout cher.

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Atala Atlale

Je crois qu'il faut arriver finalement à ce que la responsabilité d'un Président, ne soit plus limité à simple un caprice. Il est nécessaire qu'un président ait la conviction que s'il échoue il devra rendre des comptes ainsi que son gouvernement. qu'il devra également comprendre et toucher du doigt la vraie situation de la société, dans tous ses domaines : politique, santé, logement, salaires, emploi etc. Je lis quelque part que le 1er Ministre a le sentiment qu'il "dérange". Il ne s'étend pas beaucoup, mais ce sont des messages à des destinataires qui se reconnaîtront certainement. Si ce personnage croît être près de son destin, qu'il ose si son destin est de servir l'Algérie sans roublardise et avec sincérité, j'aimerais que ce Monsieur fasse un état des lieux de ce qu'est devenu notre pays. Y a t-il un état ? J'en doute ! des pans entiers sont livrés à une maffia qui fait son beurre dans tous les domaines. L'insécurité règne, des gens s'arment de sabres !! occupent des espaces publiques pour vendre les déchets d'une industrie étrangère douteuse. Mon pessimisme n'a plus de limité, aimant ce grand et beau pays...

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