La machine populiste Bouteflika s’ébranle à Sétif pour les législatives

Bouteflika ira pour essayer de convaincre les Setifiens d'aller voter.
Bouteflika ira pour essayer de convaincre les Setifiens d'aller voter.

Le pouvoir sort son attirail folklorique et surtout son carnet de chèques pour appâter les Algériens vers les bureaux de vote.

La wilaya de Sétif s’apprête ce 8 mai 2012 à recevoir le président Abdelaziz Bouteflika, officiellement pour la commémoration du souvenir des crimes de masse, perpétrés par la France coloniale contre la population sétifienne et de plusieurs autres localités de l’Est algérien, en ce jour du 8 mai 1945, lorsqu’elle est sortie manifester son désir de liberté en demandant son indépendance nationale. Le souvenir de cette journée tragique, - considérée comme une journée représentative de la barbarie de la colonisation, qui prétendait pourtant fêter sa victoire, ce jour même, sur la barbarie nazie, par la capitulation de l’armée allemande qui a mis fin à la Deuxième Guerre mondiale - et dont la population a payé un lourd tribut évalué par des historiens à 45000 morts dans toute la région, est resté gravé dans la mémoire collective algérienne comme une plaie ouverte, et commémoré tous les ans pour que les nouvelles générations gardent à l’esprit le caractère criminel et barbare de la colonisation. 

Mais il n’en est rien de tout cela dans le périple de la visite qui attend  Bouteflika ce jour commémoratif du 8 mai 2012. L’objectif de Bouteflika et du cortège de figurants qui l’accompagnent dans cette mise en scène macabre, orchestrée par des esprits très avertis sur l’état d’esprit de la population sétifienne, en cette veille d’élections législatives de la honte, semble ailleurs. Par ailleurs, rien ne semble indiquer que la population de Sétif s’apprête à manifester une ferveur enthousiaste et une communion commémorative avec celui qui prétend être leur président. Dignement, les Sétifiens se contentent de se remémorer la perte brutale des membres de leurs familles à cette occasion, dans l’intimité familiale, loin de tout folklore officiel et étatique, dont la venue du président autoproclamé leur est complètement indifférente. 

Craignant un désaveu humiliant de la part de la population sétifienne, par une démobilisation générale et une absence de plébiscite qui le ridiculiserait au regard de l’opinion, son staff sécuritaire et sa machine populiste se sont mises en branle pour parer le coup, bien avant sa visite, pour que celle-ci, - dont l’objectif principal, par évidence, est la mise en œuvre d’une propagande populiste au profit de la participation aux législatives, que tout le monde promet de boycotter - tourne en sa faveur.

D’abord, la veille, un quarteron de ministres est venu à Sétif vendre à la population l’image d’une Algérie en voie de reconstruction et de développement. Une image d’une classe politique attelée à la tâche. Ainsi, de nouveaux projets de développement, dont certains ont été inaugurés et d’autres lancés lundi par les ministres des secteurs concernés, ont vu le jour. Juste à la veille de la visite de Bouteflika, dont l’objectif est de gagner la sympathie de la population et la rendre crédule à l’action de son gouvernement, pour l’attirer en masse à son discours prévu à cette occasion et la galvaniser par son prêche.

Ainsi, le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal a effectué une visite d’inspection de différents projets  hydrauliques dans la région. De son côté, le ministre de l’éducation nationale Boubekeur Benbouzid, a inauguré quatre nouveaux CEM et donné le coup d’envoi pour la réalisation de deux lycées, respectivement dans les communes d’Ain Arnat et Ouled Saber. Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme Noureddine Moussa a, quant à lui, inauguré le lancement de plusieurs projets de logements,  dont le plus important est celui de 5000 logements promotionnels aidés à la cité El-Hidhab. Pour sa part, El-Hachemi Djiar ministre de la Jeunesse et des Sports, a inauguré le lancement des travaux de nouvelles infrastructures, dont des maisons de jeunes et des stades communaux.

Ces actions multiples du gouvernement, concentrées au lieu-dit à la veille de la visite de  Bouteflika, qui rentrent bien évidemment dans le plan d’accompagnement de sa visite de la région, sous le prétexte commémoratif du 8 mai 1945, traduisent en cette veille des législatives, son souci de s’enquérir de l’état d’esprit des travailleurs et de la population, en tant que potentiels électeurs et les solliciter à la participation massive aux législatives.

Et comme si cela était pour son intuition, insuffisant à convaincre la population de Sétif de venir applaudir le passage de son cortège et de remplir l’auditoire pour son discours, ses services ont procédé à la convocation de plusieurs corps constitués, dont les anciens patriotes de toute la région de l’Est. Une méthode dépassant les pratiques boumediennistes. Ainsi, un quota de deux membres de chaque famille d’anciens patriotes furent contraints de rejoindre les casernes le 7 mai à 4 heures du matin, pour les transporter à Sétif le 8 mai à l’aube, dans le but de combler l’éventuel vide qu’aurait engendré la désertion de la population sétifienne, qui à l’image de toute la population algérienne a perdu toute confiance dans les représentants de l’État.

Car, Bouteflika à besoin de constituer une foule décorative, pour illustrer un plébiscite artificiel qui sera diffusé sur les médias à tous les Algériens, pour leur vendre une image d’une population enthousiaste devant un président faisant l’éloge de l’acte patriotique du vote pour les législatives. 

Mais la réalité que Bouteflika ne veut pas voir, c’est que la rupture du peuple avec le pouvoir et sa perte de confiance en lui est consommée depuis déjà plus de deux décennies. Ce qui rend ses dernières gesticulations à ses yeux, comme quelque chose de donquichottesque, qui ne peut que le couvrir de ridicule.

Youcef Benzatat 

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Commentaires (21) | Réagir ?

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omar attourki

le ridicule ne tue plus, l'algérie actuellement faut aller jeter un coup d'oeuil à oued assabar à alger, ça vous coupera le souffle et rien d'autres à rajouter= ALLAH IZIDKOUM MA AKTHAR... AmiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiNe

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Waali Uchène

C'est ça l'Algérie? Pauvre Algérie! Pourquoi ne pas lui changer de nom après lui avoir changé de visage?

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