Ces lycéens qui brouillent les cartes par Hassane Zerroky

Ces lycéens qui brouillent les cartes   par Hassane Zerroky

Il faut remonter à 1968, et durant les années 70, pour voir un mouvement lycéen d’une telle ampleur. A l’époque, les lycéens étaient organisés au sein de l’Union nationale des lycéens algériens, un syndicat qui n’existe plus. Mais ils n’étaient pas aussi nombreux, quantitativement s’entend, comme aujourd’hui.

Cela étant, quand cette protestation lycéenne a démarré à Alger, peu nombreux ceux qui se sont risqués à prévoir qu’elle gagnerait tout le pays. Plus encore, à l’origine, personne ne savait sur quoi aller déboucher ce mouvement de protestation qui a fait tâche d’huile. Car, pratiquement, toutes les wilayas du pays ont été le théâtre de cette colère lycéenne. Qui plus est, ne disposant d’aucune structure syndicale, ils sont parvenus peu à peu à s’organiser, à s’entendre sur une unique revendication – l’allègement des programmes en vue du baccalauréat 2008 - , et ce, grâce à cette arme à laquelle le pouvoir politique ne s’attendait pas : le téléphone portable et Internet. De ce fait, la crainte de voir cette protestation déraper ou que l’on pousse ces jeunes à la faute n’a pas eu lieu. Mieux, ces lycéens ont franchi une étape : ils ont désigné des délégués, qui se sont réunis mercredi à Alger, élaboré une plateforme revendicative qu’ils ont soumise aux pouvoirs publics, leur accordant un délai, fixé au 2 février pour répondre à leurs doléances.

Quoi qu’on en pense de ce mouvement de protestation et sans préjuger de ce qu’il en adviendra sur le court terme, il est l’expression d’une réelle inquiétude. Ces dizaines de milliers de jeunes ne savent pas en fait de quoi sera fait leur avenir. Le fait de voir que le nombre de diplômés universitaires ne trouvant pas d’emploi s’accroît d’année en année n’est pas fait pour les rassurer. Le fait que le pouvoir politique n’ait pas tenu ses promesses d’amélioration sociale du plus grand nombre ne peut qu’ajouter à leur angoisse. Leur protestation est un signe évident non seulement de l’échec de la politique du pouvoir en matière d’éducation et de formation et d’emploi, mais elle témoigne aussi de la coupure entre gouvernés et gouvernants. D'ores et déjà, par leur action, ces lycéens ont brouillé les cartes de ceux qui ont mis au rang de leurs priorités, non pas l'amélioration de la situation sociale, mais la révision constitutionnelle!

Dès lors, quand on lit dans El Moudjahid que le Commissaire général à la planification du gouvernement a annoncé que le PIB par habitant en Algérie a atteint 3968 dollars, suggérant que le niveau de vie des Algériens est en nette amélioration, cela ne peut qu’irriter la grande masse de la population, surtout les jeunes. En effet, cette augmentation du PIB est une donnée trompeuse, une moyenne qui ne peut masquer la fracture sociale existante. D’autant que tous les clignotants – taux de chômage, hausse du coût de la vie et inflation, investissements productifs – sont au rouge. De plus, en investissant une partie des excédents pétroliers en achat de bons du Trésor américain et surtout dans les fonds de pensions US, afin de le faire fructifier, nos décideurs ont vu tout faux. Dans le contexte de crise boursière existant, de baisse continue du dollar et de la récente décision de baisse des taux d’intérêts américains, il est à craindre que l’Algérie, à l’instar de la Chine, n’ait perdu de l’argent. Le mieux aurait été de l’investir dans des projets solides créateurs d’emplois que de l’employer à financer le déficit budgétaire américain. Mais pour ce faire, aurait-il fallu que le pouvoir dispose d’une politique de développement axée sur des investissements productifs.

H.Z

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Commentaires (4) | Réagir ?

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khelaf hellal

Voyez-vous Mr. Hassan Zerrouky, les jeunes de notre pays ont comme tous les jeunes du monde entier ce désir de vivre pleinement leur vie, ce désir ARDENT et tout à fait légitume de croquer la vie à pleine dents ; malheureusement, je dis malheureusement de nouveaux prophétes sortis de je ne sais d'ou sont venus leur rappeler dés la sortie de la coquille, dés l'éclosion que la mort existe et que la vie ici bas n'est qu'une bien triste fatalité et ne recelle que trés peu d'importance, voilà qui finit de les plonger dans l'immobilisme et le renoncement. Au lieu de leur insufler les idées de conquérants, de prospecteurs et de gagnants, on a préféré leur aliéner l'esprit et le corps par des interdits, des dogmes et des tabous de toutes sortes à tel point qu'au lieu de conquérir des espaces de liberté et d'expression, au lieu de développer la curiosité et l'intéret pour la téchnologie et les problémes actuels de notre monde ils ont été amenés, malgré eux peut-etre à s'infliger des contraintes d'hermites et des dogmes de renoncement et d'inibition de soi du genre : La Yadjouz, El mektoub, El mout kaina, ellah ghaleb, etc... etc.... Je me sens déjà trop vieillir avec les jeunes de mon pays.

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boulboul

sid el kommissare dial la planification ma maman m a dit celui qui ment va en enfer et vous vous ne dites pas la verite ce n est pas bien personne ne va dormir avec vous dans votre tombe

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