Pakistan : la famille Ben Laden expulsée vers l'Arabie Saoudite

Pakistan : la famille Ben Laden expulsée vers l'Arabie Saoudite

Les autorités pakistanaises ont expulsé vendredi matin vers l'Arabie Saoudite les femmes et enfants d'Oussama Ben Laden, détenus depuis sa mort, il y a un an, dans le nord. Un délai qui n'a guère permis de lever les mystères sur la présence de l'ancien chef d'Al Qaida sur place.

Les trois veuves, deux Saoudiennes et une Yéménite, et la dizaine d'enfants d'Oussama Ben Laden ont décollé peu avant 23 heures, jeudi, de l'aéroport d'Islamabad à bord d'un avion spécial, a annoncé le ministère pakistanais de l'Intérieur. Ce départ permet au Pakistan de tourner la douloureuse et encore très mystérieuse page Ben Laden, à quelques jours du premier anniversaire de sa mort le 2 mai 2011 dans un raid clandestin des forces spéciales américaines.

Les Américains avaient emmené avec eux le corps du chef d'orchestre des attentats du 11 septembre 2001, laissant sur place sa famille qui avait ensuite été arrêtée par les autorités pakistanaises.

Après dix mois de détention sans motif officiel, les trois femmes avaient été récemment condamnées à 45 jours de prison pour séjour illégal au Pakistan - peine qu'elles ont fini de purger il y a dix jours - et à l'expulsion vers leurs pays d'origine avec leurs enfants. Vers 21 heures jeudi, un minibus est passé prendre la famille dans la résidence surveillée d'Islamabad où elle était détenue ces derniers temps. Femmes et enfants sont arrivés une trentaine de minutes plus tard à l'aéroport civil d'Islamabad, situé à Rawalpindi, dans la banlieue de la capitale, où ils sont entrés par une porte discrète située à l'arrière.

Lenteur pakistanaise ou embarras saoudien ?

Une fois dans l'aéroport, les veuves et les enfants ont été dirigés vers la zone des départs, où ils ont satisfait à quelques procédures d'immigration avant de décoller pour l'Arabie Saoudite. Là, la plus jeune des épouses de Ben Laden, la Yéménite Amal Abdulfattah, devait ensuite gagner le Yémen avec ses cinq enfants, selon ses avocats à Islamabad.

Après la fin théorique de la peine de prison, le processus d'expulsion de la famille avait semblé traîner. Plusieurs responsables pakistanais avaient alors évoqué la réticence de l'Arabie Saoudite à accueillir cette famille au profil embarrassant. La détention prolongée et longtemps sans motif de la famille au Pakistan a nourri des interrogations sur l'attitude des autorités pakistanaises. Islamabad est soupçonné de vouloir dissimuler des informations sur les dernières années de Ben Laden, notamment sur d'éventuelles complicités lui ayant permis de vivre au Pakistan entre 2002 et 2011 au minimum, sans être inquiété. Une commission d'enquête n'a toujours pas rendu son rapport.

Face à ces soupçons, des responsables pakistanais assuraient qu'Islamabad voulait expulser la famille au plus vite pour tourner définitivement la peu glorieuse page Ben Laden. La présence du chef d'Al-Qaïda à Abbottabad, une ville de garnison, qui plus est à quelques centaines de mètres de la plus importante académie militaire du pays, avait nourri envers des soupçons d'incompétence ou de complicité avec les islamistes, notamment aux Etats-Unis où Islamabad est régulièrement accusée de jouer un double jeu avec certains réseaux extrémistes.

Côté pakistanais, le raid américain avait humilié l'armée, jugée incapable de protéger le pays, une accusation grave dans un pays arc-bouté sur sa souveraineté territoriale, et provoqué une grave crise entre Washington et Islamabad, son allié-clé dans la région depuis 2001, qui peinent depuis à se réconcilier. Fin février, les autorités pakistanaises ont fait raser en deux jours la villa d'Abbottabad où avaient résidé Ben Laden et sa famille, pour éviter là aussi que le bâtiment ne devienne un lieu de pèlerinage islamiste.

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