De la manipulation et des manipulés... Par Ghania Hammadou

Manipulation, tout est manipulation : la protestation sociale, la revendications syndicale, la révolte des chômeurs, les insurgés dressant des barricades sur les routes inachevées, l’abstention électorale, le boycott des urnes, et les grèves − les grèves surtout ! En particulier, celles – l’actualité récente le montre − qui pointent du doigt l’incurie du pouvoir, les aberrations de sa gestion. Puisque la grève des fonctionnaires s’était vue accoler le sceau infamant de « manipulée » − on pouvait lire en filigrane de certains commentaires de presse l’idée selon laquelle les débrayages des enseignants, des médecins, des psychologues cliniciens, des agents des impôts étaient téléguidés par d’occultes officines ! −, le mouvement de protestation des lycéens contre la surcharge des programmes et le manque d’effectif ne pouvait pas y échapper.

Tout ce monde est donc manipulé, sauf bien entendu le troupeau encadrant les cortèges présidentiels et beuglant « un troisième mandant », sauf la meute convoquée pour faire la claque dans les meetings de soutien à Bouteflika.

Qui dit manipulation, dit manipulateur. Le ministre Benbouzid, qui creuse depuis treize ans la tombe de l’Education nationale, a déniché le sien en la personne d’un certain Hamza Yahia, courageux signataire d’un appel incitant à la sédition lycéenne contre l’enseignement de la chariaa dans leur cursus scolaire. Je ne sais si ce Hamza existe, quoi qu’il en soit son appel cible le cœur du problème à l’origine de la déchéance de l’école algérienne : la théologisation de son enseignement et de ses programmes. Il devrait être entendu par cette Algérie qui refuse le destin des peuples, qui pour avoir substitué la religion à la science, sont voués à la régression et à l’obscurantisme.

la manipulation est, comme nous allons le voir, un vieil héritage dont les dirigeants algériens ont su tirer le plus grand profit… La cécité étant la marque des régimes condamnés à terme par l’histoire, tous les évenements, situations ou critiques, de nature, ou susceptibles, d’ébranler l’ordre établi, se voient ou se sont vus appliquer ce terme – manipulation – conçu pour discréditer le combat et délégitimer les combattants. Souvenez-vous, les salves du 1er novembre 54 marquant le déclenchement de la guerre de Libération nationale, avaient été, non pas analysées comme la première manifestation d’une explosion qui allait emporter un ordre discriminatoire qui semblait être là pour toujours, mais assimilé, par le pouvoir et la société coloniale, de droite comme de gauche, à une vaste manipulation orchestrée par une poignée d’aventuriers. Autre temps mais même mœurs, le terme fera fortune et deviendra un mot-clé du lexique des pouvoirs politiques post-indépendance, qui y auront recours à chaque fois qu’ils auront besoin de discréditer et/ou d’isoler un mouvement de contestation.

Quant aux réponses apportées aux revendications, elles n’ont pas vraiment changé, elles aussi. Hier, on mobilisait le contingent et l’arsenal de la troisième puissance mondiale pour mater la « rébellion » ; aujourd’hui, on fait appel pour donner la charge contre de pacifiques manifestants soit aux compagnies nationales de sécurité (CNS), soit à des nervis, des hommes de main recrutés le temps d’une grève pour casser du gréviste.

Ghania Hammadou

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Commentaires (15) | Réagir ?

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mikah fiad

Sur la manipulation on peut parler sans jamais s'arreter. Moi je porterai un commentaire sur la manipulation ou plutot j'adresserai un ensembles de questions à ces messieurs du pouvoir et à leurs relais dans lasocieté afin de repondre avec sincerité s'ils ont bien sur le courage de le faire:

_1:durant la colonisation francaise, à quel age bouteflka a t-il eu son premier contact avec le mouvement national'manipulé?non? à vous de repondre!

_2:la meme question est adressée à nos valeureux combattants encore vivants qui ont rejoint le mouvement national ou la revolution parfois à un age trop bas. manipulés?non? à vous de repondre!

_3:les lycéens, les syndicats, les medecins enfin tout le monde avait rejoint la revolution sans condition d'age. manipules?non? à vous de repondre!

Ce dont je suis convincu c'est le fait si le lycéen avait été bien chez lui, s'il avait tous ses droits garantis, si l'ecole avait ete protégé contre le charlatantisme, si son ecole avait opté pour la modernité etc... Hé bien ce lycéen ne serait jamais sorti manifester dans la rue !!!

C'est valable pour toutes les categories de la societé. On est tous manipulés tant qu'on n'accepte pas notre vie de misere. Pour ne pas etre acusé de manipulé, il faut toujours dire "el hamdoulilah", "oualakhra kayena". Bonne chance à G. HAMMADOU

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mohand akbayli

vous croyez que c'est benbouzid qui creuse la tombe de l'education?

eh ben sa mission est autre que sa, il doit enterrer l. education national; il est toujours la avec la meme mission sur les epaules, car beaucoup d'obstacles se sont dressees et se dresseront sur son chemin.

le pauvre, il ignore qu'il ne pourra jamais le faire du faite qu'il ya toujours des bon citoyens, fidele au combat de 54 et au principes du congres de la soummam.

la honte de l'algerie c'est ceux qui la gouverne, un beau pays comme le notre, entre les mains de ses traitres, qui sont entrain de terminer leur sale besogne, chose qu'ils n'ont pas pu realiser avant 62.

bouteflifa, belkhadem, benbouzid, benjdid (chadli), c'est pas un hasard qu'ils commencent tous par B.

L'algerie a besoin d'un deuxieme congres de la soummam, d'un grand courage populaire, pour sauver la republique, (pas d'un troizieme mandat), car a se rythme elle deviendras:AL MAMLAKA AL DJAZAIRIYA ACHAABIYA (ROYAUME POPULAIRE D'ALGERIE) avec un roi nomme bouteflika elu au sufrage universel.

et se sera le nouveau systeme politique (le melange de ceux de nos voisin maghrebin, d'un cote un monarque et de l'autre cote un president elu a vie, il ya de quoi etre jaloux, et dire que notre garant de la constitution est jalouxman. deviner, un trixieme mandat c'est 5 années de cauchemard suplementaires qu'ils vont nous prescrire, ils veulent que ceux qui aime ce pays le quitte, belle algerie reveille toi, libere toi de tes veritables ennemis. au journaliste du MATIN je dis merci et bon courage

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