Belaïd Abane règle leurs comptes aux détracteurs de Ramdane Abane

La jaquette du livre.
La jaquette du livre.

Les responsables du cinéma Afrique, à Larbaa Nath Irathen, ont organisé une conférence-débat, suivie d’une vente dédicace, avec l’auteur du livre "Ben Bella-Kafi-Bennabi contre Abane", Belaïd Abane.

D’emblée, le premier qui prend la parole est le maire de la ville. Il invite les nombreux invités à observer une minute de silence à la mémoire des combattants, morts pour l’Algérie. Après la minute de silence, c’est l’hymne national qui retentit dans la salle. La parole est ensuite donnée au conférencier. Bien qu’il ne cache pas son lien de parenté avec Abane Ramdane, l’auteur du livre nous explique que sa démarche est avant tout scientifique et qu’il ne cherche pas spécialement à être un avocat d’Abane. À ce titre, il nous dit qu’Abane n’est pas un temple à protéger. En effet, à partir du moment où il a exercé des responsabilités politiques, son action, nous dit-il, est critiquable. Mais, ce qui révolte Belaïd Abane ce sont les invectives proférées à l’encontre de son oncle. Et dès lors que ses détracteurs visent à salir sa mémoire, il estime que son devoir est de préserver sa mémoire. Pour lui, c’est une question d’honneur. "On ne les laisse pas faire", lance-t-il à l’assistance nombreuse venue l’écouter.

D’une façon générale, il s’engage à répondre de façon la plus objective aux contempteurs d’Abane. Mais pourquoi a-t-il mis longtemps avant de répondre aux détracteurs d’Abane ? Il répond à la question en disant que son activité professionnelle accaparait l’essentiel de son temps. Il avoue que ce n’est pas aisé d’allier deux activités, celle d’hospitalier et celle d’un chercheur en histoire. Cela dit, une fois sa démarche expliquée, Belaïd Abane rentre dans le vif du sujet. Il commence par Ali Kafi. Ce dernier, dit-il, a commencé à jeter l’anathème sur Abane dans les années 1980. À cette époque, ses critiques ne sortirent pas des limites du supportable. Néanmoins, bien qu’il ait observé une certaine retenue, il n’en reste pas moins que ses propos dégageaient déjà une haine latente.

En 1999, Ali Kafi publie ses mémoires. Là les insultes sont tout bonnement insoutenables. Bien que tout le monde ou peu s’en faut reconnaisse l’engagement indéfectible d’Abane pour la cause nationale, Ali Kafi se lance dans une démarche vindicative allant jusqu’à l’accuser de félonie. D’ailleurs, ne pousse-t-il pas le ridicule jusqu’à affirmer que l’architecte du congrès de la Soummam "a ouvert les canaux secrets de négociation". Cette attaque, dépourvue de toute morale, incite Belaïd Abane à se lancer dans l’écriture. Ne comprenant pas l’acharnement de l’ancien chef de la wilaya II historique, Belaîd Abane s’interroge : "Comment peut-on penser qu’Abane ait voulu en catimini brader l’indépendance de l’Algérie lui qui ne s’est jamais départi du préalable de l’indépendance, principe qui le mettra d’ailleurs dans une posture antagonique aux colonels du CCE, ceux-là mêmes qui justifieront leur forfait en lui reprochant son intransigeance et ses thèses sensibles sur la question des négociations".

Quoi qu’il en soit, cette sortie médiatique de Kafi choque jusqu’aux adversaires d’Abane. En 1999, Ben Bella, nous dit-il, m’a reçu chez lui. En fait, c’est Brahim Gazou, dit Bachir El Kadi, qui le présente à Ben Bella. "Le 22 juillet 1999 à 14 heures, moins d’une semaine après la clôture du sommet panafricain, Ahmed Ben Bella me reçut en compagnie de Si Bachir El Kadi dans sa résidence du Paradou à Hydra, sur les hauteurs d’Alger", écrit Belaid Abane le lendemain de la rencontre dans le compte rendu de l’entrevue. Toutefois, bien que l’auteur ait su que Ben Bella détestait Kafi, il tenta vaille que vaille d’arracher une déclaration au premier chef de l’État algérien condamnant les injures proférées par Ali Kafi.

Se plaçant, soi-disant, au¨-dessus de ce genre de procédé, Ben Bella déconseille à son hôte de répliquer. "Ben Bella ne tarit pas de qualificatifs aussi désobligeants les uns que les autres sur Ali Kafi, ses pratiques conviviales et ses addictions… ‘Ali Kafi, hachak, est saoul à partir de 10 heures du matin…’ Parler d’Abane est un non-sens de sa part car ce n’est ni la même stature ni le même niveau de responsabilité. Où a-t-il pu connaitre Ramdane", rapporte-t-il dans le compte-rendu de la rencontre du 22 juillet 1999.

Malheureusement, constate Belaïd Abane, Ben Bella ne résiste pas longtemps avant de se lancer, à son tour, dans l’insulte à l’égard d’Abane Ramdane. Interviewé par la chaine qatarie en 2002, il déverse, sans vergogne, sa haine contre Abane. C’est là, nous dit-il, que "je rentre en Algérie pour récupérer ma documentation en vue d’écrire". En effet, à partir de 2003, l’auteur consacre le moindre temps libre à l’écriture. Cependant, sur Ben Bella, le conférencier tente de faire un parallèle entre les deux chefs nationalistes. Il en ressort que les deux avaient deux stratégies diamétralement opposées. Ainsi, quand Ben Bella avançait le principe d’un contrat moral entre les 9 chefs historiques pour diriger la révolution, Abane préconisait le rassemblement de tous les Algériens ainsi que leur droit à être partie prenante dans la conduite de la révolution. Abane s’appuya alors sur la conviction que "celui qui ne vient pas au Front sera récupéré par la France".

Sur Bennabi, un détracteur sans consistance [Il n’a rendu aucun service au mouvement national], Belaïd Abane ne s’attarde pas trop longtemps. Pour lui, ce lilliputien de la cause nationale ne mérite pas qu’on le compare à Abane. Il rappelle toutefois la vie paisible de Bennabi dans les années quarante, alors que les nationalistes, dont Abane Ramdane, affrontaient le colonialisme. En effet, d’après son hagiographe, Sadek Sellam, Bennabi a vécu depuis les années 1930 en Normandie. En tout cas, selon le témoignage de Mohamed Mechati, cité par Belaïd Abane, Bennabi n’a rien apporté au mouvement national. Son détracteur, Mostepha Lacheraf, le remit maintes fois à sa place. En 1954, au moment où la préparation de la lutte armée atteignit sa vitesse de croisière, Bennabi a écrit un livre où il justifiait la prédisposition collective des Algériens à l’asservissement colonial. "Pour la presse et les idéologues colonialistes, la colonisabilité tombait, du reste, à point nommé pour étayer les théories de l’infériorité raciale des Algériens. Elle arrivait également comme un relent de défaitisme au cours de cette année 1954, cruciale pour le moral et le destin national algériens", écrit Belaïd Abane.

Enfin, bien que le but soit de remettre les détracteurs d’Abane à leur place, l’auteur de Ben Bella-Kafi-Bennabi contre Abane réalise un travail documenté. Il se peut que sa teneur ne plaise pas. Mais il va de soi que les preuves apportées sont irréfutables.

Boubekeur Aït Benali

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Commentaires (7) | Réagir ?

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pere abraham

De quoi s’agit-il, j’aurais aimé que monsieur Abane nous écrive un livre intitulé : «Boussouf, Krim et Bentobbal contre Abane » où il nous expliquera le pourquoi de la décision d’élimination de Abane par ces révolutionnaires , l’avis de benbella et de kafi sur cette question demeure secondaire, car je pense que la décision d’assassiner Abane, un leader de la révolution, est plus grave et plus importante que les opinions que faisaient Kafi et Ben Bella sur Abane.. mais là ou je me pose des questions : que vient faire bennabi là dedans? Bennabi, un penseur ayant à son actif une trentaine d’ouvrage dont certains inédits ; des dizaines d’articles de presse depuis les années 40, une position critique a l’égard des actes et des hommes depuis les années 30. quel est le lien de bennabi avec Abane, une phrase lancée comme ça pour illustrer une idée sur le processus révolutionnaire dans son bouquin « le problème des idées » parue dans les années 70…. Ca doit être pour des raisons commerciales car l’avis de Kafi et de Benbella sur Abane, intéresse peu de gens, on le connait et on s’en tape après tout pour une raison simple : les trois hommes n’avaient pas la même vision sur la manière de diriger la révolution . l’auteur veut nous faire croire que finalement l’histoire se passe entre Bennabi et Abane alors que non : l’histoire est bien entre Abane et certains dirigeants de la révolution sur le fond.. Mais passons attendons que l’auteur nous dévoile la vraie histoire. Revenons à Malek Bennabi :

Ainsi donc, les arguments de l’auteur sur la position de Bennabi sont les suivantes : il a collaboré avec les nazis, il a une thèse sur la colonisabilité et il critiquait tt le monde dont messali el hadj…

concernant la colonisabilité, bennabi n'a pas dit que nous somme colonisés par ce que nous sommes colonisables et que c'est une fatalité, il a bien dit qu' à une certaine époque, l'Algérie réunissait une série de tares qui faisait d’elle une proie au colonialisme et qu’il faut surmonter ces tares pour renaitre, il n'aurait pas écrit les conditions de la renaissance qu'il a adressé aux algériens s'il ne croyait pas au capacités de son peuples.

S’agissant des critiques qu’il a eu pour Messali, bennabi a exprimé ce qu'il pense des méthodes de ce leader politique, il a notamment exprimé sa critique à l'esprit du zaimisme instauré par cet homme, tout en reconnaissant son combat.. bennabi a été critique là ou il pensait qu’il fallait s’exprimer ;ses positions restent discutables, il a même critiqué l’association des oulemas quand elle s’est associée aux politiques s’étant déplacés à paris lors du congrès musulman de 1936 en leur reprochant notamment de quitter leur terrain éducationnel pour le terrain politique.

Enfin pour l’accusation de collaboration (il s’adresse à qui l’auteur) , Bennabi a été emprisonné en France et a été acquitté pour cette accusation mensongère, mais au fait combien d’algériens innocents emprisonnés dans les prisons coloniales à l’époque.

Concernant ses critiques à l’égard du congré de la Soummam, elles sont discutables et c’est là ou l’auteur aurait pu avancer ses arguments, mais il a préféré avancé comme argument le fait que Malek Bennabi est un intellectuel lilliputien. Le mot est fort pour quelqu’un de sa stature même si on n’est pas d’accord avec lui, il fallait au moins lui donner son rang, un intellectuel algérien qui certes n’était pas du même courant que Lacheref ou autre, mais un humaniste à sa manière.

Et avant de laisser certains lecteurs se lancer dans leur diatribes, je profiterais de l’espace du Matindz, pour insérer quelques expressions de ce monsieur tirées au hasard sans être pour autant représentatives de sa pensée et demander à tout le monde de lire avant de juger, et de ne pas être prisonniers des incompréhensions du passé des uns et des autres : l’homme est avant tout un philosophe qui se positionne par rapport au événements et c’est sur ce terrain qu’il faut le critiquer, en tout cas pas en l’accusant de lilliputien, et au fait, un lilliputien a-t-il le droit d’avoir une opinion monsieur belaid, il est critiquable mais digne d’intérêt…

1- Sur le fièvre électorale des année 40, il disait : « le mot boulitique est un coup de fouet qui cingle toutes les hypocrisie, un coup de balai populaire là où s’entassent les ordures, les déchets de la foire « boulitique »…le peuple s’était aperçu depuis longtemps de certaines contrefaçons introduites dans notre vie politique par des charlatans qui, au moment où le pays se débarrassait de certaines superstitions entretenues par le maraboutisme et le colonialisme, on pu l’abuser quelque temps en substituant le bulletin de vote à l’amulette, et le zaim barbu ou imberbe, au marabout …c’est un mot vengeur. Il venge tous ceux qui ont gardé un idéal malgré les escroqueries. Tous ceux qui ont gardé confiance dans la destinée du pays. Tous ceux qui ont prêché le sens du devoir en même temps que celui du droit, par-dessus la tête de ceux qui n’ont voulu réclamer que des droits, comme si à l’échelle individuelle ou nationale on obtenait quelque chose gratuitement..

La politique se distingue de la boulitique d’abord en cela, Quand on hurle dans les foires, quand on gesticule, quand on parle au peuple uniquement de ses droits, sans lui rappeler ses devoirs, quand on prône les méthode de facilité, on fait de la boulitique. La lutte de la politique et de la boulitique est ancienne. Sous leur aspect psychologique, l’une est une intériorisation, l’autre est une extériorisation. L’une est une réflexion sur la manière de servir le peuple, l’autre une somme de hurlements, de gesticulations pour se servir du peuple en le dupant. Sous l’aspect tehchnique, la boulitique ne se définit pas, Et si le peuple Algerien n’avait pas fabriqué ce mot pour la désigner, il n’ aurait aucun mot pour la nommer.. »

2- " il ne s’agit pas de dominer le monde, mais de le sauver, il ne s’agit pas de vaincre les hommes, mais de les convaincre»

3- « Mon champ personnel est limité naturellement, mais il est toujours disposé à recevoir la graine que le vent apporte d’un champ voisin. Qu’elle soit la bienvenue la graine d’un champ voisin qui peut engendrer dans mon champ une nouvelle fleur »

Bon débat messieurs dames…

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lili Marlène

Au portrait en réhabilitation brossé par @ père Abraham dans le débat (plus politique que culturel) autour de l'assassinat de Abane Ramdane, je propose un contre portrait, dressé, non par un prosélyte bennabiste, mais par un fin scrutateur du mouvement nationaliste algérien.

http://www. elwatan. com/images/2012/02/23/siecle_877355. jpg

Assassiné par ses frères d’armes en décembre 1957, Abane Ramdane continue de hanter la mémoire de la Révolution algérienne. L’homme du Congrès de la Soummam a dû affronter l’anathème et le parjure.

Le livre coup-de-poing, Ben Bella-Kafi-Bennabi contre Abane (les raisons occultes contre la haine) * de Belaïd Abane, qui sortira demain, répond à ceux qui ont voulu salir sa mémoire et relativise plusieurs mythes, dont celui de la figure de Malek Bennabi. Des bonnes feuilles en exclusivité. Parmi les contempteurs de Abane, il y a précisément Malek Bennabi. Ce lilliputien de la Révolution algérienne, plein d’une suffisance médisante, avait la rancune particulièrement tenace. La première attaque malveillante, tombée comme un couperet sur Abane dix ans après l’indépendance, venait en effet de cet intellectuel, islamiste francophone, écartelé entre le «phénomène coranique» et la douceur émolliente de la vie provinciale française. Sans la moindre preuve, Bennabi asséna : «Georges Habbache dans le processus révolutionnaire palestinien et Abane Ramdane dans le processus algérien sont des erreurs introduites de l’extérieur : des erreurs induites. »

Qui était Malek Bennabi ? Il n’est pas inutile d’évoquer quelques aspects de sa vie et de son œuvre afin de mieux comprendre les ressorts intimes de la haine qu’il portait aux dirigeants nationalistes algériens et, tout particulièrement, à Abane. Dans Dreux (France, ndlr) occupé, il se met au service des Allemands. Il collabore avec l’occupant comme responsable technique municipal de la ville. Il est licencié quelques mois plus tard. Au chômage, il choisit d’aller travailler en Allemagne au début de l’été 1942. En 1944, le vent tourne en faveur des Alliés et Bennabi décide de rentrer en France.

A Dreux où il retrouve sa femme, il se met au service de l’administration capitularde de Vichy. Pas pour longtemps, car il doit faire cette fois avec l’armée américaine qui occupe la ville. Accusés de collaboration avec l’occupant allemand, Bennabi et son épouse sont arrêtés en août 1944 et internés au camp de Pithiviers. Ils seront libérés au printemps 1945. Le couple est arrêté pour la deuxième fois et incarcéré à la prison de Chartres en octobre 1945. L’accusation de collaboration avec l’ennemi nazi est de nouveau retenue contre Bennabi. Ce dernier est remis en liberté au printemps 1946. Le technicien eurélien aura passé en tout 15 mois dans les geôles de la France libre pour avoir collaboré…

… Jusqu’en 1954. Bennabi ne se réveilla que pour publier, non pas un encouragement à la Révolution commençante, mais son contraire : un livre décourageant et défaitiste où il traite de «la prédisposition collective» des Algériens à «l’asservissement colonial», ce que lui reprochera sévèrement un Mostefa Lacheraf indigné. Surfant sur l’actualité, Bennabi publie, en 1955, l’Afro-asiatisme. Conclusions sur la conférence de Bandoeng, que les éditions du Seuil lui refusent. Début 1956, la Révolution prend son essor avec le ralliement de l’UDMA, des Oulémas et l’arrivée au Caire de Ferhat Abbas et de ses amis à la fin de l’hiver 1956. C’est donc sérieux, avait dû penser Bennabi, qui décide de sauter le pas et de prendre le train de l’histoire en marche. Il quitte alors les berges de l’Eure pour les bords du Nil. C’était en avril 1956. La table révolutionnaire était mise. Et Bennabi, invité impromptu, tenait à y prendre sa place.

Le docteur Lamine Debaghine, chef de la Délégation extérieure du FLN au Caire, se méfie de l’accès soudain et inattendu de patriotisme et d’anticolonialisme de ce nouveau venu, inconnu au bataillon du nationalisme algérien. Il accepte néanmoins de le recevoir pour le tancer vertement et repousser ses avances en lui reprochant d’être trop longtemps resté «en dehors de la mêlée».

… Vexé et aigri, Bennabi n’aura de cesse que de se venger du docteur Lamine auquel il vouera une rancune et une aversion tenaces. La direction d’Alger est également exécrée, et Abane au premier chef. C’est en effet ce dernier qui avait dépêché Lamine Debaghine au Caire pour chapeauter les délégués extérieurs, y compris Ahmed Ben Bella, que le pouvoir égyptien avait pourtant déjà intronisé comme «porte-parole de l’Armée de libération nationale». Et comme l’ennemi de l’ennemi peut facilement devenir un ami, Bennabi offre ses services à Ben Bella. Mais ce dernier est lui-même peu enthousiaste de s’adjoindre un inconnu du Mouvement national…

Il va faire des pieds et des mains pour se trouver un nouveau sponsor. Il demande un poste quelque part dans un pays musulman «pour jouer un rôle dans la Révolution». Le FLN, qui s’en méfie de plus en plus, rejette sa demande et menace même de lui suspendre sa «solde» pour l’amener à modérer ses diatribes contre les dirigeants dont aucun ne trouve grâce à ses yeux. Par dépit et par opportunisme, il se jettera dans les bras du pouvoir égyptien. Reniant les Frères musulmans, sa mouvance naturelle, parce qu’elle était la bête noire du pouvoir nassérien, et donnant quelques gages de son opposition au wahhabisme, l’ennemi irréductible du nassérisme, Bennabi n’hésite pas à se détourner de la Révolution pour se mettre au service du Congrès musulman sous la houlette d’un officier libre, Anouar Sadate, son secrétaire général. Pour le FLN, ce ralliement est un casus belli. C’était exactement ce qu’il ne fallait pas faire.

Pourquoi cet échec sur toute la ligne, est-on tenté de s’interroger. En plus de son exil prolongé en périphérie extrême du Mouvement national, de son manque de sens et de culture politiques, conjugués à un égotisme démesuré, il est certain que son prêche défaitiste sur la «colonisabilité» et le «rôle nécessaire de la colonisation» avaient valu à Bennabi sa mise à l’écart totale et définitive des cercles dirigeants dans la Révolution et, plus tard, dans l’Algérie indépendante. La colonisabilité ! Voilà le concept nébuleux qui l’a fait certes connaître, mais a valu aussi à Bennabi, en grande partie, son statut de pestiféré dans le Mouvement de libération nationale.

De quoi s’agit-il ? Pour Bennabi, le problème, l’urgence, ce n’était pas de mettre à bas le colonialisme ; c’était plutôt de savoir pourquoi la société algérienne avait été colonisée. La question ne manque certes pas de pertinence. C’est la réponse donnée par Bennabi qui suscita l’indignation des milieux dirigeants et des intellectuels algériens. En faisant court, pour Bennabi, si le peuple algérien a été colonisé c’est qu’il l’avait cherché en se mettant dans la posture de peuple colonisable. Il conclut même que la colonisation était un «mal nécessaire».

* Editions Koukou

Salim Mesbah

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ali chemlal

Merci M. Bélaid vous avez lavé l'honneur de notre illustre héros Abane Ramdane, n'en déplaise a ses détracteurs, enragés comme Ali Kafi et Ben Bella, non contents de l'avoir assassiné, s'acharnent sur lui, même après sa mort. Alors que tous les chefs militaires et djounouds les plus courrageux sont tous tombé au champ d'honneur, M. Kafi, s'est planqué, jusqu’à a l’indépendance, tout comme Ben Bella, resté au frais pendant 5 ans a la prison de la santé. Le problème de ces baàthistes, c'est le fait qu' Ifri, situé a Uzalaguen Wilaya de Béjaia. lieu qui a symbolisé la révolution ou le FLN / l' ALN a été structuré, soit réhabilité et sorti de l'oubli, grâce a M. chérif Méziane, ancien condamné a mort, lequel a risqué sa téte, devant ces charognards, falsificateurs de la plus grande révolution qu' ai connu l'Afrique. Les propos diffamatoires à l'encontre des héros de la révolution, doivent êtres condamnés par le S G des anciens moudjahidines, comme il est du devoir des historiens, de rétablir la vérité, rien que la vérité, sur l'engagement sans faille, des uns et la trahison des autres.

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