Le mouvement des lycéens se durcit, la répression policière se met en place

Le mouvement des lycéens se durcit, la répression policière se met en place

A son sixième jour, le mouvement de protestation dans les lycées prend une ampleur insoupçonnée en Algérie. Il s’est étendu à toutes les wilayas de l’est à l’ouest. Partout, à Alger, Oran, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Guelma, Ain-Temouchent, les lycéens ont marché en criant leur ras-le-bol sur la surcharge des programmes et refusant de jouer aux cobayes dans le nouveau système éducatif. A Alger, la situation semble incontrôlable. « Le ministère se doit de satisfaire nos revendications, car nous sommes prêts à toute éventualité. Même à aller vers l’année blanche. Mais les académies d’Alger tentent de casser notre mouvement en privilégiant le dialogue avec des délégués au détriment d’autres. C’est un jeu très dangereux qui n’aboutira à rien», précisait hier un des représentants du lycée Bouatoura. Les pouvoirs publics n’ont qu’un seul objectif : éviter que les lycéens ne sortent dans les rues. « Et pour ça, ils sont prêts à nous promettre monts et merveilles.» Et la reprise des cours ? «Il n’y aura pas de reprise des cours sans une satisfaction de notre plateforme de revendications», dira-t-il. Une grève générale est prévue samedi prochain. Selon le délégué du lycée Bouatoura « il suffit de voir la réaction des élèves dans les autres villes du pays pour comprendre qu’il sera impossible de casser notre mouvement. A moins de satisfaire nos revendications.»

Mais la répression est à la hauteur de la protestation.Hier, à Constantine, dès 7h du matin, les forces de l’ordre et les brigades antiémeutes étaient déployées en force dans tous les quartiers de la capitale de l’Est. Des camions de police étaient visibles devant tous les lycées de la ville. Par ailleurs, tous les chemins menant à la Direction de l’éducation de la wilaya de Constantine ont été interdits aux élèves par un imposant cordon des services de sécurité.

Il était 8h30, une masse d’élèves de terminale, venant de plusieurs lycées, à savoir Ibn-Thaïmia, Ibn-Badis, Nouia-Fatima, Tarek-Ibn-Ziad pour ne citer que ceux-là, convergea vers la station de bus Ben Abdelmalek afin d’organiser, depuis, une marche jusqu'à la Direction de l’éducation. Ils seront brutalement stoppés par la présence policière à proximité du lieu de rendez-vous. Les lycéens contourneront le dispositif en empruntant un raccourci vers le quartier Belle-Vue depuis lequel ils rejoindront, difficilement, leurs camarades au centre-ville avant de disparaître à l’issue d’une véritable chasse aux porteurs de cartable lancée par les policiers en renfort. Selon Liberté, pas moins de 3 élèves ont été interpellés par les forces de l’ordre, alors que la veille, 8 autres ont été entendus durant 6 heures avant d’être relâchés.

À Bordj Bou-Arréridj, les élèves du lycée 1008, de Ras El-Oued, 30 km du chef-lieu de la wilaya, et ceux
de Mansourah et d’El-M’hir, ont commencé, hier, à bouder leurs cours. Ce sont les premiers mouvements dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj.

À Guelma, les élèves des 6 lycées de la wilaya de Guelma ont organisé, hier, une marche depuis leur établissement jusqu'à la Direction de l’éducation. Les contestataires ont remis une lettre au directeur de l’éducation de la wilaya où ils revendiquent l’allégement du nouveau programme et l’adaptation des sujets d’examen avec les cours effectivement dispensés.

T. H.

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Commentaires (4) | Réagir ?

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wahab benidir

Le dédoublement des postes budgétaires dans les services de sécurité prend une dimension et une signification trés inquiétantes. L'accroissement du nombre de gendarmes mobiles, d'agents de police au sein des Anti-Emeutes prévu pour lutter contre le terrorisme ne servira sans nul doute qu'à "casser du citoyen" ; surtout en cette période de révision constitutionnelle et tuttu quanti. ALLAH YESTARNA.

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Yacine Khalfi

Il n'y a rien de bon à attendre d'un régime composé d'incompétents, de tyrans, de cupides et d'ignares, et qui ne cherche qu'à doubler le nombre de policiers, de gendarmes, de prisons, au lieu de d'accroître celui des ingénieurs, des chercheurs, des professeurs, des intellectuels, des médecins, des éducateurs, de spécialistes en technologie de pointe, bref des professions vraiment rentables pour l'économie du pays.

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