Les bourreaux de l’Algérie française reviennent à la charge

Paul Aussaresses, le tortionnaire de l'Algérie française
Paul Aussaresses, le tortionnaire de l'Algérie française

A l'approche du 50 ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, les ultras de l'Algérie française occupent les devants de la scène médiatique et éditoriale française. La "guerre des mémoires" fait rage dans l'hexagone.

Hier, dimanche 4 février, le "Nouvel observateur" a publié une pseudo enquête par laquelle il croit détenir des révélations sur l’assassinat de Maurice Audin enlevé par les militaires français le mois de juin 1857, en offrant au lecteur, pour un meurtre politique d’Etat, un bourreau sans nom, sans visage, si ce n'est celui d’un vieillard de plus de 80 ans, vivant reclus dans un coin de Bretagne qui aurait été l’assassin de Maurice Audin en juin 1957. Si le mérite de cette "révélation" est de relancer l’enquête, elle pêche en revanche par son manque flagrant de précision (en attendant une autre source annoncée par le journal) sur l’identité du bourreau qui a, précise le journal "travaillé aux côtés du général Jacques Massu, "à Alger, avant de rejoindre comme sous-lieutenant, le groupe du commandant Paul Aussaresses, alors coordonnateur des services de renseignement. La petite équipe s'était installée à la Villa des Tourelles, une de ces majestueuses demeures blanches, noyées sous les bougainvilliers, où l'on se chargeait des basses besognes et où l'on se débarrassait discrètement des prisonniers encombrants." "Le Nouvel observateur" use des mêmes procédés que ceux usités dans les reportages sur la traque des tortionnaires nazis: "Le vieil homme a plus de 80 ans aujourd'hui. Il pensait sans doute avoir été oublié. Son nom figure noir sur blanc dans un document manuscrit, écrit de la main du colonel Yves Godard, dont "le Nouvel Observateur" révèle aujourd'hui l'existence et qui sera publié d'ici quelques jours dans "le Camp de Lodi", aux éditions Stock (de Nathalie Funès, à paraître le 14 mars 2012) (…) Ce texte inédit, conservé avec les archives de Godard, à l'Université Stanford, en Californie, est le premier document signé d'un officier de l'armée française confirmant que le mathématicien algérois a bien été exécuté par un militaire. Et qu'il ne s'est pas évadé, comme le veut la thèse officielle, encore soutenue de nos jours."

Désigner un militaire français bourreau de Maurice Audin en insistant sur son âge avancé aujourd’hui, son existence recluse en Bretagne, cela tendrait à faire de ce crime resté politiquement impuni au sommet de l’Etat français et dans la hiérarchie militaire de Massu à Bigeard, en passant par Aussaresses, une sorte de crime relevant d’un fait-divers car, ce qui est mis en avant, dans l’article du journal, c’est le côté sensationnel et pitoyable d’un vieil homme qui ne veut pas ouvrir sa porte aux journalistes enquêteurs. Cerche-t-on unbouc émissaire pour étouffer davantage "l'affaire Audin"?

C’est, du reste, par ce côté sensationnel, que reviennent sur les devants de la scène médiatique et éditoriale les figures des ultras de l’Algérie française.

Un livre d’entretiens avec l’ex-numéro 2 de l’"Organisation de l’armée secrète" (OAS) réalisé par le journaliste Bertrand Le Gendre sera publié ce mois aux éditions Les Arènes. Le journal "Libération" s’en est fait l’écho et a publié il y a quelques jours un extrait de ce livre d’entretiens dans lequel le sinistre personnage qui a écrit "L’histoire de l’OAS" (Ed. "La Table Ronde", 1964) raconte sans remords, la violence meurtrière de son organisation et dit l’assumer sans regrets. Et ce, à quelques jours du cinquantenaire de la mort de l’écrivain Mouloud Feraoun assassiné le 15 mars 1962 à Ben Aknoun, sur les hauteurs d’Alger dont Jean-Jacques Susini dit, dans un entretien accordé au magazine "Le point" en 2008, regretter, a posteriori, le meurtre commis de manière préméditée par son organisation terroriste.

En juin 2011, la décision du transfert des cendres du général Marcel Bigeard, décédé en juin 2010 à l'Hôtel des Invalides à Paris, où reposent les héros de l'armée française à l’initiative du ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a suscité une levée de boucliers en France et en Algérie eu égard au passé de Bigeard, tortionnaire en Algérie. A ce regain d’intérêt pour l’Histoire de la guerre d’Algérie revue et corrigée par les anciens ultras de l’Algérie français s’ajoute aussi la loi consacrant la journée du 11 novembre comme journée mémorielle "à tous les morts pour la France" qu’ils aient été victimes ou bourreaux.

Dans une lettre rendue publique (Lire lematindz.net du 2/3/2012) Jean-Philippe Ould Aoudia, président de l’Association les amis des Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons dénonce, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, la montée en puissance des ultras de l’Algérie française qui bénéficient de soutiens auprès des pouvoirs publics français: "D’anciens ultras imposent aux pouvoirs publics complaisants une écriture et une mémoire partisanes de la guerre d’Algérie. Sous leur pression, un ancien ministre et un secrétaire d’État en exercice n’ont pas hésité, en deux circonstances récentes, à porter atteinte aux libertés de réunion et d’expression."

A l’approche du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, la "guerre des mémoires" fait rage dans l’hexagone. Tandis que les bourreaux de l’Armée française reviennent à la charge depuis les confessions d’Aussaresses dont le livre témoignage, le brûlot "Services spéciaux Algérie 1955-1957 : "Mon témoignage sur la torture " (Ed. "Perrin", 2001) a relancé le débat sur la torture en Algérie et provoqué, ainsi, plusieurs autres publications, de la moudjahida Ighil Ahriz à la journaliste du quotidien "Le Monde" Florence Beaugé qui a rencontré Aussaresses à Paris pour écrire "Algérie, une guerre sans gloire. Histoire dune enquête" (Ed. "Calman Levy", Paris, 2005 ; Ed. "Chihab", Alger, 2006)

R.M

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Commentaires (5) | Réagir ?

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moncef alaoui

Attention attentions !

Les Algériens parlent aux Algériens

La France a toujours un oeil ouvert sur nous.

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ali Foughali

N'ayez crainte Monsieur Aussaresses vous avez assuré la contunuité de votre combat en plaçant à la tête de l'Algérie pseudo indépdendante des hommes qui vous garantirons l'impunité totale pour vous et vos acolytes des Le Pen et j'en passe. Je reviens juste un istant sur l'idée machiavélique que vous avez eu avec vos potes de l'époque Massu et Cie pour déverser des camions d'essence à partir des hauteur de la Casbah pour y mettre le feu et bruler ainsi 70. 000 personnes (les quelques "terroristes " compris. Cette idée maccabre n'est pas loin du comportement crapuleux des Maréchaux qui ont été à 'origine des enfumades de la Dahra. Profitez tant que nous avons des illégitimes au pouvoir Il vaudrait mieux pour vous de mourir avant d'être jugé par des Irgazen (en berbère cela veut dire des hommes)

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