Le tabouret de Clinton et le fauteuil de Bouteflika

La secrétaire d'Etat américaine au coté du Président de la république, Abdelaziz Bouteflika
La secrétaire d'Etat américaine au coté du Président de la république, Abdelaziz Bouteflika

Lors de sa visite de travail éclair à Alger, samedi 25 février, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a illustré sa conception de la démocratie moderne par le tabouret à l'heure où les Révolutions arabes font déchoir les trônes et les fauteuils...

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a achevé samedi soir sa visite de travail de quelques heures à Alger par un dîner au Palais du Peuple offert par le président Abdelaziz Bouteflika qu'elle avait auparavant rencontré en tête à tête au siège de la présidence de la République. Si aucune information n’a filtré de ce tête à tête, en revanche, en l’espace de sa visite éclair en provenance de Tunisie où elle a rencontré le président Moncef Merzouki et s’apprêtant à rejoindre le Maroc, Hillary Clinton, qui a écrit en 1996 un ouvrage "Il faut tout un village pour élever un enfant" a fait de son passage éclair en Algérie, un moment de pédagogie politique en quatre leçons.

Le premier cours est l’objectif même de sa visite :"Je suis ici pour discuter du renforcement de la coopération bilatérale et échanger les idées sur le événements qui se déroulent actuellement dans la région (…) les Etats-Unis appréciaient les réflexions et les opinions de l'Algérie sur les différents événements dans la région". Une manière bien américaine d’inscrire un fait, une idée, une stratégie dans un contexte global, une géopolitique sans cesse remise à l’heure d’un autre Maghreb qui sort de son infantilisme à l’heure de la Révolution du Jasmin et qui ne peut dès lors, vivre au rythme des mandats présidentiels à 99% ni aduler des "guides de la Révolution".

La deuxième leçon plus pratique et imagée a été de comparer la société moderne à trois piliers d'un tabouret. En pédagogue avertie, quitte à déplaire au chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, la Secrétaire d'Etat a décrit la société démocratique moderne " Nous sommes au 21ème siècle et je conçois la société comme un tabouret à trois pieds ou trois piliers". L'un, dit-elle "doit être un gouvernement responsable, efficace qui rend des comptes à son peuple". L'autre est le secteur privé et sa capacité à créer de l'emploi et l'autre enfin, la société civile "qui oeuvre pour améliorer les vies" de la population. L’image du tabouret, tournant, qui prend pas de place, polyvalent, souvent sans dossier, conçu pour différents métiers et activités, est une image à rebours du "trône", du "fauteuil", le "koursi" scellé et indémontable qui frappe les imaginations et impose crainte et idolâtrie.

Cette parabole du pouvoir n’est sans doute pas faite pour plaire à Abdelaziz Bouteflika d’autant que, pivotant sur lui-même, il faut de la sveltesse et un sens aigu de l’espace. Par ce terme qu’elle n’a pas choisi au hasard, la secrétaire d’Etat a pesé son propos pour définir ce qu’est une "démocratie moderne" qui met en synergie trois acteurs actifs : responsabilité et efficacité d’un gouvernement au service qui rend compte au lieu de demander des comptes, le dynamisme d’un secteur privé créateur d’emploi et non plus rentier et prédateur et, enfin, une société civile exigeante et performante. La troisième leçon, celle-ci inscrite dans l’actualité politique algérienne, porte sur la tenue des législatives du 10 mai prochain et l’urgence de la lutte antiterroriste.

Le troisième cours magistral est lié à l'actualité des législatives algériennes du 10 mai prochain. Lors d’un point de presse organisé avec son homologue algérien, Mourad Medelci et à une question sur le financement des partis islamistes par les Etats-Unis - cela fait des années que le gouvernement américain est régulièrement accusé de vouloir favoriser l’émergence de pouvoirs islamistes "soft" en lieu et place de régimes dictatoriaux -, Mme Clinton a démenti de telles allégations qui ont été persistantes sur l’aide américaine qu’aurait bénéficiée le parti de Rached Ghannouchi, Ennahdha, dans sa victoire à la Constituante: "Non. Nous ne finançons de partis politiques nulle part, a-t-elle dit. Ce que nous faisons, c'est oeuvrer avec tous les partis politiques sur la manière de s'organiser pour les élections, les mener et faire en sorte qu'elles soient libres et équitables." Elle n’a cependant pas écarté l’hypothèse que s’il y a demande dans ce sens "nous ferons appel à un groupe d’experts." Il y a quelques jours, Daho Ould Kablia a réagi aux pratiques de financements occultes auxquelles auraient recours des partis pour leur campagne électorale. D’Oran, le chef de l’Etat a mis en avant les moyens mis par l’administration, les commis de l’Etat pour assurer le déroulement technique du scrutin. Sur ce point précis, Hillary Clinton s’est dit "non confiante" à telle ou telle victoire des urnes et même des "Révolutions"; l’essentiel à ses yeux, est l’efficacité de ces trois piliers d’une démocratie moderne.

La quatrième et dernière démonstration hopothèque la fierté du passé de la Révolution armée de l'Algérie à son demi-siècle de démocratie à venir. Alors que le Président de la République, qui, ces derniers jours a multiplié les commémorations sans pour autant les projeter sur le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, Hillary Clinton n’a pas manqué d’inscrire son propos dans cette date historique opposant deux demi-siècles : celui de la commémoration et celui prospectif de l’avenir de la jeunesse algérienne: "L’Algérie, qui fête ses 50 années d’indépendance, doit occuper la place qui lui sied pour les 50 années à venir, avec un programme de développement en faveur de la société. Pour les 50 prochaines années, l'Algérie a besoin d'assumer sa juste place en tant que nation parmi les nations où la prospérité, la paix et la sécurité existent pour la population".

Abordant dans ce contexte, la lutte antiterroriste dans le Sahel notamment, l’objectif du chef de la diplomatie américaine est d’aboutir à une coopération maghrébine plus étroite : "Tant le Maroc que l'Algérie sont pour nous de très bons partenaires dans le contre-terrorisme".

Les États Unis et l’Algérie ont renforcé ces dernières années leurs relations en matière de lutte contre le terrorisme. La lutte contre le terrorisme constitue un des pivots du partenariat entre l’Algérie et les États-Unis qui ont, à maintes reprises, salué les efforts déployés par l’Algérie, perçue par la partie américaine comme un partenaire incontournable dans la lutte contre ce fléau, notamment dans la région du Sahel. Mais sur le plan politique, les liens sont restés distants. En 2009, Barack Obama n’avait même pas félicité le président Abdelaziz Bouteflika pour sa réélection à un troisième mandat. En revanche, depuis le Printemps arabe, Washington suit de très près l’évolution de la situation en Algérie.

Hillary Clinton, dont c’est la première visite en Algérie, a été reçue par Abdelaziz Bouteflika pour un dîner. Aucune information n’a filtré sur le contenu des entretiens, même si, inévitablement, ils devaient porter sur l’évolution de la situation dans le monde arabe et notamment la Conférence internationale sur la Syrie, a laquelle elle vient de participer à Tunis, la consolidation de la relation bilatérale multiforme qui lie les deux pays et sur d’autres questions de l’actualité régionale internationale, la relance de l’intégration régionale au Maghreb, la situation sécuritaire au Sahel et la lutte internationale contre le terrorisme et ses connexions transnationales.

R. M.

Plus d'articles de : Actualité

Commentaires (42) | Réagir ?

avatar
rabah Benali

Bonjour

Effectivement Mr Notproud, c’est juste des hurlements qui sortent quotidienement du fond de nos tripes que nous lançons sur le présent forum dans l’espoire de dénoncer le ridicule et l’absurde érigés en culture dans le pays de Abdeka and Co. Culture de la stupidité maximale enveloppée de pratiques religieuses dépravées d’un autre age.

Malheureusement, nombreux sont encore ceux formatés au logiciel arabo-islamo-bahthiste version soft Algérie - école Ben Berla - Boumboum and CO qui persistent à qualifier nos cris d’«insultes et de surenchères bidons» refusant de repositionner leurs yeux en face des trous pour voir les choses en face et les appeler par leurs noms.

Libre à eux de continuer à croire que la «mécanique de l’époque du satélite et de l’internet» peut fonctionner selon un codex vieux de 14 siècles.

Plus profond est le sommeil et plus brutal sera le réveil !

Rabah Benali

avatar
Notproud

Vous êtes exacerbés et par conséquent vous vous permettez de qualifier certains commentaires de surenchères bidons et insultants mais de quel droit Monsieur ! en plus vous êtes le dernier à surenchérir ! Personnellement je trouve que les modérateurs de Matin. dz font très bien leur boulot. C’est une prise de conscience qu’on veut c’est tout !

visualisation: 2 / 28